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ANNEXE IV : AUDITIONS DU GROUPE D'INFORMATION

Groupe Tibet (au Sénat)

Audition de Sa Sainteté le Dalaï Lama
Mardi 26 septembre 2000

M. Claude Huriet, sénateur de Meurthe-et-Moselle, Président du groupe sénatorial d'information sur le Tibet :

Votre Sainteté, mes chers collègues, mes chers amis, Mesdames, Messieurs. Au nom de mes collègues, présidents et membres des groupes d'études sur le Tibet, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, je souhaite vous dire le plaisir et l'honneur que nous ressentons à vous accueillir une nouvelle fois au Sénat.

Nous sommes plus de 250 parlementaires, à l'Assemblée nationale et au Sénat, à nous être engagés, souvent de longue date, en faveur du soutien au peuple tibétain et à Votre Sainteté. Cet engagement ne s'est jamais démenti.

Je suis également heureux de vous accueillir au nom du Président du Sénat, M. Christian Poncelet, qui m'a chargé de vous remettre ce message dont je vais, avec votre autorisation, vous donner lecture.

« Absent de Paris du fait d'engagements contractés de longue date, je ne suis pas en mesure de vous accueillir personnellement au Palais du Luxembourg, comme j'avais été heureux et honoré de le faire le 9 décembre 1998, lors des commémorations, au Sénat, du cinquantième anniversaire de la Déclaration des droits de l'Homme.

J'ai donc demandé à mes collègues et amis, le Président et le Président délégué du groupe d'information sur le Tibet, M. Claude Huriet, sénateur de Meurthe-et-Moselle, questeur du Sénat, et M. Louis de Broissia, sénateur de la Côte d'Or, de vous souhaiter, au nom de tous les membres du groupe, de tous les amis du Tibet au Sénat et de l'ensemble de nos collègues sénateurs, comme en mon nom personnel, la très cordiale bienvenue au Sénat. Notre assemblée parlementaire est la maison de la démocratie et de la liberté ; elle s'honore donc d'y recevoir le défenseur des droits de l'Homme que vous êtes.

Mes collègues vous diront que je soutiens votre engagement courageux en faveur des libertés fondamentales, notamment de la liberté religieuse, et des droits du peuple tibétain au respect de son identité et de ses traditions. Vous pouvez être assuré de trouver au Sénat, comme parmi la majorité des Français, l'attention, la sympathie et même l'appui nécessaires, pour contribuer à vous soutenir dans votre démarche de paix.
»

Votre Sainteté, vous êtes devant le Parlement français, répondant à son invitation, pour la quatrième fois depuis 1990. Les parlementaires qui vous accueillent sont à vos côtés et aux côtés du peuple tibétain. Ils l'ont manifesté, en 1996, en lançant l'Appel des parlementaires français pour le Tibet qui avait recueilli, à l'époque, plus de 340 signataires. Nous avons, voici quelques mois, lancé une nouvelle démarche à laquelle nos collègues répondent très nombreux, le Manifeste 2000 des parlementaires français pour le Tibet.

Je voulais, au nom de tous, vous exprimer nos sentiments d'admiration, notre respect, mais aussi notre amitié fraternelle. Vous incarnez en effet, Votre Sainteté, à nos yeux, les trois vertus nécessaires à l'équilibre de notre monde : la non-violence, l'esprit de paix et la volonté de dialogue ; la simplicité et la sagesse. Nous sommes sensibles à cette image que vous incarnez, l'entente, la volonté de dialogue et de paix. J'en vois un signe tout à fait évident dans le fait que les différentes démarches que j'ai évoquées tout à l'heure ont recueilli les signatures de nombreux parlementaires, et de parlementaires de toute sensibilité politique. C'est donc autour de votre personne et du peuple tibétain que cette entente entre les différentes composantes de la vie démocratique française a pu se manifester. C'est un exemple - hélas ! - trop rare pour ne pas être souligné. Le témoignage de simplicité que vous nous apportez devrait inspirer mon propos qui n'est pas, vous le sentez bien, un discours d'accueil, mais un propos très libre, très chaleureux et très sincère. Quant à la sagesse que vous incarnez au degré suprême, vous allez nous en apporter une nouvelle preuve à travers vos réponses à la question essentielle dont nous allons débattre cet après-midi : pourquoi aider le Tibet ? (Applaudissements)

M. Richard Cazenave, député de l'Isère, Président du groupe d'études parlementaire sur les problèmes du Tibet :

Votre Sainteté, mes chers collègues, Mesdames et Messieurs, je voudrais, après Claude Huriet, vous dire quel bonheur est le nôtre de vous accueillir ici, au Sénat, mais au nom des deux assemblées. Et de le faire pour la première fois en tant que Président du groupe Tibet puisque les autres fois où j'ai eu le plaisir de vous rencontrer, c'est Louis de Broissia, qui continue, ici, d'être le fervent animateur de nos groupes communs, qui le présidait à cette époque. C'est vous dire que nous avons là, à l'Assemblée nationale et au Sénat, des parlementaires qui, de longue date et très nombreux - puisque, mes collègues pourraient en témoigner, nous sommes le groupe d'études le plus important de l'Assemblée nationale -, se sont engagés et sont décidés à poursuivre, à vos côtés, la longue marche vers la liberté au Tibet, vers le respect de l'identité culturelle, vers les objectifs politiques que vous vous êtes assignés, et que nous partageons.

Nous avons, ces derniers mois, multiplié les initiatives. Nous avons rencontré quelques succès - Louis de Broissia pourra en parler -, nous avons aussi rencontré des échecs et des questions fondamentales sur l'attitude qui devrait être celle de notre pays face à la Chine. Des questions nombreuses sur le « dialogue critique » et ses résultats - que nous ne manquons pas d'ailleurs de poser régulièrement parce que chaque semaine un ou plusieurs députés interpellent les autorités et l'exécutif de notre pays sur ces questions -. Bref, nous sommes portons des succès, des échecs, des interrogations. Peut-être la réponse est-elle dans le livre de M. Claude Arpi qui a écrit un livre magnifique « Tibet, le pays sacrifié » et qui nous rappelle la phrase de Malraux disant « le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Nous voulons voir là un point de rencontre avec un thème fort de votre présence ces deux semaines en France, qui est celui de l'éthique, et d'une éthique pour le nouveau millénaire. C'est dire si, au delà du combat pour le Tibet, nous avons le sentiment, en réalité, de mener un combat pour les droits de l'homme. Face à ce nouveau millénaire, devant ce monde de globalisation, de mondialisation, qui s'ouvre à nous peu-être que, plus largement, la réponse positive aux attentes du Tibet constitue la voie à suivre pour que ce millénaire soit celui des hommes et non celui des machines, celui du respect des identités, celui de la paix. (Applaudissements)

M. Louis de Broissia, sénateur de la Côte d'Or, Président délégué du groupe sénatorial d'information sur le Tibet :

Messieurs les Présidents, Votre Sainteté, pourquoi aider le Tibet, dans un contexte de mondialisation, à la veille d'un nouveau millénaire ? Lorsque, avec Jean-Michel Belorgey, en 1989, à l'Assemblée nationale, nous nous posions la question, le contexte était différent. La Chine était différente ; le Tibet existait encore. Nous sommes d'abord heureux, Votre Sainteté, d'avoir contribué à l'éveil des parlements du monde, puisque les Suédois, les Allemands, le Parlement européen, le Congrès américain, etc., ont suivi l'exemple français. Aujourd'hui les 160 signataires des deux assemblées du Manifeste 2000 pour le Tibet, montrent l'exemple et traduisent la sensibilité de nos électeurs, du peuple français.

Les questions que nous pourrions nous poser à propos du Tibet, car elles se bousculent dans notre tête, seraient dès lors : le Tibet vis-à-vis de la Chine d'aujourd'hui, vis-à-vis de l'Inde d'aujourd'hui, vis-à-vis du monde d'aujourd'hui pose-t-il un problème simplement géostratégique, environnemental - car il est le berceau des grands fleuves d'Asie -, ou est-ce simplement une situation classique de perte d'autonomie d'un peuple vis-à-vis de sa langue, de sa culture, de sa religion ? Pourquoi faut-il aider le Tibet ? Je le dis au passage, - le Président de Villepin le sait, et je lui rends un hommage particulier - le groupe sénatorial est un groupe qui est favorable à la cause tibétaine et qui n'est hostile à aucun peuple. Nous souhaitons simplement dire la vérité, constamment et inlassablement parce que, nous avons, nous, encore le pouvoir de le faire.

Nous avons subi, comme le disait Richard Cazenave, un succès - les parlements du monde se sont mobilisés, la Banque mondiale n'a pas donné suite à un projet concernant les hauts plateaux tibétains -. Nous connaissons un échec : les parlementaires, parrains du XIème Panchen-Lama, ne l'ont pas revu depuis 5 ans, ni lui, ni ses parents, malgré nos démarches à l'Ambassade de Chine.

Aujourd'hui, Votre Sainteté, la question est simple. Les médias, - très présents ici et que je salue - rendent compte fidèlement, en France, depuis quelques semaines, depuis quelques mois, depuis quelques années, de la situation du Tibet. Beaucoup de pages vous sont consacrées ainsi qu'à votre engagement, à votre peuple. Mais est-il encore temps d'aider le Tibet ? (Applaudissements)

M. Claude Huriet :

Votre Sainteté, vous venez d'être interpellé - amicalement, vous le savez bien - afin que vous apportiez des éléments de réponse à cette question qui nous hante. Non pas tant, faut-il aider le Tibet ? - car nous ne serions pas là si nous n'en n'avions pas la volonté -. Mais, davantage, comment pouvoir poursuivre nos efforts, tout en conservant l'espoir que ces efforts atteindront finalement, un jour, leur objectif ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama : (Traduction)

Aujourd'hui, j'ai la grande joie de rencontrer, mes amis, membres de l'Assemblée nationale et du Sénat, et je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de discuter avec vous. Cela fait de nombreuses années que nous nous connaissons, maintenant. Aujourd'hui, il s'agit donc d'une sorte de réunion entre vieux amis. C'est la sensation chaleureuse que j'ai eue en revenant ici. Vous exprimez la chaleur humaine, des sentiments qui viennent vraiment de votre coeur, et, ce, avec force. Et cela me réjouit grandement. Car, s'il y a une chose dont je suis vraiment convaincu, c'est que la tendresse, l'affection, l'altruisme entre les êtres humains, sous la forme d'interdépendance, est quelque chose d'essentiel. Si l'on abandonnait cette notion de tendresse, il n'y aurait plus moyen de concilier des points de vue différents. C'est par le respect, la tendresse mutuelle qui est inhérente à l'être humain, que l'on peut résoudre ces questions. En l'absence de tendresse, la moindre différence finit par creuser un fossé infranchissable qui nous sépare. Lorsque, souvent, je donne des conférences publiques, j'essaie de mettre en valeur la nécessité de promouvoir les valeurs humaines. En ce qui vous concerne, je ressens ce sentiment d'intimité et d'affection mutuelle et je crois qu'il n'est pas nécessaire de promouvoir plus avant les valeurs humaines. Vous les détenez. J'en suis très heureux et voudrais vous remercier à nouveau.

