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HISTOIRES D'HORREUR : LA TORTURE AU TIBET

Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie

Tibetan Centre for Human Rights and Democracy (Dharamsala – Inde)

Histoires d'horreur : la torture au Tibet
Décembre 1998

Version française :

Les Amis du Tibet asbl – Belgique
Avenue Georges Pètre, 23, 1210 Bruxelles
E-mail : amistibet@hotmail.com

 

Préface

La torture de prisonniers politiques tibétains a été utilisée comme méthode de répression depuis que les Chinois ont envahi le Tibet dans les années 1950. Malgré que la Chine déclare qu’elle adhère à la loi internationale interdisant l’utilisation de la torture, le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie (Tibetan Centre for Human Rights and Democracy - TCHRD) a rassemblé d’innombrables témoignages d’anciens prisonniers politiques démontrant que la torture est toujours utilisée de façon routinière. Les prisonniers politiques courent le plus grand risque d’être torturés. Ces personnes, dont la plupart sont des moines et des nonnes, sont souvent emprisonnées pour avoir ouvertement exprimé leur soutien au Dalaï Lama et à un Tibet indépendant - or il s'agit là de droits protégés par une législation internationale.

Le 4 octobre 1988, la République populaire de Chine a ratifié la Convention des Nations unies contre la torture et autres traitements cruels ou dégradants qu’elle avait signée le 12 décembre 1986. Un membre de la délégation chinoise à l’Assemblée générale des Nations unies a déclaré en novembre 1988 que “la Chine mettrait en pratique en toute bonne foi ses obligations fixées dans la convention". Depuis que la Chine a signé ce texte, 60 personnes sont mortes de la torture pendant leur emprisonnement. De plus, des dizaines d’autres ont été tuées pendant des manifestations pour l'indépendance. Beaucoup d’autres se sont suicidés sous la contrainte d’avoir été forcés à renoncer à leurs croyances religieuses ou parce qu'ils ne pouvaient plus endurer leurs conditions de détention.

En 1993 et 1996, le Comité des Nations unies contre la torture, un groupe d’experts légaux, a demandé à la Chine d’instaurer un pouvoir judiciaire vraiment indépendant et de changer ses lois afin de bannir toute forme de torture. En mai 1996, le Comité déclarait : “La Chine a commis la faute de ne pas incorporer dans son système légal propre une définition de la torture consistante avec les clauses de la convention.” Douze ans après la ratification de la Convention contre la torture, la Chine a signé le 5 octobre 1988 le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. La Chine a maintenant signé tous les textes importants des Nations unies concernant les droits de l'homme, mais son comportement des dernières années démontre que les autorités font très peu d’efforts afin de tenir leurs engagements légaux internationaux.

Une des preuves que la Chine continue à abuser des droits humains de la façon la plus terrible est présentée dans les récits personnels d' “Histoires d'horreur”. Le TCHRD a interviewé des anciens prisonniers politiques en Inde et au Népal afin d’obtenir une vue d'ensemble de la situation actuelle concernant la torture au Tibet. Les récits personnels de torture reçus par le TCHRD reflètent seulement une infime partie de la situation réelle au Tibet. Aux fins de cette publication, la notion de torture est basée sur la définition utilisée par la Convention des Nations unies contre la torture et autres traitements cruels ou dégradants, qui comprend aussi bien la torture physique que mentale.

Le TCHRD a également limité les récits de torture aux Tibétains ayant été détenus ou arrêtés, situation dans laquelle elle est la plus fréquente.


Introduction

Une personne peut être emprisonnée pour avoir participé à toute activité politique indépendantiste, par exemple manifester, distribuer des tracts, coller des affiches, crier des slogans comme “Libérez le Tibet”, etc. A ce stade, la personne est généralement emmenée dans un centre de détention où une confession doit être obtenue avant qu’une arrestation formelle puisse avoir lieu. Ce genre de crimes “politiques” ont jadis été nommés “contre-révolutionnaires” et sont maintenant classés comme “mettant en danger la sécurité de l’Etat”.

A ce stade initial, des interrogatoires sont généralement effectuées par la Police armée du peuple, l’organe militaire de la Chine. Des suspects peuvent également être détenus à la station de police locale, connue sous le nom de Bureau de la sécurité publique. Les interrogatoires sont considérées comme nécessaires afin d’obtenir une confession. Dans la majorité des cas, ils sont accompagnés de torture. Il y a aussi eu des récits personnels de torture faite par des membres du ministère public et des membres officiels de la justice. Aussi bien des Chinois que des Tibétains sont employés dans ces organismes officiels.

Un détenu est généralement gardé entre deux et six mois avant qu’une peine soit prononcée par les canaux administratifs ou judiciaires. Les prisonniers n’ont presque aucune possibilité de se défendre. Bien que les juges soient souvent au courant que les prisonniers ont été battus ou torturés afin de leur extraire une confession, ils ont tendance à suivre les recommandations du représentant du ministère public. Selon le système judiciaire chinois, cet officiel aura rendu visite au prisonnier avant le procès. Une sentence judiciaire peut consister en un emprisonnement à vie ou même en une condamnation à mort. Un tribunal administratif, par contre, peut imposer une peine allant jusqu'à trois ans (parfois prolongée d’un an) de “rééducation par le travail”, connu sous le nom de “laogai”. Ce sont les autorités qui décident si les prisonniers auront une condamnation judiciaire ou administrative.

Plusieurs techniques de torture sont utilisées durant la détention. Des témoignages recueillis pendant des années ont indiqué que les méthodes sont devenues de plus en plus sophistiquées, avec l’introduction de nouvelles versions d’instruments comme le bâton électrique (parfois appelé aiguillon à bétail électrique) ou la technique consistant à blesser les victimes intérieurement plutôt que de causer des marques extérieures visibles. Une autre technique fréquemment utilisée est l’agression sexuelle avec des instruments de torture perpétrée à l'encontre les femmes, en particulier contre les nonnes. De plus, on refuse aux victimes torturées en prison le traitement médical dont elles ont besoin. Dans certains cas, ceci a mené à des mutilations physiques irréversibles, dans d’autres cas, à la mort. Cependant, si une personne est sur le point de mourir, elle est transférée dans sa famille ou à l'hôpital, afin que les autorités ne puissent pas être tenues responsables.

Répression brutale de manifestations pacifiques

La plupart des témoignages de cette publication proviennent de Tibétains qui ont été emprisonnés à cause de leur participation à des manifestations pour l’indépendance, organisées à travers tout le Tibet entre 1987 et 1993. On a estimé que plus de 200 manifestations ont eu lieu pendant cette période de six ans, initiées par une action pacifique pour l'indépendance le 27 septembre 1987. Il n’y avait plus eu une manifestation aussi importante en nombre de participants à Lhassa depuis la révolte de 1949. D’autres actions de protestation majeures ont eu lieu dans les mois qui ont suivi, chacune déclenchant des réactions violentes des autorités, telles que fusillades ou emprisonnements accompagnés de torture; rendant ainsi nulle la signature par la Chine de la Convention internationale contre la torture. A peu près 3500 arrestations politiques ont été faites pendant cette période, la plupart des personnes ont été arrêtés pendant qu’ils participaient aux actions de protestation[1]. Les participants, souvent des moines et des nonnes, ont été étiquetés d'ennemis politiques, et les blessés n'ont souvent pas reçu de soins à cause de leur participation à ces actions.

Le première grande manifestation, le 27 septembre 1987, avait été initiée par un groupe de moines du monastère de Drepung à Lhassa. Elle a été provoquée par l’exécution publique de deux Tibétains et la condamnation de neuf autres trois jours auparavant, auxquelles environ 15 000 personnes ont assistées. Un rapport publié dans le Tibetan Bulletin, un journal édité par l’administration tibétaine en exil, notait que l’exécution avait un motif secret : “L'évènement avait été organisé par les autorités chinoises afin de critiquer le Dalaï Lama et le soutien international qu’il avait reçu pour sa proposition pacifique de restauration des droits humains au Tibet.”[2] En réaction à l'évènement, 20 à 30 moines[3] du monastère de Drepung et plus de cent laïcs ont porté des drapeaux et ont demandé l’indépendance du Tibet sur la plus grande place de marché de Lhassa, le Barkhor. Après, ils ont défilé autour de la cathédrale centrale. Beaucoup ont été immédiatement arrêtés, torturés et emprisonnés pour des périodes allant jusqu’à quatre mois.

Une deuxième manifestation pacifique, dirigée cette fois par des moines du monastère de Sera, a été organisée le 1er octobre 1987 et a dégénéré en violence. Les autorités chinoises ont arrêté jusqu’à 60 personnes[4] et les ont détenus à la station de police du Barkhor. Une foule de 3.000 personnes s'est postée devant la station de police. Des pierres ont été jetées, des véhicules ont été retournés et la station a été incendiée pendant que les protestataires étaient encore à l’intérieur. Les autorités ont riposté en tirant dans la foule depuis le toit de la station. Au moins 19 personnes auraient été tuées et des centaines d’autres blessées. Le jour après, pendant que des garnisons de soldats gardaient la ville, la police de sécurité a attaqué le monastère de Sera et a procédé à des arrestations en masse.

Le 6 octobre 1987, à peu près 12 personnes auraient été tuées pendant une autre manifestation pacifique. On a procédé à des arrestations en masse pendant le mois d’octobre, incluant les participants aux manifestations. On a reporté jusqu’à 600 arrestations et plusieurs cas de torture pendant la détention[5].

Mais le 5 mars 1988 a marqué l'événement le plus violent en ce qui concerne les manifestations. Le dernier jour du festival de prière Monlam, une fête qui attire des centaines de milliers de pèlerins venant des quatre coins du Tibet, des moines du monastère de Ganden ont affronté des officiels pendant la cérémonie de clôture, leur demandant de relâcher un prisonnier politique, Yulo Dawa Tsering. Bien que la séquence des évènements ne soit pas claire, un officiel chinois a abattu un homme venant du Kham, et la situation a dégénéré très vite. Les autorités ont commencé à utiliser des gaz lacrymogènes et ont tiré dans la foule quand les gens ont commencé à crier des slogans[6].

Pendant qu’ils accomplissaient leur dernier tour du Barkhor, les moines se sont dirigés vers le temple de Jokhang afin de s'y réfugier. La police chinoise a attendu à l’intérieur, a fermé les portes et a attaqué la centaine de moines en utilisant des bâtons à clous et des couteaux. Des témoins ont rapporté que les moines ont été battus et jetés en bas du toit et des gaz lacrymogènes ont été utilisés. Environ 15 moines ont été battus à mort à l’intérieur du Jokhang par les soldats de la Police armée du peuple. Un grand nombre de personnes, probablement plus de 1000, incluant 100 moines[7], ont été arrêtées à Lhassa après la manifestation. Beaucoup de détenus ont été torturés.

A partir du 1er octobre 1988, Lhassa a été interdit d’accès et, en plus de la sécurité patrouillant la ville, un escadron spécial d’environ 12.000 soldats a été stationné pour se charger d’éventuelles manifestations ultérieures. Certaines sources estiment qu’il y avait jusqu’à 200.000 soldats chinois dans et autour de Lhassa à cette époque. Deux mois plus tard, le 10 décembre 1988, une autre manifestation marquant la journée des droits de l'homme a eu lieu. La police chinoise a tiré dans la foule sans prévenir, tuant 18 personnes[8].

La loi martiale est décrétée

Un an après le massacre des moines pendant le festival Monlam, une vague de manifestations a eu lieu en mars. Un groupe d'une douzaine de moines, nonnes et jeunes ont organisé une manifestation pacifique au Jokhang le 5 mars 1989. Le nombre de participants augmentant, la police positionnée sur les toits a commencé à tirer. Presque tous les protestataires initiaux ont été tués. Des actions ont continué le jour après, amenant 1500 Tibétains dans les rues. Des incidents violents, notamment des incendies de magasins, ont eu lieu. D'après un témoin chinois, Tang Daxian, cité par le Tibet Information Network (TIN) en juin 1990, "les autorités chinoises ont pour la première fois massacré ouvertement les manifestants. Environ 400 sont morts, plusieurs milliers ont été blessés et 3000 ont été emprisonnés."

En réponse à ces actions de protestation, la loi martiale a été décrétée à partir du 7 mars 1989 à minuit. Un millier de soldats chinois en armes sont entrés dans Lhassa pendant la nuit et ont fouillé les maisons, à la recherche de personnes soupçonnées d’avoir participé à la manifestation. Des douzaines de Tibétains, dont des enfants, ont été emmenés et jetés dans des camions militaires. Pendant les trois premiers jours d’occupation, à peu près 75 personnes auraient été tuées[9]. Rien que pendant le mois de mars, 30.000 soldats sont entrés dans Lhassa[10]. Pendant les 13 mois qu'a duré la loi martiale, les autorités avaient le droit d’utiliser la violence sans aucune restriction, celle-ci allant des raclées aux tirs dans la foule désarmée.

La loi martiale et la présence militaire dominante ont restreint toute activité à grande échelle jusqu’en 1993. Cette année-là, le 24 mai, une manifestation a été organisée à Lhassa. Au départ, un millier de laïcs protestaient contre la hausse des prix des aliments. Au bout de six heures de manifestation, celle-ci a été réprimée quand les gens ont commencé à demander l’indépendance. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes contre la foule, blessant des participants. Ils ont également arrêté plusieurs personnes. Quelque 289 prisonniers politiques ont été arrêtés en 1993, c’est-à-dire 150 de plus que l’année précédente[11].

Révoltes récentes

Malgré les instruments internationaux que la Chine est légalement forcée de respecter, la vague de répression culturelle et religieuse contre les Tibétains ne cesse pas. Le 5 août 1998, la Chine a signé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, juste après la vague de violence et de tortures qui a eu lieu à la prison de Drapchi en mai 1998. Onze morts ont été rapportés, les gardiens de prison ayant ouvert le feu sur des manifestants le 1er et 4 mai 1998. Parmi ceux qui sont morts après cette éruption de violence, il y avait six nonnes qui avaient participé à la manifestation. Des rapports du TCHRD et d’autres groupes des droits de l’homme indiquent que les protestataires ont été torturés et mis en isolement. Cependant, malgré la pression internationale, il a fallu cinq mois avant que les autorités chinoises n'admettent qu’une fusillade avait eu lieu. En octobre 1998, elles ont prétendu que les gardiens avaient tiré en l’air[12], tout en continuant de nier qu'il y ait eu des morts.

Outre les morts, un des aspects les plus préoccupants de l’incident de Drapchi est la durée sans précédent imposée par les autorités avant que des éléments de l’incident ne soient connus à l'extérieur. Il a fallu des mois avant que tous les détails sur les meurtres et les tortures arrivent du Tibet. Le TCHRD a reçu des témoignages concernant des prisonniers politiques de Drapchi auxquels on refusait leur droit de visite et dont les gardiens changeaient constamment afin de prévenir toute fuite vers l'extérieur. Ce dernier incident, ajouté aux cas individuels de répression qui continuent, démontre que la Chine n’adhère absolument pas aux instruments internationaux des droits de l’homme et ne change en rien sa répression historique contre les Tibétains.


Histoires d'horreur : la torture au Tibet

Depuis 1986, date à laquelle la Chine a signé la Convention contre la torture des Nations unies, on sait que 63 prisonniers politiques sont morts torturés pendant leur détention ou emprisonnement.

La torture pendant la détention consiste pour la plupart du temps en abus physiques, mais elle peut avoir des lésions psychologiques permanentes pour les survivants. Les témoignages qui suivent sont les récits de personnes ayant survécu à la torture en prison ou en détention. La torture pendant la détention est généralement associée à des interrogatoires et peut aller de forcer le prisonnier à rester debout dans une chambre gelée à des chocs électriques infligés par des aiguillons à bétail électriques. La plupart des détenus ont enduré une variété de techniques.

La torture pendant l’emprisonnement prend d’autres formes, comme le travail forcé et des exercices. Chaque jour, les prisonniers doivent atteindre un quota de travail, même s’ils sont malades ou souffrent de blessures suite aux passages à tabac. Certains ont décrit ces exigences physiques comme plus dures que les coups. Il y a aussi des techniques qui ont un effet plus profond sur le psychisme, comme par exemple l’extraction de sang et de liquides corporels ou la privation de nourriture. Les moines et les nonnes souffrent souvent des formes de torture psychologique les plus terribles, car on les force à violer leurs croyances religieuses. Par exemple, une méthode d’abus psychologique est de forcer les nonnes et les moines à porter des thankas (peintures religieuses) couverts d'excréments humains.