En ce qui concerne le problème du Tibet, je dis toujours que c'est une cause qui est fondée sur la justice. Ainsi, lorsqu'on parle de la cause du Tibet, faut-il en parler de façon authentique, véridique. Ce n'est pas la peine d'exagérer, ce n'est pas la peine de faire de la désinformation - il n'y a rien à cacher non plus -. La force de la vérité suffit simplement pour s'intéresser à la cause du Tibet.

Dans un monde où se développent les connaissances, la science, l'intérêt pour la religion et la politique, lorsque la situation au Tibet est connue, naît d'ailleurs naturellement une certaine sympathie, un désir d'aider. Je ne cherche pas que les gens qui manifestent ce soutien, cette sympathie, prennent partie pour le Tibet ou contre quelqu'un d'autre. Ce qu'il faut c'est prendre partie pour la vérité, pour la justice. Ce n'est pas pour le Tibet en lui même qu'il faut prendre partie. Je crois à cet égard que les médias ne devraient pas se contenter de parler uniquement des événements spéciaux ou dramatiques qui s'y passent, mais plutôt rendre compte de la situation telle qu'elle perdure au Tibet. Encore une fois, la nécessité de maintenir une information sur le Tibet doit être basée sur la situation telle qu'elle est véritablement, sur la réalité. Pour ma part, je me sens encouragé lorsque je sais que cette justice et cette vérité sont reconnues et que c'est sur cette base que l'on m'offre du soutien. Cela renforce mon courage.

Les membres du Sénat et de l'Assemblée nationale que vous êtes avez été élus par le peuple. Donc, en fait, vous représentez les sentiments d'un très grand nombre d'êtres humains, de citoyens français. Et à travers vous, c'est aussi à eux que je m'adresse.

En ce qui concerne la raison pour laquelle nous devons nous intéresser au Tibet, il s'agit d'une question très importante. Pour moi, le premier point, c'est que l'on doit s'y intéresser simplement au motif de la justice et de la vérité. Cela devient donc une question de morale, d'éthique. Lorsque l'on parle de la société humaine, la vérité, la justice doivent être en toute occasion soutenues. Parfois, il arrive que, sous la force des événements ou de la contrainte, la vérité puisse se perdre et le mensonge prédominer. Mais, ce n'est pas la situation d'une communauté dans son ensemble. Si le mensonge triomphe à la suite de l'activité d'un certain nombre d'individus, je pense que c'est une grande perte et un problème pour la terre tout entière.

Au Tibet, il y a en outre un grand problème concernant l'environnement. Il serait en conséquence éminemment souhaitable que des experts puissent étudier et comprendre qu'il existe dans ce pays, situé en très haute altitude, un équilibre naturel très délicat, très fragile, qu'il est primordial de préserver. Si l'on détruit cet équilibre délicat des hauts plateaux du Tibet, je crois qu'il y aura des répercussions dramatiques dans tous les pays environnants : des changements climatiques et des catastrophes naturelles liées à ces changements climatiques. Voilà une autre raison pour laquelle la question du Tibet est importante.

Le Tibet se trouve également entre les deux nations les plus peuplées du monde que sont l'Inde et la Chine avec lesquelles il entretient des liens depuis longtemps. S'agissant de ces liens, l'idéal, bien sûr, serait qu'il y ait des relations harmonieuses de confiance mutuelle avec l'Inde et la Chine. Cela ne concerne pas seulement ces trois pays, mais tous les pays alentours. Si ces deux grands pays sont en paix, c'est un facteur capital pour la paix mondiale. La situation actuelle au Tibet fait au contraire qu'un très grand de troupes chinoises se trouvent en face d'un autre grand nombre de troupes indiennes, et c'est là un facteur d'instabilité.

Une autre raison d'aider le Tibet, c'est que la culture bouddhique tibétaine est extrêmement ancienne. Or, au regard de l'évolution actuelle de la planète, je crois que la culture tibétaine peut apporter des bienfaits à l'ensemble du monde, et en particulier à la Chine car la tradition bouddhique n'y est pas étrangère. Aujourd'hui, d'ailleurs, en Chine, il y a beaucoup de gens qui s'intéressent au bouddhisme de manière générale, et plus particulièrement au bouddhisme tibétain. De ce fait, si le bouddhisme tibétain et la culture qui lui est associée peuvent être préservées au Tibet, cela ne constitue pas seulement un bienfait pour 6 millions de Tibétains mais pour tous les peuples du monde et en particulier pour le peuple chinois. Si l'on regarde l'intérêt mondial, je crois vraiment que la culture et la philosophie bouddhistes contribuent, à leur niveau, aux bienfaits dans le monde. Cela m'apparaît clairement et cela a aussi à voir avec la question des droits de l'homme.

Donc, sous tous ses aspects, bien que le Tibet soit un pays isolé, lointain, élevé, avec une faible population, sa situation engendre des répercussions qui touchent à beaucoup d'autres aspects dans le monde. Est-ce que cette réponse satisfait à vos questions ? (Applaudissements)

M. Claude Huriet :

Merci beaucoup Votre Sainteté pour les éléments de réponse que vous nous avez apportés. Je vais demander maintenant à mes collègues si ils ont quelques questions concises, précises, à vous poser. J'insiste sur cette exigence car votre temps est compté. Vous êtes très sollicité en France, comme partout où vous allez, et vous avez un rendez-vous important avec M. le Président de l'Assemblée nationale. Vous pensez bien, Mesdames, Messieurs, que dans le climat actuel il n'est pas question que le Sénat apparaisse comme ayant retardé Sa Sainteté le Dalaï-Lama pour sa rencontre avec le Président de l'Assemblée nationale. Nous tenons trop à avoir des relations de qualité entre les deux assemblées. Ensuite, pour un temps sans doute limité, les journalistes auront également la possibilité, si mes collègues en sont d'accord, de vous interroger.

M. Xavier de Villepin, sénateur représentant les Français établis hors de France :

Votre Sainteté, je voudrais vous poser une question sur les équilibres démographiques au Tibet. Avez-vous l'impression que la Chine veuille changer ces équilibres et qu'elle cherche à diminuer le poids des Tibétains pour les remplacer par des Chinois ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

Au regard des quarante dernières années, si l'on considère les grandes villes tibétaines, il y a maintenant moins de Tibétains que de Chinois. Les Tibétains sont donc minoritaires dans les villes. Pour le reste, il existe par exemple un programme de développement des régions occidentales de la Chine. Il est important, bien sûr, d'apporter un progrès matériel à ces régions qui sont nettement moins développées que d'autres - il y a de bonnes raisons à vouloir le faire et, en tant que Tibétain, je ne peux que m'en réjouir -. Cependant, sur la base de notre expérience, nous constatons que les progrès qui ont été réalisés jusqu'à maintenant au Tibet n'ont pas permis de promouvoir l'éducation tibétaine, ni que les Tibétains reçoivent plus d'informations. Sur cinquante ans, il y a en effet eu très peu d'efforts faits en matière d'éducation et de formation professionnelle pour les Tibétains. Si l'on prend la ville de Lhassa, on constate un progrès en terme de richesses, mais tout vient de Chine et des commerçants chinois. Ainsi, au regard de cette expérience, le développement de l'Ouest de la Chine aurait pour résultat un nouveau transfert de population, une colonisation et un apport de colons chinois considérables. Dans certaines régions de l'Est du Tibet, dans la région du Kham, les Chinois parlent de développement mais construisent des villes complètement neuves dans lesquelles il y a très peu de Tibétains. C'est une situation qui draine de plus en plus de Chinois et, que ce soit intentionnellement ou non, le résultat en est qu'une sorte de génocide culturel se perpétue au Tibet. De surcroît, du point de vue de l'environnement et de l'écologie, il faut faire extrêmement attention à cette idée de développer l'Ouest de la Chine. Le risque est de détruire totalement l'équilibre écologique très fragile du Tibet et d'y provoquer des catastrophes.

M. Jean-Pierre Plancade, sénateur de Haute-Garonne :

Je voudrais poser à Sa Sainteté une question relative à l'attitude des États à l'égard de la Chine, attitude qui est plus souvent déterminée par l'intérêt économique que par le sens des droits de l'homme. C'est la raison pour laquelle je souhaiterais avoir votre avis sur ce comportement, notamment s'agissant de ce que l'on peut considérer comme ce droit universel que sont les droits de l'homme.