“La pire torture que j’ai endurée a été quand on m’a attaché avec des menottes, les bras autour d’un poêle brûlant, pendant toute une journée sans boire ni manger. La chaleur torride du poêle a formé des ampoules sur tout mon corps. De l’eau coulait des ampoules et quand on a enlevé mes menottes le soir, mes bottes étaient remplies d’eau provenant de la sueur de mon corps,” a rapporté Lobsang Dhargay, un moine du monastère de Ragya. Il avait été arrêté pour avoir distribué des tracts intitulés “Libérez le Tibet” et “Chinois, quittez le Tibet”. Il a été détenu à la prison de Golak sans avoir eu de procès. A chaque interrogatoire, il a été battu avec des bâtons et il recevait des chocs électriques par des aiguillons à bétail. Il s’est échappé du Tibet le 2 avril 1997 et est arrivé à Dharamsala en Inde le 28 avril 1997.

Une forme de torture couramment décrite par d'anciens prisonniers est de pendre les prisonniers au plafond au-dessus d'un feu. Souvent, on jette du piment sur les flammes, ce qui produit une fumée épaisse qui accroît les brûlures. “Quand ils jetaient le piment sur le feu, cela provoquait une sensation de brûlure terrible sur tout mon corps, et chaque fois j’étais incapable d’ouvrir mes yeux pendant plusieurs heures,” a rapporté Jampel Tsering, un moine du monastère de Gaden. Il a été détenu pendant cinq ans à la prison de Drapchi pour avoir mené une manifestation à Lhassa en 1989.

On utilise aussi des cordes comme durant l’interrogatoire. Au début, la corde est mise sur la poitrine du prisonnier et descendue en spirale le long de chaque bras. Les poignets sont alors attachés ensemble et tirés en arrière, au-dessus de la tête de la personne. Ensuite, les extrémités sont tirées en dessous de chaque aisselle, puis passées à travers la boucle sur la poitrine et tirées violemment vers le bas. Immédiatement, les épaules sont démises, contorsionnant horriblement le prisonnier, mais sans l’étrangler.

Ceci est seulement une des multiples techniques de torture auxquelles Palden Gyatso a survécu. Il a été emprisonné pendant 33 ans pour des raisons politiques. “D'abord, ils ont attaché notre cou, puis ont noué nos mains à notre cou. Ils ont noué les cordes comme on le fait avec un sac, en utilisant le mur comme support. Nous avons été attachés pendant les sessions d’interrogatoire, puis pendus au plafond. Si nous ne donnions pas de réponse satisfaisante, ils enlevaient nos vêtements, nous pendaient de nouveau au plafond et les tortionnaires nous jetaient de l’eau bouillante sur tout le corps.”

Une autre méthode décrite par Palden Gyatso, relâché en 1992 et vivant aujourd’hui à Dharamsala, est la menotte auto-serrante, appelée aussi “menotte jaune”. Celle-ci est conçue et fabriquée spécialement en Chine. Des dents sont à l’intérieur de la menotte et quand la victime bouge, elles sortent automatiquement et entaillent le poignet. Un autre type de menottes cause des ampoules sur le poignet qui deviennent des inflammations et se développent par après en brûlures. Ces menottes sont toujours fréquemment utilisées dans les prisons chinoises.

Lhundup Ganden (nom laïc : Ganden Tashi), un moine de 30 ans du monastère de Ganden (Lhassa) a été au départ emprisonné pour trois ans en 1989 et relâché en 1992, quand il était paralysé à cause des tortures extrêmes qu'il avait endurées. Il a été un des manifestants du 5 mars 1988, demandant l’application des droits de l’homme au Tibet et la libération d’un prisonnier politique du nom de Yulo Dawa Tsering. Après que la police ait jeté des gaz lacrymogènes sur les manifestants, Lhundup Ganden a été arrêté avec sept autres moines. Ils ont été emmenés dans une pièce où des officiers de police et des soldats chinois les ont obligé à se déshabiller, puis les ont battu avec des bâtons, des crosses de fusils et des battes en caoutchouc. Ils les ont électrocuté avec des aiguillons électriques, tout en leur jetant de l’eau afin d’augmenter le choc. “Quand je suis revenu à moi, j’ai réalisé que je me trouvais au centre de détention de Gutsa, les mains liées. La torture la plus horrible a été quand ils m’obligeaient à me déshabiller et qu'ils m'électrocutaient sur tout mon corps avec des aiguillons électriques. Après, je ne pouvais pas dormir ni sur mon dos, ni en étant assis. Ma peau s'est gonflée, devenant verte et bleue, et j’avais aussi des coupures. Des aiguillons et des fils électriques sont utilisés tout le temps : ils nouent les fils autour du poignet et le choc est extrêmement douloureux. A Gutsa, on m'a pendu souvent, chaque fois pendant 10 à 15 minutes. Il y a beaucoup de façons de pendre les gens : on attache les mains du prisonnier, on le pend au plafond et on le bat.”

Pendant leur détention au centre de Gutsa, Lundhup, deux autres jeunes Tibétains et une femme ont tous été dénudés pendant que des officiers de police les entouraient dans la salle d’interrogatoire. Ils ont tous les quatre été électrocutés avec des aiguillons électriques et on a frappé Lundhup sur la tête avec une crosse de fusil. Plus tard, quand il a été rappelé afin d’être interrogé, il ne pouvait pas marcher et devait être soutenu par des compagnons de prison. Lundhup a été blessé sérieusement à la tête a cause des tortures utilisées pendant les interrogatoires et aujourd’hui, longtemps après les évènements et cinq ans après sa libération, il souffre encore de migraines.

Un des plus terribles souvenirs que Lhundup a gardé de Gutsa est le jour où un camion rempli de prisonniers politiques tibétains est arrivé à la prison : “ Ils avaient tous été torturés d’une telle façon qu’ils ne pouvaient rester debout, alors les officiers chinois les ont jeté tout simplement hors du camion. Le Bureau de la sécurité publique continuait à jeter les prisonniers l’un sur l’autre. Certains étaient capables de bouger et essayaient de grimper hors de la pile. Le hall du centre de détection était repli de sang. Trois cadavres de prisonniers ont été trouvés dans la pile et ont été ramenés dans le même camion."

Lhundup a vu plusieurs compagnons de cellule à Gutsa mourir sous la torture et la privation de nourriture. Après cette période, pendant son séjour à la prison d’Outridu, on lui a rapporté que trois prisonniers s’étaient suicidés. A Outridu, il a été détenu en isolement sans aucun contact avec le monde extérieur pendant 34 jours. Le sol de la cellule était en métal et il n’y avait pas de lit. On lui avait passé des menottes aux mains et aux pieds. Il a reçu deux maigres repas par jour et il ne pouvait pas sortir pour aller à la toilette.

Décès dû à l'emprisonnement

La mort due à la torture pendant la détention ou l’emprisonnement a des caractéristiques distinctes. Lorsque le prisonnier est sur le point de mourir à cause de la torture, il est en général hospitalisé ou relâché. La personne meurt souvent hors des murs de la prison, ainsi, les autorités ont l’air moins coupables. Les prisonniers meurent également à la suite de maladies prolongées et non traitées dues à la détention. Le TCHRD a depuis l'année 1986 rapporté 17 morts confirmées de personnes décédées immédiatement après avoir été relâchées de prison, soit à l’hôpital soit à la maison. Toutes les victimes avaient été torturées.

Jampel Thinley, un moine accusé en 1997 d’avoir collé des affiches “contre-révolutionnaires” sur les murs d’un monastère est mort dans les quatre jours après sa libération. A l’hôpital, ses amis proches l’ont entendu murmurer qu’on ne lui avait donné ni eau ni nourriture pendant les neuf jours et nuits qu’il avait été battu et torturé. Les autorités n'ont fourni aucune explication quant à sa mort, même si à son enterrement plusieurs moines avaient vu que son corps était devenu rouge et bleu.

Un autre moine du monastère de Chamdo, Jamyang Thinley, âgé de 25 ans, est mort le 13 septembre 1996, cinq jours après sa libération soudaine de la prison. Il avait été arrêté le 30 mai 1996 après que les autorités chinoises aient trouvé des tracts politiques dans sa chambre. Il a enduré quatre mois de terribles tortures et passages à tabac à la prison de Chamdo et il se trouvait dans un était critique lors de sa libération. Un autre moine de Chamdo ayant vu le cadavre de Jamyang avant sa crémation, a déclaré : “Son dos et son cou étaient recouverts d’ampoules dues à l’électrocution. Il avait été battu si violemment que son corps était entièrement noir et bleu. Il y avait des poches de sang coagulé sur certaines parties de l’estomac."