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

La Chine est un immense pays et, bien sûr, il est nécessaire de se relier à la Chine avec sagesse, de faire preuve de discernement. Il est essentiel que la Chine fasse partie de la communauté mondiale. On ne doit pas isoler la Chine. Si la Chine s'intègre à la communauté mondiale, c'est dans l'intérêt du monde entier. Or, l'intégration de la Chine dans le courant mondial se fait principalement par le biais de l'économie. Donc ces liens économiques sont nécessaires. Pourtant ce que je dis souvent à mes amis c'est que, certes il faut que ce développement économique prenne place, mais en même temps il ne faut pas négliger le problème des droits de l'homme, le problème de l'environnement et, dans le cas du Tibet, la liberté de pratiquer le bouddhisme et la nécessité de protéger la culture tibétaine. D'ailleurs, dans la constitution chinoise, les droits à l'égard de cette liberté religieuse sont théoriquement garantis. Il faudrait que tout cela soit mis en pratique dans la réalité. Il est nécessaire que les gouvernements soient fermes et clairs sur ces questions. C'est, du point de vue de ma sagesse qui est toute petite, mon idée. Mais, vous qui avez une grande sagesse, qu'avez-vous à me conseiller ? (Sourires)

M. Claude Huriet :

Qui veut répondre ? (Sourires)

M. Robert Del Picchia, sénateur représentant les Français établis hors de France :

Votre Sainteté, je n'ai pas beaucoup de sagesse, et certainement encore moins que vous, mais je voudrais aller dans le sens de mon collègue et vous poser une question sur la Chine. Vous avez des amitiés et du support un peu partout dans le monde. En voilà une preuve, ici. Est-ce qu'en Chine même, vous avez des supports, un lobby ? Est-il exclu d'envisager qu'à l'avenir il y ait un mouvement, en Chine même, en faveur de vous même et du Tibet ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

Il y a eu, à l'intérieur de la Chine, depuis une quinzaine d'années, de très grands changements. Aujourd'hui, on ne peut plus arrêter les connaissances ni l'information en Chine. Grâce à cela, la réalité concernant la situation au Tibet devient mieux connue à l'intérieur même de la Chine. Chez les intellectuels, les professeurs, les artistes, les étudiants, on voit ainsi naître un intérêt croissant à l'égard des problèmes du Tibet. Nombre de Chinois observent que le Tibet recherche ce sentiment de liberté démocratique et reconnaissent qu'il a beaucoup souffert pour cela. De la même façon, ils commencent à comprendre que le Tibet possède une culture et une tradition uniques et à apprécier la valeur de cette culture. Je crois que, si une telle attitude se maintient à long terme, cela constituera une très bonne nouvelle. Cela étant, il est difficile de faire du lobbying en Chine. Ici, nous connaissons la liberté, mais si nous nous essayions à faire du lobbying en Chine ce serait beaucoup plus risqué.

M. Pierre-Yvon Trémel, sénateur des Côtes d'Armor :

Votre Sainteté, depuis quelques années est apparue une notion assez nouvelle en matière de relations internationales, celle du droit d'intervention humanitaire, du droit d'ingérence. L'adoption de cette notion amène les organisations internationales à intervenir dans certains pays - nous les connaissons -, mais pas dans d'autres où, pourtant, on constate des exactions qui sont tout à fait avérées. J'aimerais savoir comment vous analysez cette différence de comportement ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

Il y a quinze ou vingt ans, je constatais déjà que les gens étaient très émus par les violations des droits de l'homme en Union soviétique, mais beaucoup moins en Chine. Il semblait qu'il y avait, en quelque sorte, deux poids deux mesures s'agissant de différents êtres humains. Je pense qu'en matière de droits de l'homme, on ne peut pas faire de différence entre les êtres humains, on ne peut pas faire de différence entre les religions, entre les gens qui ont plus ou moins de connaissances, entre ceux qui sont riches ou pauvres. Les droits de l'homme sont les mêmes pour tout le monde. En ce qui concerne les interventions dans les affaires intérieures d'un pays, je souligne parfois que lorsqu'il y a des inondations, des tremblements de terre, et que l'on vient apporter une aide, on ne dit pas qu'il s'agit d'une ingérence dans les affaires intérieures. Lorsqu'il y a des difficultés, des souffrances, des tragédies, il n'y a plus de frontières nationales. La priorité, c'est de soulager ces souffrances et ces tragédies. De la même façon, la violation des droits de l'homme cause de grandes souffrances aux êtres. Et ce n'est pas comme les catastrophes naturelles pour lesquelles l'homme n'a aucune responsabilité. Les violations des droits de l'homme, la discrimination raciale ou autre, sont des catastrophes, des souffrances qui sont produites par les êtres humains. Les mêmes êtres humains peuvent donc les résoudre et il faut s'appliquer à le faire. Lorsqu'on a un véritable ami, il faut savoir lui révéler ses défauts. C'est une très bonne chose. C'est une preuve d'amitié. Si notre ami fait des choses inconvenantes et qu'on lui dit que c'est parfait, on n'est pas vraiment sympathique à l'égard de cet ami.

M. Claude Huriet :

Belle leçon que chacun pourrait méditer.

M. Hubert Durand-Chastel, sénateur représentant les Français établis hors de France :

Votre Sainteté, il y a eu récemment à New York une grande réunion de leaders religieux, pour la paix. Vous n'y étiez pas invité et vous n'avez pas pu y participer. C'est extrêmement regrettable car le moyen d'influer sur la Chine, c'est précisément de le faire d'une manière internationale. N'y aurait-il pas intérêt à provoquer d'autres réunions similaires, dans d'autres villes, dans lesquelles vous pourriez vous exprimer pour peser un peu sur l'opinion actuelle de la Chine ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

Tout d'abord, parmi un millier de représentants de toutes les religions, qu'il y en ait un de plus ou de moins, cela ne change pas grand chose. Il aurait fallu demander l'opinion de tous ceux qui se sont réunis dans cette rencontre du Millénaire. Cela étant, une telle réunion de représentants religieux pour la paix dans le monde devrait être renouvelée. Il ne suffit pas qu'il y ait un événement auquel on accorde beaucoup de publicité si, après, il n'y a pas de suite. En 1986, à Assise, il y avait eu une telle réunion autour d'un très grand nombre de religions présentes dans le monde. J'ai dit à Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II que c'était une excellente initiative, mais ce serait une très bonne chose de la renouveler. C'est mon idée.

M. Christian Kert, député des Bouches-du-Rhône :

Votre Sainteté, tout à l'heure vous avez fait référence à l'évolution des mentalités de certains Chinois. Est-ce que cette évolution vous paraît conduire les autorités chinoises à revoir leur position sur le projet d'un statut pour le Tibet ? Et, je suppose respectueusement, Votre Sainteté, que, comme Martin Luther King vous faites des rêves. Est-ce que vous pourriez nous dire quel est le statut dont vous rêvez pour le Tibet ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

On constate de très grands changements en Chine si l'on compare la Chine d'aujourd'hui avec celle d'il y a vingt ou trente ans. Ces changements doivent se poursuivre et personne, à mon avis, ne pourra s'y opposer. Pour leur part, les difficultés du Tibet ne sont pas nées d'une guerre civile ou issus de catastrophes naturelles ; je dis parfois, en plaisantant à moitié, qu'elles proviennent d'invités qui n'ont pas reçu une invitation en règle, et qui sont arrivés avec des armes pour dire aux Tibétains comment ils devaient marcher, comment ils devaient dormir, comment ils devaient manger, tout ce qu'ils devaient faire. En conséquence, je crois qu'il existe une étroite relation entre une amélioration au Tibet et tout changement qui surviendrait en Chine. Les changements en Chine ne peuvent donc qu'apporter des bienfaits au Tibet. Si l'on parle de la Chine elle même, en dépit du fait que ce soit une très grande et puissante nation, elle fait partie du monde. La République populaire de Chine doit donc avancer en harmonie avec le reste du monde. Elle doit s'adapter à la façon dont évolue le monde entier. Elle ne peut pas suivre un chemin complètement différent. C'est pourquoi, à longue échéance, j'ai un grand espoir.

Quant à mon rêve personnel, c'est d'atteindre à l'état de Bouddha. A un autre niveau, un de mes rêves est celui d'un monde totalement désarmé, un monde où il y aurait plus de compassion dans la société humaine. Pour le Tibet, enfin, je rêve d'une vraie liberté et, sur les bases de cette liberté, que soit préservée la culture bouddhique tibétaine tout en continuant de bénéficier du progrès matériel de la Chine. Trois rêves, cela fait vraiment trop... (Sourires)

M. Claude Huriet :

Je propose maintenant, dans les minutes qui nous restent, que les journalistes puissent poser quelques questions précises et concises. Je pense que Sa Sainteté voudra bien y répondre.

France 3 :

Jacques Chirac doit se rendre en Chine prochainement. Je voudrais savoir quel message vous aimeriez qu'il transmette aux dirigeants chinois à propos de la situation au Tibet. Plus généralement, je voudrais savoir si la position politique de la France à l'égard du Tibet vous semblait plutôt favorable, ou plutôt timide par rapport à ce qui s'y passe.

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

Le Président Chirac est quelqu'un qui connaît la situation au Tibet, qui a de la sympathie pour la cause du Tibet et je sais qu'il a exprimé cette sympathie et parlé de la cause du Tibet lorsqu'il est allé en Chine. J'ai la conviction qu'il soulèvera cette question à nouveau lors de sa prochaine visite. Mais à quel point pourra-t-il le faire et agir ? A quel point le Gouvernement français peut agir ? Je crois que cela dépend de beaucoup de causes et de circonstances. Ce qui est important, c'est que beaucoup de gens manifestent de la sympathie pour le Tibet. Donc, je crois que les gouvernements doivent continuer à montrer qu'ils sont concernés par le sort du Tibet, et montrer également que cela apportera des bienfaits à la Chine elle même de résoudre ce problème. Ce serait un bienfait mutuel ; il me semble que ce serait très important de faire comprendre cela aux Chinois.

Radio France Internationale (section chinoise) :

Le Gouvernement chinois vous accuse souvent de séparatisme. Quelle est votre conception exacte de l'avenir du Tibet ? Envisagez-vous l'indépendance ou une cohabitation avec la Chine ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

C'est bien connu : ma position est extrêmement claire. Je ne demande pas l'indépendance. Je demande une véritable autonomie.

Agence France Presse :

Lors de votre dernier passage à Paris, il avait été révélé qu'il y avait des contacts indirects entre votre communauté et les dirigeants chinois via un homme d'affaire tibétain établi à Hong-Kong. Est-ce que ces contacts ont débouché sur quelque chose récemment ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

A l'automne 1998, tous ces canaux de communication ont été fermés. Et ils ne sont plus opérants. Cependant, le Gouvernement chinois, comme il le dit, ne veut pas rompre complètement et pour toujours toute relation avec moi. De mon côté, le dialogue que je veux engager doit porter sur le sort des 6 millions de Tibétains et non sur ma situation personnelle. Il dépend entièrement du peuple tibétain que l'institution même des dalaï-lamas demeure ou non dans le futur. J'ai déclaré cela très clairement depuis 1969 déjà. En ce qui concerne mon propre avenir, le jour où nous retournerons au Tibet, avec un certain degré de liberté, j'abandonnerai tous mes pouvoirs légitimes ainsi que mon autorité au gouvernement tibétain local. Ce gouvernement local tibétain devra être un gouvernement élu démocratiquement. (Applaudissements)

Télévision finlandaise :

Votre Sainteté, quel effet a produit la fuite du Karmapa Lama parmi les Tibétains et, selon vous, sur les dirigeants chinois ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama :

Si l'on se place du point de vue des réfugiés, cela fait maintenant plus de quarante ans que nous sommes en Inde et que toutes les traditions spirituelles du Tibet, toutes les Écoles, essaient de préserver le Dharma sous tous ses aspects. Dans cette préservation de la culture bouddhique tibétaine, nous avons obtenu des résultats très satisfaisants, et tout ceci en terre d'exil. En ce qui concerne Karmapa Rinpoché, il s'agit d'un grand Lama du Tibet - de la tradition Karma Kamtsang (Kagyu)- et le fait qu'il ait pu s'échapper et rejoindre l'Inde est très bénéfique au regard de cet objectif de préserver la tradition du bouddhisme tibétain. Le Gouvernement chinois est très irrité par le fait que le Karmapa ait fui le Tibet. Deux ans auparavant, un Lama important de la région de l'Amdo, Agya Rinpoché, de même qu'un autre grand Lama du Nord est du Tibet, ont également fui. Cela eut pour conséquence que la répression et le contrôle à l'égard des autres Lamas restés au Tibet se sont considérablement aggravés. Maintenant ceux-ci connaissent de plus en plus de difficultés. Ces Lamas doivent donc réfléchir à leurs responsabilités lorsqu'ils veulent rester ou quitter le Tibet. Aujourd'hui la plupart des grands Lamas, la plupart des réincarnations, ont des gardes du corps. Mais est-ce pour les protéger ou pour les empêcher de partir ?

M. Vincent Milleret, Le Yak enchaîné :

J'aurai une question plus particulière à l'attention des sénateurs dans la perspective de la visite de M. Chirac en Chine. Est-ce que celui-ci ne pourrait pas demander à rencontrer personnellement le Panchen-Lama dont on est sans nouvelles depuis maintenant cinq ans ?

M. Claude Huriet :

C'est une proposition qu'au nom des parlementaires nous pouvons lui adresser. Mais, nous tenons à préciser, Louis de Broissia, Richard Cazenave et moi même, que les actions que nous menons depuis des années, nous les avons toujours engagées et poursuivies après contact, tant avec le Gouvernement à travers le ministre des Affaires étrangères, qu'avec le président de la République. Il ne faudrait pas que quiconque ait le sentiment que cette « diplomatie parlementaire », pour reprendre une expression récemment utilisée par les deux présidents des assemblées du Parlement français, se situe en marge ou en opposition de la diplomatie gouvernementale. Elle élargit l'expression démocratique et nous sommes tout à fait prêts à demander une audience au président de la République avant qu'il ne se rende en Chine - sans pouvoir bien sûr vous dire le contenu de l'entretien et encore moins les suites que le président de la République voudra bien y apporter -. Mais cette démarche est tout à fait dans le droit fil du travail que les groupes parlementaires ont engagé de longue date en faveur du Tibet.

M. Louis de Broissia :

Chaque fois que nous avons rencontré le conseiller diplomatique du président de la République ou le conseiller diplomatique du Premier ministre, nous leur avons exprimé notre préoccupation de la disparition du Panchen-Lama et de sa famille. Lorsque, députés et sénateurs, nous avons rencontré récemment l'Ambassadeur de Chine, nous lui avons demandé à rencontrer le Panchen-Lama. Et lorsque nous sommes invités en Chine, ce qui nous arrive encore, nous demandons d'abord à rencontrer le Panchen-Lama. (Applaudissements)

M. Claude Huriet :

Il nous faut conclure. Avant de laisser aux photographes de presse, que je remercie de leur coopération, totale liberté pour agir, je voudrais préciser que l'audition à laquelle vous avez assisté sera intégralement diffusée sur la chaîne parlementaire Public Sénat - je tiens à remercier le Président Elkabach et toute son équipe de l'attention qu'ils ont prêtés à cet événement -. L'audition devrait faire également l'objet d'une publication au titre des rapports des groupes d'amitié du Sénat et elle a vocation à être «en ligne » dès que le groupe d'information sur le Tibet ouvrira sa page sur le site internet du Sénat. Nous allons maintenant procéder à la remise à Sa Sainteté du Manifeste 2000 des parlementaires français pour le Tibet. A la date d'hier, 164 députés et sénateurs en étaient co-signataires, mais les signatures continuent d'arriver d'heure en heure et je pense que nous atteindrons les 200 signataires - ce qui n'est pas un objectif démesuré -.

Votre Sainteté, je vous remets, au nom des parlementaires français, ce nouvel engagement pour soutenir à la fois votre action en faveur de la paix, de la dignité et de la liberté des hommes, mais aussi, à travers votre personne, le peuple tibétain.

M. Claude Huriet remet à Sa Sainteté le Dalaï-Lama un exemplaire du Manifeste 2000 des parlementaires français pour le Tibet. (Applaudissements).

Audition du professeur Samdhong Rinpoche
Président du Parlement tibétain en exil
Mardi 17 octobre 2000

M. Claude Huriet :

Nous sommes très heureux d'accueillir aujourd'hui un homologue tibétain, parlementaire comme nous, en la personne du Professeur Samdhong Rinpoché, président de l'Assemblée des députés du peuple tibétain.

Monsieur le Président, cette audition est, pour nous, l'occasion de vous informer des activités de notre groupe d'information, pour vous, de mieux nous faire connaître le Parlement tibétain en exil siégeant à Dharamsala et, pour nous tous, d'étudier les échanges possibles entre l'assemblée que vous présidez et le Sénat.

Le 26 septembre dernier, avec nos collègues députés, nous avons eu l'honneur d'accueillir au Sénat sa Sainteté le Dalaï Lama. Cette audition a été un grand moment dans l'histoire du Parlement français, qui est engagé depuis de nombreuses années en faveur du peuple tibétain. Vous avez des amis très attentifs chez les parlementaires français, qui ont pris position très clairement contre l'oppression chinoise, et qui demeureront aux côtés des Tibétains lorsque leur rêve d'un retour à la liberté se réalisera.

Je précise que le compte rendu de votre audition d'aujourd'hui figurera dans un rapport d'information, qui sera le premier rapport parlementaire officiellement consacré au Tibet.

Je salue également la présence à vos côtés de Mme Tinlay Dewatshang, députée élue par la communauté tibétaine d'Europe, qui pourrait devenir, si vous en êtes d'accord, l'intermédiaire privilégiée entre notre groupe d'information et votre assemblée.

Ma première question portera sur l'évolution de la situation depuis 1996, date de votre première visite à l'Assemblée nationale.

Pr. Samdhong Rinpoché :

Je vous remercie de me recevoir au Sénat, c'est pour moi un honneur d'être ici. Je n'ai pas eu l'occasion de revenir en France depuis ma première visite en 1996, et j'ai saisi l'opportunité de ce court séjour pour avoir des contacts aussi nombreux que possible avec le Gouvernement et le Parlement français.

Le peuple français et ses représentant élus ont soutenu fermement les Tibétains dans leur juste cause. Ce soutien est pour nous très encourageant, et nous donne confiance pour l'avenir. J'espère qu'il se maintiendra jusqu'à ce que les Tibétains retrouvent leur liberté, dans une relation amicale avec les Chinois.

Mes collègues et moi-même sommes très conscients du travail que votre groupe d'information a accompli. Vous avez signé des appels, reçu le Dalaï Lama et de nombreuses autres délégations tibétaines. Tout cela est, pour nous, très important et je veux vous dire, au nom du Parlement tibétain en exil, combien nous apprécions votre merveilleuse action.

Le Tibet est occupé militairement par la Chine communiste depuis 1951. Au cours de ces cinquante années, le peuple tibétain a subi la torture et un génocide culturel, qui continue encore aujourd'hui. Nous ne serons satisfaits que lorsque le peuple tibétain se sentira à nouveau chez lui dans les frontières du Tibet.

Entre 1951 et 1959, nous avons sincèrement essayé de coopérer avec les Chinois, dans le cadre de « l'accord en 17 points ». Malheureusement, ces efforts ont échoué. Le soulèvement de la population de Lhassa en 1959 a entraîné la fuite du Dalaï Lama et de 100 000 Tibétains. La répression féroce qui a suivi s'est prolongée dans la révolution culturelle.

La période 1959-1970 a été la plus noire pour les Tibétains, au cours de laquelle 1,2 million d'entre eux sont morts. Notre responsabilité, à nous Tibétains de la Diaspora, est de conserver vivantes la culture tibétaine et la lutte politique.

M. Claude Huriet :

Ma deuxième question portera sur le Parlement tibétain en exil. Comment est-il constitué ? Comment fonctionne-t-il ? Quelle coopération vous paraît souhaitable entre le Parlement tibétain et le Parlement français ?

Pr. Samdhong Rinpoché :

Depuis que le Dalaï Lama a fui le Tibet en 1959, son souci constant a été de démocratiser la société tibétaine. Le Gouvernement tibétain traditionnel, tel qu'il a été établi au XVIIe siècle, en 1642, n'était pas démocratique, même s'il n'était pas non plus totalitaire.

Le Dalaï Lama, dès son accession au pouvoir à l'âge de 16 ans, n'a pas été satisfait de cet héritage politique, et s'est déclaré favorable à la démocratie. Malheureusement, le Tibet a été envahi par les Chinois avant qu'il puisse mettre en oeuvre les réformes qu'il souhaitait.

Lorsque le Dalaï Lama est arrivé en Inde en 1959, l'une des premières choses qu'il a faites, alors qu'il y avait tant d'autres urgences, a été de lancer la démocratisation. Dans un discours fondateur, il s'est adressé en 1960 aux réfugiés tibétains pour leur annoncer qu'il souhaitait qu'un corps électoral fût constitué, symbole de la démocratie future pour le Tibet. Une première assemblée de 12 membres a prêté serment dès le 2 septembre 1960, qui est depuis commémoré comme le « jour de la démocratie » par les Tibétains.

En 1963, le Dalaï Lama a promulgué une Constitution pour le Tibet futur, qui instaure un système parlementaire. Mais, faite pour le Tibet futur, nous n'avons jamais été en situation de la mettre en application jusqu'à aujourd'hui.

Le premier Parlement tibétain en exil était élu pour trois ans. Cette durée a été ensuite portée à cinq ans. Mais, lors des 10ème élections en 1990, le Dalaï Lama n'était toujours pas satisfait du fonctionnement d'une démocratie dont les Tibétains n'avaient pas l'expérience. Car il s'agit du cas bien particulier d'une démocratisation imposée d'en haut, et non d'en bas comme il est d'habitude.