Phurbu Tsering, également nommé Phurtse, a participé à la manifestation pacifique à Lhassa le 5 mars 1989. Il a été arrêté le même jour par un officier du Bureau de la sécurité publique, qui l'a battu pendant qu’il se trouvait en détention à la station de police près du Jokhang. Phurbu Tsering ne s’est jamais remis d’un coup violent sur la tête avec une barre en métal. Il a été admis à l'hôpital populaire de Lhassa et le jour même, sa famille a été avertie qu’il devait se faire opérer. Il est resté dans le coma pendant 18 jours après l’opération. Quand il a été à la maison, une partie de son corps est devenu paralysée et il a commencé a avoir des convulsions. Il est mort le 7 février 1996 à l’âge de 36 ans.

Kalsang Thutop était l’un de quatre membres dirigeant un groupe secret pro-démocratique au monastère de Drepung. Ils avaient édité un livre sur la démocratie ("La précieuse constitution démocratique du Tibet", 1988) ainsi qu’une traduction de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Par après, les livres ont été découverts par la police. Le 30 novembre 1989, Kalsang et neuf autres moines ont été condamnés à 15 ans de prison à Drapchi. “Le matin du 4 juillet 1996, il a été emmené afin d’être interrogé. Quand il est revenu quelques heures plus tard, il ne pouvait prononcer aucune parole. Apparemment, il avait été gravement blessé à la suite de passages à tabac par les officiers de la prison. Il a été immédiatement emmené à l’hôpital de la prison et le matin suivant il est mort,” a déclaré Jampel Tsering, un ancien prisonnier politique.

Rinzin était un homme âgé de 61 ans venant de Mugrum Trehte, dans le comté de Labrang, Ngari. Selon un témoignage recueilli, il a été emprisonné pendant trois ans sans avoir été jugé. “Il avait ouvertement gardé une photo du Dalaï Lama sur son autel, longtemps après que les autorités chinoises avaient interdit ces représentations. Quand trois officiers chinois ont vu la photo et l'ont questionné, il a répondu : “Si nous ne pouvons voir la personne en vrai, quel mal y a-t-il à avoir sa photo ?” Sa franchise a été la raison de sa mort. Il a été détenu pendant un mois à la prison de la ville et on lui a refusé toute visite. Des témoins ont rapporté qu’il avait l’air très faible et mal nourri avant d’être transféré à la prison de Ngari. Pendant sa détention, il souffrait de tuberculose. “Personne ne sait ce qu’il a subi en prison” a rapporté le même témoin, “il a été détenu à l’hôpital de la prison pendant un mois. Après cela, on l'a relâché, car sa condition avait empiré. Après sa libération, il a vécu seulement un mois à la maison. Il était tellement malade qu’il ne pouvait parler, et il était toujours alité. Il est mort aux alentours du 11 février 1997.”

Blessures internes et manque de traitement médical

Infliger des blessures internes est un moyen sophistiqué de camoufler des signes visibles de torture. Une façon courante de tuer les prisonniers est d’endommager les reins. Ceci suggère que les tortionnaires se concentrent intentionnellement sur l'intérieur du corps afin de minimaliser les blessures externes. Quand les blessures causées sont si graves qu’elles pourraient provoquer la mort, comme dans le cas de la nonne Rinzin Choeden, le prisonnier est souvent relâché. Une semaine après son arrestation, qui avait eu lieu le 8 mars 1989 à la suite d’un manifestation, Rinzin a été ramenée à son couvent de Shugseb dans une condition critique. Ses reins avaient été endommagés par suite de la torture. Elle est décédée en 1990 à l'âge de 25 ans.

Un autre ancien prisonnier, Lobsang Shakya, un moine détenu pour avoir refusé de reconnaître le Panchen Lama désigné par les Chinois, a déclaré que les gardes évitaient tout particulièrement à lui infliger des blessures externes en le battant. Une fois il en a entendu dire un : “Ne le blesse pas à l'extérieur, mais neutralise-le par des blessures internes.”

Même si les prisonniers souffrent de blessures infligées par la torture, il ne reçoivent pas assez de traitements médicaux ou alors on les soigne trop tard. Ceux qui ont survécu ont souvent les dommages définitifs. Une nonne, Kunchok Tsomo, a passé trois ans en prison avec un bras cassé par une crosse de fusil lors de son arrestation pendant une manifestation en mai 1993. Son bras n’a jamais été soigné. Sa blessure était aggravée par les travaux qu’on lui a infligés en prison, notamment le nettoyage et la séparation de la laine. Après sa libération, un médecin a constaté que la chair avait poussé autour et dans l’os cassé. En 1998, sa condition ne s’était toujours pas améliorée et à ce jour elle est toujours sous traitement médical.

Tashi Tsering, un personnage public connu de Shigatse, a été arrêté le 28 mai 1989 pour avoir distribué de la littérature indépendantiste à Yangmo, Shigatse. Il a été condamné à sept ans de prison pour “propagande et incitation contre-révolutionnaires”. On a rapporté qu’il a été admis avec des problèmes au coeur à la clinique de la prison en avril 1991. Il a été relâché en septembre 1994 sur base médicale, car sa santé s'est détériorée à cause de la torture en prison, mais il est décédée après que plusieurs tentatives médicales aient échoué.

Lakpa Tsering est mort après qu’on lui ait refusé au moins par trois fois de l’aide médicale. Il est mort le 15 décembre 1990, 13 mois après son arrestation. Son cas a retenu l’attention internationale et le gouvernement de la RPC a dû se justifier. En décembre 1990, devant une délégation étrangère en visite à la prison de Drapchi, Lhakpa avait désobéi avec audace aux instructions. Il a refusé de dire aux visiteurs que le Tibet n’avait jamais été indépendant et que la pays avait toujours fait partie de la Chine. De ce fait, il a été soumis à des séances d’interrogatoire intensives et a été battu violemment. Des compagnons de cellules avoisinantes l’ont entendu crier : “Mère, sauve-moi, s'il te plaît, ils vont me tuer.” Il avait 20 ans quand il est mort.

Après sa mort, 93 prisonniers de la section des hommes de la prison de Drapchi ont organisé une action de protestation silencieuse. Des morceaux du matelas de Lhakpa ont été distribués à tous les prisonniers. Ils en ont fabriqué des drapeaux de protestation. La housse du matelas a été utilisée comme bannière quand ils devaient sortir pour aller travailler. La manifestation a résulté en une action sans précédent des autorités : des soldats de l'Armée populaire de libération sont entrés dans la prison le 16 décembre et y sont restés jusqu’au lendemain matin. L’autopsie a révélé que le corps de Lhakpa était couvert d’ecchymoses, de poches de sang sous la peau et de sang coagulé sur le nez. Les ongles des mains étaient bleus. Un rapport inofficiel fait par les médecins et officiels autopsiant le corps notait que Lhakpa est mort suite à une infection interne, causée par le non-traitement de lacérations intestinales dues aux passages à tabac.

Amnesty International a demandé d'urgence d’enquêter sérieusement sur les résultats de l’autopsie et de rendre immédiatement ce rapport public. Le 10 janvier 1991, Asia Watch, une autre organisation internationale oeuvrant pour les droits de l’homme, a demandé au Premier ministre chinois de l'époque, Li Peng, “une enquête complète et impartiale afin de déterminer la cause du décès de Lhakpa Tsering, et s’il s'avérait qu'il avait été torturé, de poursuivre toute personne responsable”. Le 6 avril 1991, l’agence de presse officielle de Chine, Xinhua, a cité un discours prononcé par Gyaltsen Norbu, le président de la "Région autonome du Tibet" à l’ambassadeur des Etats Unis de l'époque, James Lilley. Il avait déclaré que Lhakpa Tsering était devenu malade en octobre 1990 et était mort à la suite d’une appendicite et d’une péritonite. Il n’a pas expliqué pourquoi Lhakpa Tsering n'a jamais été hospitalisé.

Extractions forcées de sang et de liquides corporels

L’extraction forcée de sang est une méthode de torture physique et psychologique utilisée afin d’affaiblir physiquement les prisonniers. Au Tibet, dans ces altitudes très élevées, une perte de sang affaiblit très vite une personne en bonne santé. De ce fait, comme les prisonnier sont déjà dans un état de santé fragile dû aux privations et aux corrections, l’extraction de sang peut les tuer. On a obligé Phuntsok Zomkyi, qui était emprisonnée durant trois ans à partir de 1989, à donner du sang à la prison de Trisam après l’avoir à plusieurs reprises battu et torturé.

On prélève également du sang sous prétexte de faire des examens médicaux. Thupten Tsering, un moine âgé de 70 ans qui a échappé du Tibet en novembre 1996, a rapporté qu’en 1990, on avait annoncé aux prisonniers politiques de la prison de Drapchi qu’ils allaient être soumis à des examens médicaux. “Les médecins ont prélevé du sang de chaque détenu, mais nous n’avons jamais reçu de rapport médical.”

De plus, ces extractions peuvent avoir de sérieux effets psychologiques, en particulier pour les moines et les nonnes. Même pendant la période de famine dans les années 1960, quand la Chine offrait de la nourriture en échange de sang, aucun Tibétain ne se portait volontaire. Ceci a entraîné une campagne durant la guerre frontalière sino-indienne de 1962, où on obligeait les Tibétains à donner du sang. Dans son livre intitulé “En exil du pays des neiges", John Avedon a écrit qu’on prélevait aux Tibétains âgés de 15 à 35 ans une et demie fois la quantité normale de sang. Les dits “ennemis de classe” ont été les donateurs forcés principaux. La campagne a tué beaucoup de personnes, car elles étaient déjà affaiblies à cause de la famine.

On a annoncé à Jimpa Lhamo, une nonne emprisonnée à la prison de Seitru pendant six mois et demi en 1991 pour participation à une manifestation pour l'indépendance, qu’elle devait aller à l’hôpital afin de donner du sang. “On m’a emmené dans un hôpital militaire dont le personnel était tibétain. Le médecin a dit au Bureau de la sécurité publique que mon sang n’était pas bon et qu’il était impossible de l’extraire. Alors on m’a emmené dans un hôpital chinois près de la prison, où deux flacons de sang ont été prélevées. Puis on m’a ordonné de me lever, mais je ne pouvais pas car j’étais trop faible. Alors, les Chinois se sont mis à me battre avec des bâtons. Ils ont également introduit un tube en caoutchouc dans ma bouche et ils y uriné. Ils m'ont battu longtemps. A la fin, je suis devenu furieuse et j'ai dit : “Si vous voulez me tuer, allez-y !”. Au lieu de cela, ils m'ont reconduit à ma cellule qui était remplie d’ordures et d’excréments."

On effectue également des extractions de liquides corporels pour en faire des remèdes. Phuntsok Yangkyi, une nonne du couvent de Michungri (Lhassa) a été arrêtée le 3 février 1992. Quand elle a été transférée dans un hôpital policier vers la moitié de 1994, des médecins chinois lui ont fait à deux reprises une piqûre dans le dos et ils ont extrait un liquide corporel (en tibétain : Geychu). Les Chinois croient que ce liquide augmente la vitalité. Après l’extraction, Phuntsok est entré dans le coma et ses ongles, sa langue et ses lèvres sont devenus bleu et noir, ce qui est un signe d’empoisonnement. Elle est morte le 4 juin 1994, à 20 ans, six jours après son admission à l’hôpital. Quand les autorités ont finalement autorisé ses parents d’approcher le corps, c’était sous escorte policière et sous la condition qu’ils ne parleraient jamais de la visite. Quand le corps de Phuntsok a été remis au topdhen, la personne en charge des obsèques à ciel ouvert, il a refusé de procéder car le corps était recouvert de cicatrices. Selon la tradition tibétaine, les obsèques à ciel ouvert ne peuvent être exécutés que si la mort est naturelle. Ceci a été dit en présence des parents et des autorités chinoises de la prison. On a rapporté que tout le corps était noir et bleu parce qu'il avait été battu violemment et le pied droit était complètement noir. Ses yeux et sa bouche étaient plein de sang.

Mineurs torturés

Le 1er avril 1992, la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant est formellement entrée en vigueur en Chine. Selon cette convention, la détention ou l’arrestation d’un enfant ne peut être utilisée qu’en dernier lieu et selon la loi. En 1994, dans son rapport initial au Nations unies sur son adhésion à la convention, la Chine s'est décrite comme une nation “respectant et défendant les droits des enfants de façon consistante”.

A ce jour, on connaît 39 jeunes prisonniers politiques dans plusieurs prisons chinoises au Tibet, et beaucoup de prisonniers actuels avaient moins de 18 ans au moment de leur arrestation.

Ces jeunes gens ont été emprisonnés parce qu'ils essayaient d’exercer leur droit à la liberté d’expression, par exemple en criant des slogans comme “Libérez le Tibet” dans des endroits publics. Ils sont détenus dans des prisons d’adultes, on ne leur accorde pas d’avocat ni aucun contact avec leur famille. Ils sont mis aux travaux forcés et sont sujets aux mêmes tortures et abus que les adultes. L’effet psychologique de la torture sur un jeune peut donner des séquelles très profondes. La période de détention, même si ce n’est qu’un mois, peut sembler infinie, et les enfants ne comprennent souvent pas pourquoi ils sont prisonniers.

La plus jeune prisonnière politique décédée au Tibet est une petite fille de 15 ans nommée Sherab Ngawang. Elle est morte le 17 avril 1995, deux mois après avoir été relâchée de la prison de Trisam. Apparemment, elle a été électrocutée avec des aiguillons électriques et battue avec un tube en plastic rempli de sable, parce qu'elle s’était jointe à d’autres nonnes pour chanter des chansons de liberté dans la prison. Nous savons d'un témoin “qu’elle a été battue jusqu’à ce que son corps soit couvert d’ecchymoses et qu’on pouvait à peine la reconnaître.” D’autres témoins ont rapporté qu’après trois jours d’isolement, Sherab a eu des douleurs très sévères au dos et des problèmes aux reins. Elle avait également des pertes de mémoire et des difficultés à manger. Par deux fois, elle a été admise à l’hôpital, car ses compagnes de cellule avaient exercé des pressions sur les autorités de la prison.

“Quand elle a été relâchée elle était tellement malade à cause de la torture et des abus subis en prison qu’elle a été envoyée dans différents hôpitaux à Lhassa,” a rapporté une source inofficielle de Lhassa, qui a déclaré que les médecins avaient diagnostiqué que ses reins ne fonctionnaient pas bien et que ses poumons avaient été endommagés. Dans un rapport publié le 26 février 1995, le Conseil d’Etat chinois prétend que les rapports selon lesquels Sherab serait morte à cause des coups reçus en prison “dénaturaient les faits” : elle aurait en fait souffert de tuberculose cérébrale. Amnesty International a rejeté l’explication de la Chine.

Luesang a été interrogé régulièrement pendant quatre mois. Il a été arrêté à 16 ans, en décembre 1994, parce qu’il collait des affiches pour l'indépendance. Il était, tout comme ses amis Lobsang Jampa (17) et Shera Gantsen (14), moine au monastère de Shengnayk. Il ont tous été arrêtés en même temps et emmenés à la prison du comté de Taktse. Luesang a déclaré : “Trois agents de police - deux questionnant et un notant - ont mené les interrogatoires qui duraient chaque fois une heure. Ils ont demandé : Qu’as-tu fait ? Comment collais-tu ces affiches ? Qui est derrière tout cela ? Connais-tu quelqu’un qui est impliqué dans des activités politiques ? A chaque fois que mes réponses n’étaient pas assez convaincantes, j'ai été frappé et j'ai reçu des coups de pied.”

Femmes torturées

Le traitement réservé aux femmes pendant leur détention n’est pas plus clément que celui des hommes. En fait, elles sont plus vulnérables que les hommes, car les autorités utilisent la torture sexuelle comme moyen de punition et d’interrogatoire, spécialement envers les nonnes. Même des femmes enceintes, normalement protégées par une loi internationale spéciale, ont été torturées, ce qui a provoqué des fausses couches. On a rapporté des attaques avec des bâtons et des aiguillons électriques introduits de force dans le vagin, l’anus et la bouche. La plupart du temps, les femmes sont torturées par des gardes féminins.