Trois mois après les 10ème élections, le Dalaï Lama a dissous à la fois le Parlement et le Gouvernement tibétains, et convoqué une grande réunion de 300 délégués de la communauté tibétaine en exil. Il en est ressorti une Charte spéciale pour les Tibétains en exil, distincte de la Constitution du Tibet futur. Cette Charte pour le Gouvernement en exil a été ratifiée un an plus tard, en 1991.

D'après la Constitution ratifiée en 1991, l'Assemblée des députés du peuple tibétain se compose de 43 représentants élus et de 3 personnalités qualifiées désignées par le Dalaï Lama. Cette assemblée exerce le pouvoir législatif, oriente et contrôle la politique du Gouvernement, qui procède d'elle et non plus du Dalaï Lama. C'est la plus haute autorité politique tibétaine.

Le Parlement élit le Gouvernement tibétain en exil, ou Kashag, qui est responsable devant lui et peut être renversé à la majorité simple des députés. Le Dalaï Lama reste le chef de l'Etat, mais le Parlement peut lui retirer ses responsabilités politiques à la majorité des deux tiers et nommer un Conseil de régence.

Le Parlement supervise la Commission électorale, la Commission de nomination des fonctionnaires du Gouvernement tibétain en exil, ainsi que la Commission judiciaire. En effet, la communauté tibétaine en exil relève des juridictions indiennes ou népalaises en matière pénale, mais la Commission judiciaire tibétaine intervient dans les camps de réfugiés pour les autres matières.

La répartition des 46 membres du Parlement tibétain en exil est la suivante : 10 députés élus pour chacune des trois grandes régions du Tibet (U-Tsang, Amdo et Kham), 2 députés élus pour chacune des 5 principaux ordres religieux tibétains, 2 députés élus pour la communauté tibétaine d'Europe, 1 député élu pour la communauté tibétaine d'Amérique du Nord, et 3 personnalités qualifiées.

M. Claude Huriet :

C'est la première fois que nous avons un exposé aussi clair des institutions tibétaines. Conformément aux propos constants du Dalaï Lama, la démocratisation est en marche. Je donne la parole à ceux de mes collègues qui souhaitent vous poser des questions.

M. Louis de Broissia :

Monsieur le Président, j'avais déjà eu le plaisir de vous accueillir lors de votre visite à l'Assemblée nationale en 1991.

Le maintien de contacts avec la Chine me paraît indispensable. Or, le Dalaï Lama nous a dit lors de son audition qu'il n'en a plus depuis plusieurs années. L'Assemblée des députés du peuple tibétain a-t-elle des relations avec le Parlement chinois ? Les parlementaires français pourraient-ils servir de pont entre les deux ?

Pr. Samdhong Rinpoché :

Nous n'avons aucun contact ni avec le Gouvernement ni avec le Parlement chinois. Mais nous avons des relations avec le Parlement de Taïwan. Nous avons aussi reçu à Dharamsala des délégations des Parlements suisse, lituanien et japonais.

Jusqu'à présent, l'accès à l'Union Inter Parlementaire nous a été refusé. Un groupe de neuf Parlements membres de l'UIP a pourtant soulevé la question depuis plusieurs années.

Nous serions bien sûr heureux d'avoir plus de relations avec le Parlement français, et je vous invite à venir nous rendre visite à Dharamsala.

M. Hubert Durand-Chastel :

Je souhaiterais avoir une idée plus précise du corps électoral constitué par la communauté tibétaine en exil.

Pr. Samdhong Rinpoché :

Tous les Tibétains en exil, qui sont au nombre de 130 000 environ, ont le droit de vote. Leur taux de participation aux élections varie entre 62 % et 74 %.

M. Claude Huriet :

Cette rencontre a été très intéressante. Nous avons découvert le fonctionnement du Parlement tibétain en exil, et vos responsabilités de président. Nous restons à votre disposition pour développer les liens entre nos deux Parlements. Celle-ci pourrait, si vous en êtes d'accord, prendre d'abord la forme d'un lien, d'une coopération avec les deux députés tibétains représentant la communauté exilée en Europe.

Pour conclure, j'ai l'honneur de vous remettre le Manifeste 2000 des parlementaires français pour le Tibet, dont le premier exemplaire a été remis au Dalaï Lama lors de son audition au Sénat le 26 septembre dernier. C'est un signe tangible de l'engagement constant des parlementaires français pour la cause tibétaine.

Audition de M. Tashi Phuntsok,
Représentant de Sa Sainteté le Dalaï Lama
Mardi 5 février 2002

Les membres du groupe d'information ont tout d'abord assisté à la projection privée du film « Tibet, l'histoire d'une tragédie », de Ludovic Segarra.

Ils ont ensuite procédé à l'audition de M. Tashi Phuntsok, Représentant en France de Sa Sainteté le Dalaï Lama.


M. Taschi Phuntsok :

La question du Tibet n'est pas seulement politique, mais met en jeu la survie d'une partie de l'humanité, d'une culture unique et d'une spiritualité très ancienne.

La position des autorités chinoise a varié au cours des années. Au début, elles ont prétendu que le Tibet faisait partie de la Chine depuis le VIIème siècle, parce qu'un roi tibétain avait alors épousé une princesse chinoise. Mais cet argument «matrimonial » ne tient pas debout.

Les Chinois ont ensuite revendiqué le rattachement du Tibet à la Chine au XIIIème siècle, lors de l'expansion de l'empire mongol. En effet, les Mongols, qui dirigeaient la Chine, exerçaient également une influence sur le Tibet. Pour nous, ce genre de raisonnement n'a pas de valeur, ni légalement, ni historiquement. C'est pourtant un argument qui a été repris récemment par l'ambassadeur de Chine en France dans un interview.

Un autre argument, plus contemporain, est le contraste allégué entre les progrès accomplis depuis 1949 par le Tibet sous direction chinoise, et le régime « féodal, esclavagiste et cruel » qui y régnait précédemment.

Le film que nous venons de voir montre bien les différences entre les Chinois et les Tibétains dans leurs attitudes quotidiennes. Moi-même, je suis né au Tibet, mais je m'en suis échappé avec mes parents après l'invasion chinoise. Je n'ai subi aucune influence chinoise. Si la Chine avait raison en prétendant que le Tibet lui appartient depuis le VIIe siècle, alors force serait de constater que ce lien ancien supposé n'a eu aucun effet, aucune influence.

Voyons quelles sont les réalités d'aujourd'hui. Si le régime chinois est progressiste et démocrate, pourquoi empêche-t-il les gens d'afficher des photos du Dalaï Lama, pourquoi tant de destructions, pourquoi ces contraintes pesant sur le peuple tibétain ?

L'ambassadeur chinois prétend que le taux d'alphabétisation s'est élevé jusqu'à atteindre 85 %. Or, tous les ans des milliers d'enfants quittent le Tibet pour pouvoir bénéficier d'une scolarité. Récemment, des nouvelles inquiétantes pour la liberté de culte nous sont parvenues. Un monastère qui abritait 10.000 moines a été détruit.

En 2001, on recensait 254 prisonniers d'opinion détenus, 35 arrestations nouvelles, et 10 morts sous la torture. N'oublions pas non plus la détention prolongée du Panchen Lama, qui doit avoir 12 ans aujourd'hui. Personne n'a réussi à le rencontrer depuis qu'il a été enlevé par les autorités chinoises.

Le symbole de la résistance du Tibet est le Dalaï Lama, son chef spirituel et son dirigeant politique depuis 50 ans. C'est lui qui a fait le choix de la méthode non violente. Nous sommes convaincus de l'efficacité de cette méthode, même s'il nous faut être patients. Aujourd'hui, la non violence n'est pas à la mode. Mais c'est une forme de résistance très active, très consciente, qui implique beaucoup de courage. Nous sommes sûrs que cette pratique apportera beaucoup de bien à nous-mêmes, aux Chinois et au reste du monde.

Nous avons beaucoup de plaisir à constater que la lutte du Tibet est de plus en plus reconnue par les peuples et leurs représentants. Bien des Parlements nous soutiennent. Nous en appelons aussi au soutien des gouvernements, qui ne sont pas encore très actifs, et de l'ONU. Le peuple tibétain, qui lutte depuis 50 ans dans l'esprit de la Charte de l'ONU, est en droit d'en attendre quelque reconnaissance.

Si les droits de l'homme sont précieux, alors il faut faire un geste. J'en appelle à votre aide, à celle de votre Gouvernement, et à celle de l'Union européenne. Nous demandons simplement que le dialogue avec les Chinois puisse avoir lieu, pour permettre une solution négociée. Le problème dure depuis maintenant très longtemps, il est temps de faire quelque chose.

Je vous rappelle que dans une résolution adoptée en juillet 2000, le Parlement européen a demandé l'instauration d'un coordinateur spécial pour le Tibet, ainsi que la reconnaissance du Gouvernement tibétain en exil si les négociations n'avaient pas lieu dans un délai de trois ans.

Lors de la 58ème session de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, qui se tiendra à Genève au mois de mars prochain, la France a un rôle important à jouer. Elle doit prendre une position claire pour que la question du Tibet soit inscrite à l'ordre du jour et discutée.

Laissez-moi vous dire maintenant quelques mots de la santé du Dalaï Lama. Il est sorti de l'hôpital le 2 février et se repose à Bombay avant de retourner à Dharamsala le 9 février. Une retraite de méditation est prévue, et ses déplacements des mois de mars et avril ont été reportés ou annulés. Sa maladie était sans gravité. Simplement, le Dalaï Lama voyage beaucoup et a des programmes trop chargés. Le voilà forcé à prendre du repos.

Enfin, je vous rappelle que le 10 mars est la journée de commémoration du soulèvement national tibétain. Des manifestations sont prévues à Paris et dans d'autres villes françaises.

M. Louis de Broissia :

Je vous remercie. Tous les parlementaires membres du groupe d'information seront sollicités pour des questions écrites et orales, ainsi que pour l'affichage du drapeau tibétain sur les mairies. Nous avons également l'intention d'interroger les candidats à la présidentielle sur la question du Tibet. Je me propose enfin d'écrire à l'ambassadeur de Chine au sujet du Panchen Lama.

Audition de M. Matthieu Ricard
Mardi 8 octobre 2002

M. Louis de Broissia :

J'informe nos collègues qu'une délégation du groupe d'information sur le Tibet du Sénat a été reçue au ministère des Affaires étrangères, pour un petit-déjeuner de travail, auquel participait notamment le directeur Asie. Cela a été l'occasion de faire le point sur la situation du Tibet.