Vers la fin de 1997, presque un quart des 1216 prisonniers politiques ou prisonniers de conscience connus détenus dans des prisons chinoises au Tibet étaient des femmes. La même année, le TCHRD a rapporté quatre cas de décès suite à la torture. En 1998, six nonnes sont mortes à la prison de Drapchi après les manifestations du 1er et 4 mai.

Le compte-rendu de Tenzin Choeden sur la torture subie depuis 1988 montre le type d’abus dont les femmes tibétaines sont victimes dans les prison chinoises. Elle a été arrêtée à 18 ans, le 4 février 1988, parce qu'elle participait à une manifestation pacifique pour l'indépendance au Barkhor avec douze autres nonnes. Elle a été détenue pendant deux mois dans le centre de détention de Gutsa, près de Lhassa, où elle a été interrogée et torturée tous les jours. Elle a décrit une attaque à caractère sexuel commise par des gardes féminins : “Nous avons toutes été emmenées dans une pièce une par une où il y avait quatre femmes. On m'a déshabillé complètement et on m'a dit de me coucher sur le sol comme si je me prosternais. Je voyais qu’elles portaient des cordes à noeux, des aiguillons électriques et des bâtons.”

Les femmes, masquées et portant des gants, ont battu Tenzin sur tout le corps avec les bâtons. Elle a senti les cinq premiers coups avant de s’évanouir. “Quand je me suis réveillée, je voyais qu’on avait inséré des aiguillons électriques dans l’anus de mes compagnes de cellule. Puis les gardiennes ont utilisé des aiguillons électriques pour m'électrocuter. J’avais l’impression qu'un des nerfs de mon coeur était arraché.”

On a ordonné à Tenzin de se lever et d’aller se mettre debout devant le mur. Après une discussion avec les gardes féminins, “elles ont inséré quatre fois un bâton dans mon vagin avec une violence extrême. Puis elles ont mis le bâton dans ma bouche. J’ai essayé de garder ma bouche fermée mais l'une des gardiennes a poussé tellement fort que les lèvres se sont déchirées et que j'ai perdu deux de mes dents.”

Après cela, Tenzin ne pouvait plus bouger et les gardiennes l’ont emmenée dans une petite cellule sombre. Tenzin a souffert terriblement pendant trois jours et elle était très faible. Elle avait également des problèmes pour uriner. Quand elle a repris ses esprits, elle a vu que sa peau était devenue verte et elle avait des ecchymoses sur ses fesses. Après sa libération, Tenzin s’est enfuie en Inde en 1991. Elle a perdu un tiers de ses capacités physiques à cause de la torture et des coups et le côté droit de son corps est particulièrement handicapé. A ce jour elle souffre encore continuellement de migraines et de mal de dos.

La nonne Tsultrim Dolma a été torturée sexuellement pendant sa détention et violée après sa libération. Elle a été arrêtée au couvent de Chubsang en avril 1988 pour avoir participé à des manifestations pour l'indépendance avec d’autres moines et nonnes. Le premier jour au centre de détention de Gutsa, elle a été sévèrement battue pendant l’interrogatoire, mais le pire devait encore venir. “Le matin suivant, on m’a emmené dans une pièce où trois policiers étaient assis derrière une table. Sur cette table il y avait un assortiment de fusils, d’aiguillons électriques et des tiges métalliques. L’un des policiers m'a demandé : “Pourquoi as-tu manifesté ? Pourquoi demandes-tu à être torturée et battue ?” Mes genoux ont commencé à trembler et je leur ai répondu : “Beaucoup de moines, de nonnes et de laïcs ont été arrêtés, mais nous savons que le Tibet appartient aux Tibétains. Vous dites que nous sommes libres de choisir notre religion, mais nous n’avons aucune liberté !”". Cette réponse les a mis en colère. Ils se sont tous levés et ont pris divers instruments. L’un d’eux a pris un aiguillon électrique et l'a électrocutée si fort qu’elle est tombée.

“Ils m'ont crié que je devais me lever, mais je ne le pouvais pas. Alors, l’un d’eux a soulevé ma robe et l’autre homme a inséra l'instrument dans mon vagin. Le choc et la douleur étaient horribles. Il a répété cela plusieurs fois, également à d’autres endroits de mon corps. Après, les autres m’ont mise debout, m'ont frappé avec des bâtons et m'ont donné des coups de pied. Je suis tombée plusieurs fois à terre. Ils ont inséré de nouveau le bâton dans mon vagin et m'ont remise debout afin de pouvoir continuer à me battre.”

Tsultrim a été torturée ainsi pendant plus de quatre mois avant d’être libérée. Après sa libération, elle a essayé de retourner au couvent. “Quand je suis arrivée au couvent de Chubsang, on m'a refusé l’accès et, à ma surprise, je voyais qu’une station de police avait été mise en place au couvent. Juste en dessous du couvent de Chubsang, il y avait une enceinte avec des policiers. En passant, j'ai vu trois soldats chinois sur des vélos. Ils m'ont suivi brièvement et puis m’ont arrêté. L’un d’eux a enlevé son manteau et sa chemise. Il a attaché sa chemise autour de ma figure et a inséré les manches dans ma bouche afin que j’arrête de crier et de pleurer. Ils m'ont violé tous les trois sur le sol derrière l’enceinte. Puis, les trois soldats chinois se sont enfui.” Tsultrim n'est pas retournée au couvent.

Pas de protection des femmes enceintes

Malgré que les Directives standard minimales des Nations unies pour le traitement des prisonniers reconnaissent les besoins spéciaux des femmes enceintes détenues, on a reçu des rapports démontrant que ces femmes sont battues au Tibet. Les Nations unies prescrivent que des “dispositions spéciales” doivent être accordées aux femmes en période pré- ou postnatale.

Damchoe Pelmo était enceinte de trois mois et demi quand elle a été arrêtée en juin 1993. Malgré qu’elle ait fait une fausse couche à cause des tortures subies et qu’elle ait témoigné dans ce sens devant le tribunal, elle a été condamnée à trois ans de prison. On l'a soupçonnée d’être active dans une mouvement secret pour l'indépendance, l’Association des jeunes du Pays des neiges.

La nuit de son arrestation, elle aurait été obligée de rester debout dans une pièce glacée pendant qu’on l’interrogeait sur ses activités. Les gardes ont également cogné sa tête contre le mur. Damchoe leur a dit qu’elle était enceinte et qu’elle se sentait très faible, mais on a ignoré ses supplications et l’interrogatoire a continué. “J’ai dû rester debout pendant 14 heures et le lendemain matin j’étais si frigorifiée que je ne pouvais plus bouger. Je souffrais atrocement, je ne pouvais pas plier mes jambes ni m’asseoir.” Le jour après son arrestation, Damchoe a été emmenée à l’hôpital. Les médecins voulaient la garder immédiatement, mais les gardiens ont refusé et elle a été ramenée à la prison. “Le lendemain”, raconte Damchoe, “quand je voulais aller à la toilette je me suis sentie mal et je me suis évanouie. Avant de perdre conscience, je savais que j’avais perdu mon bébé.”

Le 12 juin 1993, Damchoe a été finalement hospitalisée pendant une semaine. Malgré qu’elle n'était pas complètement rétablie, on l’a emmené de nouveau à la prison où on l’a réinterrogée. “Cette fois-là les policiers ont affirmé que c’était de ma faute et que c’était mon problème si j’avais perdu mon enfant. Ils m'ont dit que la prochaine fois je n'avais qu’à réfléchir avant de participer à des activités politiques.” Malgré son témoignage au tribunal concernant la perte du bébé suite aux mauvais traitements des agents de la prison, Damchoe Pelmo a été condamnée à trois ans d’emprisonnement.

Travaux et exercices forcés

Tous les prisonniers détenus dans les prisons chinoises au Tibet sont forcés d'effectuer des travaux intensifs. Souvent, on rajoute à cela des exercices forcés et un régime alimentaire exécrable afin d'affaiblir les prisonniers. Luesang, le prisonnier de 16 ans mentionné plus haut, devait faire des travaux de construction pendant deux ans quand il était à la prison de Toelung Trisam. "Parfois, nous devions travailler presque 24 heures sur 24 : de 8 à 12, de 13 à 18 heures, de19 heures du soir à 1 heure du matin, et puis de nouveau de 2 heures à 6 heures du matin. Les repas étaient très maigres : deux tranches de pain et de l'eau chaude au matin, des légumes cuits et du riz crû le midi, deux tranches de pain et des légumes bouillis le soir, et de l'eau chaude pendant la nuit."