Avec nos interlocuteurs, nous sommes tombés d'accord sur la nécessité de rester en contact et d'échanger de l'information. J'ai rappelé que le groupe d'information n'a pas pour objet de contrecarrer l'action diplomatique de la France. D'ailleurs, nous avons eu confirmation que le Président de la République intervient sur le Tibet chaque fois qu'il a un contact avec les autorités chinoises.

Enfin, nous souhaitons que nos collègues députés reconstituent le plus vite possible leur groupe d'études sur le Tibet, suite au dernier renouvellement de l'Assemblée nationale.

M. Tashi Phuntsok, représentant du Dalaï Lama en France :

Lorsque M. de Broissia nous a parlé de cette rencontre avec des responsables du ministère des Affaires étrangères, nous lui avons fait part de nos souhaits. Nous sommes notamment très attachés à l'idée d'instaurer un coordinateur européen pour la question tibétaine.

Nous avons pu constater que la position de la France sur le Tibet n'a pas varié, et nous nous en trouvons rassurés. Je remercie tous les parlementaires français pour leurs actions, qui permettent de faire avancer la cause tibétaine.

Je profite de l'occasion pour vous apporter quelques nouvelles sur la santé du Dalaï Lama. Il se porte bien, et les examens de contrôle médical faits à Bombay ont confirmé que son indisposition ne recouvrait pas de problème grave. Il devrait se rendre bientôt en Allemagne, puis en Autriche pour y dispenser ses enseignements aux bouddhistes d'Europe.

M. Matthieu Ricard :

Depuis quelques années, je me rends tous les étés au Tibet pour y conduire des projets humanitaires. La situation sur place est complexe et variée, selon les aspects considérés et selon les lieux.

Le contraste principal se trouve entre la région autonome du Tibet et les autres régions tibétaines, telles que le Kham et l'Amdo, qui sont incluses dans les provinces chinoises limitrophes : Xingai, Sichuan, Guangzhou, Hunan. Cette distinction explique d'ailleurs que les autorités chinoises, lorsqu'elles parlent du Tibet, ne parlent que du tiers du Tibet historique. Il est possible d'intervenir plus discrètement dans ces régions périphériques pour des projets humanitaires, tels que des écoles, des dispensaires ou des monastères.

Au Tibet central, la surveillance policière est bien plus grande. Il y a des caméras dans les rues de Lhassa, et des indicateurs partout, dans les administrations, les écoles, les universités et les monastères. Il y est bien sûr interdit de manifester pour l'autonomie du Tibet. Les étrangers ne peuvent pas loger chez l'habitant, et cette interdiction est valable pour les tibétains venant d'autres régions. Il faut payer pour pouvoir loger un parent. Les projets présentés par des associations étrangères sont refusés.

Dans les régions tibétaines périphériques, il est possible de promouvoir la construction de monastères, de centres de retraite, de cliniques, d'orphelinats, d'hospices. Il faut éviter les relations avec le pouvoir central, mais il est possible d'agir avec les autorités locales. Cette situation permet une certaine renaissance de la culture tibétaine traditionnelle.

Pour autant, ces centres ne doivent pas devenir trop florissants. En juillet 2001, 3 000 nonnes ont été expulsées et 1 800 habitations détruites par l'armée. De nouveau, en septembre 2002, 700 nonnes ont été expulsées. Il s'agit des premières destructions de monastères depuis la révolution culturelle.

Dans la vie de tous les jours, on assiste à des changements inquiétants. L'afflux des colons chinois est favorisé par les chantiers des routes et des voies ferrées, où l'on travaille jour et nuits. Les autorités chinoises construisent au Tibet des autoroutes manifestement surdimensionnées, qui présentent vraisemblablement un intérêt stratégique. On pourrait ainsi imaginer qu'elles soient utilisées en cas de besoin comme pistes d'atterrissage. La multiplication des voies d'accès au Tibet permet aux Chinois de renforcer leur contrôle.

Un autre phénomène est celui des villes-champignons. La construction de la ville est concédée à un promoteur, puis les boutiques sont mises en vente auprès de commerçants chinois, souvent musulmans. Près de 250 villes nouvelles ont ainsi poussé dans la régions autonome du Tibet, dans lesquelles tous les restaurants, tous les commerces sont tenus par des Chinois.

Les réfugiés tibétains ont su faire preuve d'initiative en Inde, où ils sont parfois devenus plus riches que la moyenne des Indiens. Mais les Tibétains demeurés dans leur patrie sont souvent des nomades dépourvus de capital, vivant d'une économie non monétaire. Il n'y a pas non plus d'éducation digne de ce nom dans les vallées retirées. Tout ceci rend impossible l'émergence d'une élite tibétaine.

Le Dalaï Lama s'est fixée deux priorités pour les Tibétains demeurés au pays : développer l'éducation jusqu'à l'université, améliorer la santé, alors que la mortalité infantile demeure forte. Le Gouvernement chinois suit en la matière la politique de l'aveugle. Il a déclaré à l'OMS que la tuberculose et la lèpre étaient éradiquées du Tibet : en conséquence, les cas de ces deux maladies qui persistent à se déclarer ne sont pas reconnus. Les médicaments nécessaires demeurent inaccessibles, et les traitements doivent être faits en secret.

Les autorités chinoises veulent sédentariser les nomades. Ceux-ci sont employés sur les chantiers. Une loi récemment votée est très préoccupante, dans la mesure où elle n'autorise chaque famille de nomades à ne posséder que 5 bêtes par personne, alors qu'il faut au minimum 200 à 300 bêtes par famille. Actuellement, 50 % de la population tibétaine est nomade et a réussi, en reconstituant son cheptel, à retrouver une certaine prospérité.

L'éducation se fait principalement en chinois. Pourtant, certaines circulaires officielles locales prônent l'encouragement de la culture tibétaine. La propagande chinoise s'adresse aux réfugiés tibétains en Inde et au Népal, en leur promettant de l'argent et un logement s'ils reviennent au Tibet en reniant le Dalaï Lama et en restituant leurs papiers de réfugiés. Mais ceux qui ont tenté l'aventure en attendent toujours le bénéfice promis.

Les réfugiés passent par le Népal, au rythme de 2 000 à 3 000 par an. Mais depuis cette année, il existe un accord entre les Chinois et les Népalais, qui renvoient désormais les réfugiés appréhendés à la frontière. Ils se trouvent alors incarcérés pendant un mois, et battus. S'ils récidivent, la peine de prison est alors plus longue.

Indéniablement, le développement économique existe au Tibet, et le niveau de vie général augmente. Les routes goudronnées constituent un réel progrès. Mais le projet de développement du Tibet relève surtout de l'exploitation : ce pays dispose des premières ressources hydroélectriques du monde, la déforestation y est de 40 % depuis l'invasion et explique l'accroissement des inondations en Chine.

Il y a une relative libéralisation dans les régions périphériques, où la photo du Dalaï lama peut être affichée. Le seul espoir réside dans la détermination du peuple tibétain à maintenir son identité traditionnelle. La civilisation tibétaine pourrait sans doute fleurir à nouveau s'il y avait un élément de démocratisation en Chine.

Audition de M. Tashi Phuntsok
Représentant de Sa Sainteté le Dalaï Lama
Mardi 21 janvier 2003

M. Louis de Broissia :

Je salue la présence parmi nous de notre collègue Alain Vasselle, qui doit bientôt évoquer la situation au Tibet dans le cadre d'une question orale avec débat sur le respect des engagements internationaux en matière de droits de l'homme.

J'ai également le plaisir de vous annoncer que le groupe d'études sur le Tibet de l'Assemblée nationale est reconstitué, et que M. Lionel Lucas en a été élu président.

Avant de projeter le documentaire clandestin sur la destruction du monastère de Serthar, je voudrais faire un rapide bilan des activités du groupe d'information sur le Tibet l'an dernier. Nous nous sommes réunis à quatre reprises :

- mardi 5 février 2002 : audition de M. Tashi Phuntsok et projection du film « Tibet, histoire d'une tragédie » ;

- vendredi 5 juillet 2002 : conférence de Mme Jetsun Pema, soeur cadette du Dalaï Lama et projection du film « Un peuple en exil » ;

- mardi 1er octobre 2002 : le bureau du groupe a été convié à un petit-déjeuner de travail au ministère des Affaires étrangères ;

- mardi 8 octobre 2002 : audition de M. Matthieu Ricard et projection du film « Un peuple en exil ».

En novembre 2002, notre groupe a été convié à participer à la conférence parlementaire sur le Tibet, organisée chaque année par M. Thomas Mann, président de l'intergroupe Tibet du Parlement européen. J'ai adressé à ce dernier un message lui confirmant notre communauté de vue, et notre soutien aux résolutions sur le Tibet votées par le Parlement européen.

Je suis intervenu auprès de M. Dominique de Villepin afin d'appeler son attention sur la situation des prisonniers politiques au Tibet, et notamment des deux religieux tibétains récemment condamnés à mort.

Nous souhaitons mener une action de sensibilisation auprès des parlementaires européens français, afin de les inciter à rejoindre l'intergroupe Tibet du Parlement européen.

A l'issue de cette année, nous sommes déçus de constater que le gouvernement chinois souffle en permanence le froid et le chaud. Nous pensons que la volonté chinoise d'engager des négociations reste à prouver.

* *

*

Projection du documentaire sur la destruction du monastère de Serthar.

M. Tashi Phuntsok :

Nous avons été très heureux de pouvoir accompagner les activités du groupe d'information sur le Tibet en 2002, qui sont très utiles pour notre pays.

D'après ma propre expérience, je peux vous assurer que votre action est importante ; et je veux remercier les parlementaires français qui soutiennent la cause du Tibet. Depuis un an, nous accompagnons la création d'un groupe analogue au Parlement portugais, à qui nous donnons en exemple l'action des deux groupes parlementaires français sur le Tibet.

Bien entendu, nous souhaitons que ces actions continuent de se développer. Nous saluons l'élection de M. Lionnel Lucas à la présidence du groupe d'études sur le Tibet de l'Assemblée nationale, et nous espérons que le nombre des députés qui le rejoindront sera important.

En ce qui concerne le film que nous venons de voir, vous pouvez vous demander pour quelle raison il est diffusé plus d'un an après les faits. Mais c'est tout simplement parce que les informations filtrent difficilement du Tibet vers l'extérieur. Il s'agit d'images tournées clandestinement.

La destruction du monastère de Serthar est exemplaire. Mais le système du quota de moines et de nonnes ne date pas d'hier, avec son cortège d'expulsions et de destructions, et il demeure toujours d'actualité.

Malheureusement, la destruction du monastère de Serthar n'a pas été achevée en 2001, mais s'est poursuivie au moins jusqu'en décembre 2002. Les destructions seraient encore en cours.

C'est un exemple qui démontre que les autorités chinoises visent à atteindre l'identité spirituelle du peuple tibétain : tous les lieux de culte, tous les religieux, tous les érudits sont considérés comme des dangers. La religion est considérée comme un problème.

Officiellement, le monastère a été détruit à la fois pour des raisons d'hygiène et parce que le nombre des moines dépassait le nombre admis. Les effectifs doivent être réduits de 6 000 à 1 400 moines, et 3 000 à 600 nonnes.

Je voudrais par ailleurs vous faire part de certaines évolutions depuis notre précédente réunion.

Le problème le plus urgent a été celui de la peine de mort prononcée contre deux religieux tibétains. Des actions et des pétitions ont été lancées dans le monde. Nous avons reçu plusieurs lettres d'appui des autorités françaises, notamment du Président de la République, du Premier Ministre et du Président du Sénat. Les sentences capitales pourraient être commuées. Mais cela demeure à confirmer. Ces campagnes sont utiles, la mobilisation des opinions est efficace.

Des émissaires du Dalaï Lama se sont rendus en Chine et au Tibet. Notre Premier ministre avait demandé en attendant la suspension des manifestations de protestation à travers le monde, ce qui notamment a permis à Jian Zemin d'effectuer sans contestations son dernier voyage officiel aux Etats-Unis. Nous n'observons pour l'instant aucune évolution des autorités chinoises suite à ces contacts. Mais nous espérons que ces échanges pourront continuer.

Le Dalaï Lama vient de terminer un grand programme d'enseignements et d'initiations en Inde. Près de 200.000 personnes en ont bénéficié, dont certains Tibétains venus exprès du Tibet, du Bouthan, du Népal et du Sikkhim. Les problèmes de santé du Dalaï Lama sont surmontés, et il viendra en France du 10 au 18 octobre 2003.

M. Louis de Broissia :

Je salue les efforts des chaînes de télévision et des journaux français qui continuent de programmer des émissions et de publier des articles consacrés au Tibet. J'ai demandé à France Télévision de bien vouloir programmer le film « Un peuple en exil », que nous avons visionné récemment.

M. Jean-Paul Ribes, président du Comité de soutien an Peuple tibétain :

Je voudrais évoquer le cas de Ngawang Sangdroll, cette jeune prisonnière qui a été finalement libérée en octobre 2002 après 10 ans de prison. Elle se trouvait alors dans un très mauvais état de santé, et ne pouvait plus marcher.

Nous avons demandé qu'elle puisse être soignée soit au Tibet, soit en France. Notre ambassade a proposé de l'héberger. Mais le gouvernement chinois a refusé de la laisser sortir. Elle vit depuis enfermée chez sa soeur à Lhassa et ne reçoit pas de véritable traitement. Sa maladie empire.

J'ai alerté les autorités françaises, qui continuent à réclamer sa venue en France. C'est un signal de la mauvaise volonté de la Chine. Pour l'instant, nous espérons encore une évolution de sa position, et ne voulons pas médiatiser l'affaire.

Plus généralement, nous souhaitons la libération de tous les prisonniers d'opinion au Tibet, ainsi que la cessation de l'interdiction de l'image du Dalaï Lama et des insultent qui lui sont adressées dans la presse. Cette dernière stratégie est d'ailleurs inefficace, puisque la plupart des Chinois respectent le Dalaï Lama en dépit de tout.

Le Premier Ministre, Samdhong Rinpoché, a averti que si aucune évolution ne se fait jour, il donnerait pour consigne un retour à une vaste campagne mondiale contre une Chine qui n'aurait pas su saisir sa chance.

M. Louis de Broissia :

Il nous faut montrer plus de détermination face aux autorités chinoises et rappeler que l'heure de vérité sera l'ouverture des jeux olympiques de Pékin.

Une meilleure coordination entre les diverses associations pro-tibétaines me paraîtrait souhaitable.

M. Jean-Paul Ribes :

Sur ce point, il y a une réelle amélioration. Nous assistons aujourd'hui à un rapprochement entre des associations qui s'étaient un peu éparpillées.

Audition commune par le groupe d'études de l'Assemblée nationale et le groupe d'information du Sénat de M. Takna Jigmé Sangpo
Mardi 25 mars 2003

MM. Lionnel Luca et Louis de Broissia, Présidents des groupes de l'Assemblée Nationale et du Sénat :

C'est avec plaisir que nous accueillons Monsieur Takna Jigmé Sangpo, accompagné d'une délégation présidée par Monsieur Tashi Phuntsok, Représentant officiel de Sa Sainteté le Dalaï Lama. Nous sommes émus de recevoir un homme qui a subi tant d'épreuves, à l'image de ce que subit le peuple tibétain, et qui a témoigné d'une résistance pacifique aussi longue au nom d'une idée simple : la liberté. Evoquant la visite de Päldèn Gyatso, il y a deux ans, nous souhaitons par cette nouvelle audition faire savoir au peuple tibétain combien son combat pacifique retient l'attention dans les deux chambres du Parlement français.

Monsieur Takna :

Au Tibet, les libertés sont absentes, les droits de l'homme sont bafoués. Pendant 37 ans, j'ai été emprisonné, torturé, humilié, privé de droits. Mon corps est un témoignage de tout ce qu'il y a de souffrances, de tortures. Tout a commencé en 1964 : le Tibet, depuis longtemps envahi, subit alors des atrocités, des destructions culturelles et humaines massives. L'ex Panchen Lama avait rédigé un réquisitoire contre la Chine, les « 70 000 caractères » ; celui-ci a donné lieu à des réunions obligatoires de discussion. Je n'ai pas voulu suivre la version officielle, j'ai dit que je respectais le Panchen Lama et que ce qu'il disait n'était pas erroné. Au cours d'une session d'autocritique, je fus interrogé, battu, afin de me faire avouer que le Panchen Lama avait tort. Tout était fait pour que le Tibet devienne chinois. Au contraire, j'ai dénoncé toute cette mise en scène comme illégale, inhumaine, inimaginable.... Surnommé le « petit Panchen Lama », je fus arrêté et condamné à trois ans de prison.

A cette époque, les assistants du Panchen Lama étaient divisés en trois catégories :

- les résistants les plus virulents étaient enfermés dans la prison de Sangyip, dans des cellules totalement obscures ;

- d'autres résistants étaient condamnés aux travaux forcés ;

- les derniers étaient laissés libres mais obligés de porter le chapeau noir des gens jugés dangereux.

Après trois années de travaux forcés, j'ai été relâché et forcé de porter le chapeau noir, devenant pendant deux ans « prisonnier dans la société ». Puis, j'ai été accusé d'inciter des proches à passer des documents en Inde et emprisonné dix ans de 1970 à 1980, avec interrogatoires, lavage de cerveau, tortures... dix années suivies de trois années de travaux forcés dits « réforme par le travail ». Relâché et mis sous surveillance, j'ai néanmoins collé des affiches à Barkhor (la vieille ville de Lhassa). Le 1er septembre 1983, je suis de nouveau condamné à 15 ans de prison.

En 1987, des manifestations anti-chinoises ont lieu à Lhassa. En prison, nous avons eu vent de ces manifestations: Estimant qu'il nous appartenait de prendre en charge notre sort, j'ai persuadé mes co-détenus de manifester notre solidarité avec les personnes du dehors. Ma peine a été prolongée de cinq ans.

Si mes peines ont été ainsi prolongées, c'est que je n'ai pas voulu rester passif, même en prison.

En 1991, alors que la Chine voulait montrer au monde qu'elle s'ouvrait, j'ai appris que des personnes étrangères devaient visiter la prison. J'ai creusé un petit trou dans le mur de ma cellule et j'ai pu crier au moment où les visiteurs passaient, dans les quelques mots d'anglais que j'avais appris pour cela et aussi en chinois : « Indépendance pour le Tibet ! Chinois, hors du Tibet ! ». J'ai été battu presque jusqu'à la mort, placé en cellule d'urgence de 2 mètres sur 2 mètres , sans toit, avec un simple filet, alors que la température était de - 17°, - 20° de janvier à avril, plus de quatre mois. Finalement, ma peine a été augmentée de huit années. Ce n'est que plus tard que j'ai appris que les visiteurs venaient de Suisse.

Au total, j'ai subi trente deux années de prison ferme et cinq ans de réforme par le travail. Ma peine devait s'achever en 2011.

Pour résumer, le peuple tibétain n'a pas de voix, nous ne pouvons pas nous laisser écraser par les Chinois. Tout le Tibet subit cette oppression.

Durant mes périodes d'emprisonnement et de travail forcé, il fallait fendre des rochers, niveler des montagnes, transporter des pierres... C'était très dur pour des détenus très affaiblis. Certains en sont morts. En 1975, je suis devenu aveugle, tant j'étais faible... plongé dans une solitude terrible, je ne pouvais plus travailler. Malgré de multiples requêtes, je n'ai reçu aucun soin. On me disait: « C'est ton sort ! II est impossible de t'emmener à l'hôpital, pour des raisons de surveillance ». Seul dans ma cellule pendant 5 ans, aveugle, je n'avais que mes doigts pour sentir le niveau d'eau dans mon verre.

Les autorités chinoises sont très fortes pour rédiger des rapports sur le respect des droits de l'homme. Mais ces dispositions ne sont pas appliquées aux Tibétains

En 1980, j'ai été brièvement relâché, des amis m'ont fait soigner et j'ai retrouvé une vue très imparfaite de l'oeil gauche. En Suisse, en 2002, j'ai guéri de l'oeil droit. En 1996, j'avais demandé à un ophtalmologue tibétain collaborateur d'obtenir des soins d'un médecin humanitaire, mais cela me fut refusé.

Plusieurs centaines de personnes sont mortes de faim, de faiblesse, sous les coups...

Pendant plusieurs mois, j'ai été enchaîné au niveau des jambes. J'ai eu aussi des menottes qui incluaient les bras et le torse, tellement serrées que mes doigts sont devenus d'immenses ballons. Il est inimaginable qu'il soit possible à un homme de faire subir tant de souffrances à un autre homme, et ce n'est pas seulement du passé.