Les prisonniers doivent également labourer, travailler dans les mines ou récolter des excréments humains pour l'utiliser comme engrais. Ils travaillent souvent dans des endroits désertiques et inhospitaliers du Tibet et doivent endurer un entraînement idéologique très dur. On leur donne des quotas à réaliser afin de tirer un maximum de profit de leur travail. Ces quotas sont obligatoires même si les prisonniers sont malades. Mais certains prisonniers politiques ne sont pas autorisés à sortir pour travailler, car ils pourraient entrer en contact avec des personnes de l'extérieur. Ceci est le cas pour tous les prisonniers politiques de la prison de Powo Tramo, situé à Dzona, dans le comté de Tramo, région Nyingtri dans la dite Région autonome du Tibet.

Lhundup Monlam a été emprisonné pendant plus de quatre ans depuis le 16 février 1990 : "Pendant deux ans j'ai travaillé dans la serre à Drapchi. J'étais constamment exposé à des pesticides et je travaillais dans des conditions suffocantes sans aucune ventilation. Mais, tout comme mes compagnons, je n'avais pas le choix. Aujourd'hui, j'ai de sérieux problèmes de santé : je n'entends pas bien, je souffre d'arthrite et je ne peux pas me concentrer longtemps."

Ngawang Lhundrup, 23 ans, a été envoyé aux travaux forcés après avoir été interrogé et torturé pendant son emprisonnement au centre de détention de Gutsa. Il venait du monastère de Shedrupling (Lhogongkar, Lhoka) et a été arrêté le 12 août 1992 pendant qu'il manifestait dans le Barkhor à Lhassa. Il portait une grande photo du Dalaï Lama et le drapeau national tibétain. Pendant qu'il était à Gutsa, les autorités de la prison ont signé un contrat afin de construire un barrage près de Toelung Trisam. Ngawang et les autres prisonniers y ont été envoyés au travail. Ngawang se souvient: "Quand on nous permettait de s'arrêter le soir, nos mains étaient couvertes d'ampoules et nous étions épuisés." Ngawang a été libéré à la fin de sa peine le 12 août 1994.

Depuis 1994, des témoignages affirment que les autorités de prison ont introduit des périodes obligatoires d'exercices épuisants combinés à des règlements encore plus rigides. Parfois ceci veut dire courir de 8 à 12 heures 30 et de 15 à 18, peu importe le temps ou la condition physique des prisonniers. Dans un cas, un moine du monastère de Gaden (nom laïc: Tenzin) a été estropié car il a été forcé de courir malgré qu'il avait un problème au genou. Comme la santé de Tenzin s'est détériorée, on l'a relâché sur base médicale, car ses soins devenaient trop chers. Aujourd'hui, Tenzin doit marcher avec des béquilles.

Choekyi Wangmo, une nonne de 28 ans du Phenpo, dans la dite Région autonome du Tibet, a été condamnée à cinq ans d'emprisonnement après son arrestation en 1993. Elle avait participé à une manifestation. Elle a été détenue à Gutsa pendant cinq à six mois, pendant lesquels elle a été torturée. Quand elle a été transférée à la prison de Drapchi après sa condamnation, sa condition physique était extrêmement mauvaise. Malgré sa santé qui empirait, elle devait faire les exercices de course avec les autres prisonniers. A ce jour, son état de santé est critique.

Une autre nonne de 24 ans, Gyaltsen Kalsang du couvent de Shugseb, a également été forcée de participer à des courses exténuantes, malgré qu'elle ait été hospitalisée en novembre 1994 et que le diagnostic ait révélé un sérieux problème aux reins. Elle avait été condamnée à deux ans de prison à Drapchi après avoir été arrêtée le 14 juin 1993 pour activités indépendantistes. Elle est morte le 20 février 1995.

Poussés au suicide

Certains prisonniers n'ont pas pu endurer la torture mentale et physique répétée et se sont suicidés. La fait de devoir renier leurs croyances religieuses joue également un rôle. Pendant le début de l'occupation par la RPC, les gens se sont suicidés après avoir subi des sessions thamzing, une forme publique d'humiliation. Les autorités chinoises camouflent également beaucoup de meurtres en suicides, contredisant souvent les rapports des témoins. Le cas le plus récent de "suicide" rapporté par les autorités chinoises a été un incident à Drapchi en 1998 où cinq nonnes s'étaient soi-disant suffoquées elles-mêmes. Or, les faits ne sont pas clairs, car toutes les nonnes mortes ce jour-là se trouvaient en isolement.

Tenchok Tenphel, 26 ans, était concierge au monastère de Sakya Truphai Lakhang, près de Shigatse. Une "équipe de travail" est arrivée au monastère en 1996. Comme Tenchok refusait de dénoncer le Dalaï Lama dans une rédaction, on lui a ordonné de transmettre toutes ses tâches à un autre moine et il a été arrêté. Il a été détenu à la prison du comté de Sakya où ils a été interrogé, menacé et torturé, mais il refusait de renier le Dalaï Lama. Au mois de septembre 1997, après 15 jours de détention, il s'est suicidé dans la prison en s'étranglant avec sa ceinture. Son corps a été gardé dans une pension de Sakya par l'équipe de travail et n'a pas été livré au monastère. Les moines n'ont pas été autorisés à prier pour son esprit et le père de Tenchok a été gardé prisonnier pendant un jour avant de recevoir la permission de brûler le corps de son fils. Quand l'équipe de travail a été questionnée sur la raison du suicide de Tchenchok, elle a répondu "qu'il s'était suicidé car on avait découvert que pendant qu'il était concierge, il escroquait le monastère."

Kalsang Dawa, un peintre âgé de 29 ans de Phenpo au Tibet central a été arrêté en avril ou mai 1993 pour avoir peint le drapeau tibétain et pour avoir collé des affiches pour l'indépendance. Il a été emmené à la prison de Sangyip où il a été torturé à maintes reprises. Une nuit il a été sévèrement battu par un garde de prison saoul parce qu'il il n'avait pas respecté l'heure du couvre-feu. Après cet incident, on a rapporté qu'il souffrait de troubles psychologiques, par exemple il se bouchait les oreilles avec les mains en criant : "Ils insèrent des bâtons électriques dans mes oreilles". Après à peu près neuf mois à Sangyip, Kalsang a été condamné aux travaux forcés et transféré à la prison de Trisam. Le 14 octobre 1995, Kalsang a été trouvé pendu dans sa cellule. Il avait utilisé la cuvette de la toilette comme support, et s'était pendu au plafond avec une corde.


Témoignages personnels de victimes de torture

Pendu et électrocuté

Arrêté le 5 mars 1988 lors d'une manifestation

Mon nom est Ganden Tashi. Je suis un moine de 29 ans de Medro Gongkar Shen. J'ai été arrêté le 5 mars 1988 dans le Barkhor est de Lhassa. J’étais un des organisateurs du festival de prière Monlam.

A notre arrestation, d’innombrables officiers de l’armée chinoise et du Bureau de la sécurité publique ont jeté des gaz lacrymogènes sur nous et nous ont battu avec des bâtons, des crosses de fusils et des battes en caoutchouc. Nous étions à peu près sept à être battus et déshabillés. Ils ont utilisé des aiguillons électriques et ils ont jeté de l’eau froide sur nous. Ils nous ont battu plus d’une heure. Après, quand j'ai repris conscience, j'ai réalisé que j’avais des menottes et que j’étais au centre de détention de Gutsa. Il y avait à peu près 20 prisonniers dans chaque cellule.

On m'a condamné d'abord en novembre 1988 à trois ans d’emprisonnement pour avoir mené des “activités contre-révolutionnaires”. Puis j'ai été transféré vers la prison de Drapchi. Là, plusieurs autres moines et moi-même avons fondé l’Organisation de liberté “Le pays des neiges pour les jeunes". Le 17 mai 1992, ma peine a été prolongée à 12 ans de prison pour mon rôle dans l’organisation, mais j'ai finalement été libéré sur ordre médical en 1992, après avoir passé un an à l’hôpital.