En 2001, je fus tellement malade, que les Chinois furent obligés de m'admettre à l'hôpital. J'ai protesté contre les soins douteux que je recevais. Ce fut l'occasion de nouvelles tortures à l'hôpital même : sur la poitrine nue, on plaça des bocaux avec des ferrures entrant dans la chair... Les soignants semblaient heureux de me voir souffrir... Dans cet hôpital de Sera, deux prisonniers d'opinion sont morts, faute de soins.

En 1998, dans notre prison, le 1er Mai, il faut célébrer la fête du Travail, la gloire de la Mère Patrie. Les prisonniers ont refusé de saluer le drapeau chinois. Les gardiens ont tiré, il y eut des blessés, certains sont morts.

Il y a encore 200 prisonniers d'opinion connus au Tibet, davantage en réalité. Je remercie les gouvernements et les Parlements qui ont fait des campagnes d'opinion pour qu'ils soient libérés. Ces campagnes sont efficaces.

C'est pourquoi je suis ici. Je vous invite à accroître et à renforcer vos actions, afin que les négociations en cours entre le Dalaï Lama et la Chine aboutissent, que l'autodétermination du Peuple Tibétain soit reconnue, que le choix de Pékin pour organiser les Jeux Olympiques de 2008 serve, dans toute la période de préparation, à mener des actions pour que les droits de l'homme soient respectés au Tibet.

M. Takna, en réponse à diverses questions :

Dans le Tibet oriental, la présence de nombreux colons a permis aux Chinois de devenir majoritaires, mais pour l'ensemble du Tibet, la population est composée de 50 % de Tibétains et de 50 % de Chinois. Les autorités chinoises donnent des chiffres différents : 5,8 millions de Tibétains, 7,5 millions de Chinois, mais elles y incluent les militaires. Leurs chiffres sont très douteux... On compte 130 000 Tibétains hors du Tibet, dont 100 000 sont en Inde. 85 000 ont pu suivre le Dalaï Lama lors de son exil.

Pendant toute ma détention, je n'ai jamais su qu'il y avait des personnes engagées dans le monde dans la lutte pour les droits du Tibet. Les détenus sont des personnes de non-droit. Je n'ai reçu aucun courrier.

Ce qui m'a fait tenir si longtemps : la seule force de ma détermination, la certitude que ma cause était juste et vraie : j'étais sûr que la vérité viendrait un jour à la lumière. Je devais résister, puisque la vérité devait émerger un jour ! Et puis, j'aime mon pays. Même si les Chinois répètent sans cesse que les Tibétains ne sont qu'une des 55 minorités qui habitent la Chine. Or ce n'est pas du tout la même chose. Le Tibet a une culture, une histoire, un art, un calendrier... Nous ne sommes pas une des 55 minorités inventées par les Chinois.

A la question de savoir quelles actions concrètes les parlementaires peuvent mener en faveur des Tibétains, M. Takna répond :

Toutes les actions que vous avez menées, parlementaires, associations, personnes individuelles, ont été efficaces : d'autres et moi-même ont été libérés. Depuis 1997-1998, les conditions de vie dans les prisons se sont améliorées.

Je n'ai pas de conseil à vous donner. Deux éléments sont importants :

- Faire reconnaître que le Tibet est sous occupation. C'est un fait depuis 50 ans. Il faut qu'il soit reconnu ;

- La liberté est très importante. Les Tibétains sont traités comme des sacs. L'absence de liberté nous empêche de garder notre culture. L'autodétermination est naturellement due au Peuple Tibétain. Je sais que le Dalaï Lama négocie. Il y aurait un statut d'autonomie dans le cadre de la République chinoise. Mais il convient d'être très clair car s'il n'y a pas une vraie liberté, organisée, nous serons écrasés. Il n'y a pas de vraie règle du jeu pour les Tibétains, donc pas de liberté. Même les cultivateurs et les nomades tibétains ont été trompés par les Chinois. Les négociations actuelles doivent aboutir à des accords concrets : Que l'on reconnaisse le gouvernement tibétain en exil !

Version imprimable | Actualités | Le Vendredi 05/08/2005 | 0 commentaires | Lu 1653 fois



Responsables du Génocide Tibétain

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CONSEIL D'ADMINISTRATION Alain HEMART (Président) / Françoise LIARD (Secrétaire) / Roland COSTE (Trésorier) / Sylvia RIMEY (Vice présidente) / Viviane KERLEGUER / Ghislaine BRAIDA / Magalie EXBRAYAT / Jacky EXBRAYAT

Tashi Delek / Namaste / Welcome

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  • Fisch Kassandre : L'hypocrisie n'a pas de limite! Comment montrer par exemple aux étudiants de dharamsala que des gens (en Occident) les soutiennent et se sentent concernés par leur révolte légitime?
  • gerard : LA CHINE DOIT RENDRE SA LIBERTE AU TIBET.
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  • freetibet : L'économie chinoise repose uniquement sur ses exportations ! Il serait tellement simple de "l'étrangler" !!
  • Plum : Les chinois sont de grands paranoïaques
  • eve : En train de lire le livre de Tenzin Kunchap; plus j'avance, plus le gouvernement chinois et aussi les gouvernements internationaux m'écoueurent. Comment avons nous pu et pouvons nous encore laisser les tibetains dans ces atrocités ? Les génocides, les tortures, les sévices physiques et morales, les horreurs... A bas le gouvernement chinois,oui au boycott des Jo, oui aux hurlements contre l'hypocrisie des politiques du monde. Je suis révoltée, j'ai mal, je pense aux Tibétains chaque jour.
  • MELMOTH : Weapons for free Tibet !
  • caricature Mao : Le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste chinois, consacre sur son site internet une page entière à l'affaire, qui fait la part belle aux réactions courroucées.
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    "Je suis un vieil ouvrier de 70 ans, j'ai beaucoup réfléchi mais je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi des gens défendent Mao avec acharnement", écrit l'un d'entre eux, Et d'ajouter : "A l'époque, outre la famine et la pauvreté, tout le monde avait le sentiment d'être en danger et dans une ambiance asphyxiante, en quoi Mao était-il grandiose ?".

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EN 1989 HU JINTAO a réprimé dans le sang la population tibétaine !! Puisse-t-il connaitre à son tour l'horreur et le malheur !!!!

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Association Aide aux Réfugiés Tibétains - 5 Rue Des Hirondelles - 69680 CHASSIEU - aartibetains@orange.fr

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1959, la Chine envahit officiellement le TIbet. 6000 monastères sont détruits et plus d'un million de tibétains sont exterminés. Depuis, la Chine continue sa politique de "nettoyage" envers les Tibétains qui doivent fuir régulièrement leur pays pour préserver leur culture et leur religion qu'ils essaient de maintenir en exil. Les actions de A.a.R.T (Aide aux Réfugiés Tibétains) se situent essentiellement à Dharamsala et ses environs ( Nord de l'Inde ) où sont en exil plus de 10 000 tibétains avec leur chef spirituel le Dalaï-Lama. A.a.R.T est une association à vocation humanitaire, qui prend soin de familles, d'enfants, d'étudiants et de personnes âgées, les plus pauvres, nouvellement arrivés du Tibet, et qui ont tout perdu dans leur fuite. Moyennant 20 à 25 euro par mois, une personne est officiellement parrainée, mais il est évident qu'il n'est pas possible de favoriser, s'il s'agit d'une famille, un enfant plutôt qu'un autre, l'argent est donc utile à l'achat pour tous les enfants de la famille de vêtements et chaussures pour l'école, de crayons et cahiers, de nourriture ... Il permet également à certains l'achat de matériels ( exemple : machine à coudre, four à pain ) qui permet ainsi à toutes les personnes habitant sous le même toit de vivre correctement. Un petit dossier et des photos sont remis au parrain ou à la marraine lors de la prise de décision du parrainage. Concernant la personne parrainée, le parrainage est une aide et non une assistance. La somme n'est pas suffisante pour couvrir tous les frais du parrainé parce qu'il est important que tout être aidé conserve l'estime de lui-même et sa force intérieure en continuant son "combat" pour la vie. De Même, nous insistons, concernant les parrains marraines, sur le fait que le parrainage ne se fait pas sur un "coup de tête" passager. IL est hors de question, qu'un être qui a déjà tout perdu, se sente encore abandonné moralement après quelques mois par un parrain ou une marraine indélicat qui a juste voulu "voir un parrainage de près", comme une "aventure exotique" sans importance. L'engagement moral est important, autant que l'engagement matériel ! Pour tous ceux qui ne désirent pas s'engager moralement mais qui désirent apporter une aide temporaire, A.a.R.T donne la possibilité de participer financièrement aux soins d'un grave problème de santé, nécessitant opérations et/ou lourds soins médicaux (dernièrement : opération du coeur suite à un anévrisme cardiaque, coût de l'opération : 2000 euro, opération de kystes dans le foie, coût de l'opération : 600 euro). A.a.R.T offre également, dans un registre plus "gai" la possibilité de faire un don unique pour aider à l'élaboration de petits projets professionnels de nouveaux réfugiés sans possibilité financière. Dans chacun de ces trois cas, l'aide est efficace et vraiment salutaire !Deux fois par an en moyenne, l'argent des parrainages est acheminé sur place, et distribué aux personnes concernées. Un rapport d'activité est ensuite envoyé à chaque parrain sur les conditions de vie du moment de leurs petits protégés. Il est vivement souhaité de correspondre avec l'enfant parrainé, famille, étudiant ou personne âgée, de leur faire parvenir des photos et autres liens ( petits souvenirs, vêtements, ... ) Lors des voyages réalisés pour acheminer l'argent, le "messager" de l'association est toujours chargé de très nombreux courriers, photos et colis par les parrains et marraines. Au retour, le même processus a lieu dans l'autre sens : les enfants et familles tibétaines remettent toujours lettres et petits cadeaux remplis de symbole d'amour pour leurs parrains, et quelques photos s'ils en possèdent. Les parrains et marraines sont encouragés à rendre visite à leur filleul en Inde, car ceux-ci les attendent et rêvent de les rencontrer. Savoir que quelqu'un pense à eux en Europe les aide à se reconstruire moralement, ce rôle psychologique est très important. En fin d'année, un justificatif des versements est envoyé, pour déduction fiscale ( 50% des dons, à hauteur de 3.5% des revenus annuels ). Si vous êtes intéressés, n'hésitez pas à nous contacter, et dans tous les cas, merci de l'intérêt que vous avez porté au sujet et du temps que vous avez passé à nous lire.

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