Le torture la plus terrible que j’ai endurée a été quand ils m'ont déshabillé et électrocuté avec des aiguillons électriques. Je ne savais presque plus mettre mon pantalon et ma robe après. Quand je suis arrivé à ma cellule, je ne pouvais pas dormir sur mon dos, car celui-ci était tellement gonflé et coupé et ma peau était devenue verte et bleue.

On m'a régulièrement pendu au plafond à Gutsa, chaque fois pendant 10 à 15 minutes. Des aiguillons et des fils électriques ont également été utilisés. Ils ont noué les fils autour de mes poignets et m’ont électrocuté, ce qui était extrêmement douloureux. A Outridu, ils ont utilisé pour la plupart du temps des bâtons, des aiguillons électriques et de l’eau froide. Après avoir jeté l’eau, ils battaient le prisonnier avec un aiguillon électrique, ce qui provoque des chocs électriques. Mais ils préféraient laisser les prisonniers mourir de faim que de les battre. A cette époque, je souffrais terriblement d’une blessure à la tête reçue pendant une session extrêmement violente à Gutsa.

D’Outridu, on m’a emmené à Seitru où j'ai été tenu en isolement. Seitru est une prison très stricte, c’est là qu’on m'a battu et pendu le plus. La torture la plus horrible à Seitru est l’utilisation d’une menotte auto-serrante, la menotte jaune. Pendant qu’ils serraient la menotte, ils mettaient nos poignets par terre et donnaient des coups de pied aux menottes, ce qui fait souffrir terriblement après. Plus tard, mes mains se gonflaient et à ce jour, elle portent encore des cicatrices.

Un jour, à Drapchi, on m'a mis des menottes, un sac sur la tête et on m’a emmené à la prison d’Outridu, où j'ai été tenu en isolement pendant 34 jours, menottes aux pieds. La pièce était si noire que je ne pouvais voir mes mains que s’il y avait beaucoup de soleil dehors. Quand le temps était gris, il m'était impossible de distinguer le jour et la nuit. Je devais uriner et aller à selle dans la même pièce. On m'a donné deux petits tingmo et une soupe aux légumes deux fois par jour. A la fin de mon isolement, je ne pouvais plus ouvrir les yeux.

J'ai été ramené à Drapchi, là on m'a jeté dans la cellule des activistes politiques et on m'a mis aux travaux forcés, ce qui a été très dur du fait que j’avais des menottes aux pieds. Deux ans plus tard, on m'a relâché sur ordre médical, après avoir passé un an à l’hôpital. Je suis arrivé en Inde le 18 décembre 1996. Aujourd’hui, je souffre encore de migraines et d’une mauvaise vue.

Ne parles pas de liberté

Organisateur de la manifestation du 27 septembre 1987

Mon nom est Jampel Tsering, j’ai 27 ans et je suis un ancien moine du monastère de Drepung, à Lhassa. J'ai été arrêté la première fois le 27 septembre 1987, parce que je menais une manifestation dans le Barkhor à Lhassa avec 21 autres moines de Drepung. J'ai été détenu pendant quatre mois dans différentes prisons. J'ai de nouveau été arrêté le 18 juillet 1989, parce que je manifestais à Lhassa avec d’autres moines de Drepung. Après cela, la police est venu à mon monastère et a trouvé des tracts sur les droits de l’homme dans ma chambre. En premier lieu, j'ai été détenu dans la prison de Sangyip et transféré six mois plus tard vers la prison de Drapchi. On m'a condamné à cinq ans de prison et on m’a supprimé mes droits politiques pendant trois ans.

Quand je suis arrivé à Drapchi, mes vêtements et mes objets personnels, dont des écritures bouddhistes, ont été brûlés. Après cela, j'ai été battu sans pitié, ils m'ont donné des coups de pieds sur tout le corps et m'ont frappé dans le dos. Cela a continué aussi violemment pendant plusieurs jours, puis on m'a battu tous les jours, mais la violence a diminué un peu. On m’a électrocuté mon visage et ma bouche avec un aiguillon électrique. Pendant ses sessions, les gardes me disaient : “Tu ne peux pas parler de liberté”.

En 1991, plusieurs compagnons de cellule et moi-même ont demandé à savoir où certains prisonniers avaient été emmenés. Ils avaient essayé de donner une lettre à une délégation décrivant les conditions d’emprisonnement abominables. On nous a puni en nous enchaînant les mains et les pieds. Ils m'ont donné des coups de pied et m'ont battu tout le corps, et ils m'ont frappé avec la crosse d’un fusil. Avec plusieurs autres prisonniers, j'ai été isolé pendant 12 jours.

J'ai été emprisonné pendant cinq ans et demi. J'ai souvent été pendu au plafond au dessus d’un feu chargé de poudre de piment. Ceci a provoqué une sensation de brûlure si intense sur tout mon corps que je n’arrivais pas à ouvrir les yeux pendant plusieurs heures. Je devais garder mes menottes tout le temps à la prison et parfois mon corps entier était lié avec des cordes, ce qui est extrêmement douloureux. Après ma libération en 1994, on m'a refusé l’accès à mon monastère et je me suis échappé du Tibet en octobre 1996.

Interrogé sous la menace d’un revolver

Organisateur de la manifestation du 5 mars 1988

Mon nom est Yeshi Togden et j’ai 31 ans. J'ai été arrêté dans la région de Jokhang à Lhassa, le 5 mars 1988 pour avoir organisé une manifestation avec plusieurs amis. Nous avons été arrêtés après quelques minutes de confrontation avec la police chinoise. La scène ressemblait à un champ de bataille - on voyait du sang partout et des robes monastiques ont été retrouvées dans chaque coin.

Avant d’être emmenés à la prison, nous avons tous été battus, on nous a donné des coups de pied et des coups de poings. On m’a emmené au centre de détention de Gutsa pendant 13 jours. Là, on m’a interrogé chaque jour pendant 14 heures, parfois sous la menace d’un revolver. Plus tard, j'ai été transféré à Outridu où on m'a gardé pendant six mois. On ne nous a pas donné assez d’eau ni de nourriture et nous étions si affamés que nous avons mangé du savon et du dentifrice.

Deux policiers à la fois - un Tibétain et un Chinois - m’ont interrogé pendant trois mois. Ils ont utilisé des bâtons pour me battre et des aiguillons électriques pour m'électrocuter sur tout le corps. Ils les ont enfoncé également dans ma bouche. Des chiens féroces ont aussi été lâchés sur moi. Après les séances de tortures, nous avions des menottes aux mains et aux pouces.

Condamnée sans procès

Participante à la manifestation d’octobre 1989

Mon nom est Puntsok Zomkyi et je suis une nonne de 27 ans de Toelung à Lhassa. J'ai été arrêtée en octobre 1989 parce que je participais à une manifestation pacifique avec cinq autres nonnes.

Nous avons toutes été arrêtées et emmenées sous la menace d’un revolver à la prison de Gutsa. J’y suis restée deux ans et demi, puis six mois à Trisam. J'ai régulièrement été interrogée, battue et torturée. La torture la plus terrible a été quand ils m'ont forcé de rester debout, la tête vers le bas, contre un mur pendant plus d’une heure. Ma tête devenait rouge et faisait très mal. Quand c'est devenu intolérable, je tombais, mais les policiers me battaient sauvagement jusqu’à ce que je prenne de nouveau la pose. Un jour, on m'a prélevé du sang. Une amie à moi est morte en prison après qu’on lui ait extrait du sang pour la troisième fois.

Je n'ai jamais été jugée, mais on m'a dit que j'avais été condamnée à trois ans de prison. J'ai été libérée en octobre 1992, mais on m'a refusé le retour à mon couvent. Ma vie n’avait plus de sens, alors en septembre 1995 je me suis enfuie vers l’Inde. Je vis maintenant dans le couvent de Dolma Ling, à Dharamsala en Inde. Dans cette institution, il y a 20 autres nonnes qui étaient emprisonnées à la prison de Gutsa.

Je suis encore en très mauvaise santé. Mais la douleur psychologique est la plus terrible et je fais souvent des cauchemars de cette horrible période de ma vie.

Abusée sexuellement avec des aiguillons électriques

Participante à une manifestation pacifique le 4 février 1988

Mon nom est Tenzin Choedon, j’ai 28 ans et je suis nonne. J’ai passé deux mois à la prison de Gutsa pour avoir participé à une manifestation pour l'indépendance le 4 février 1988.

Nous avons été arrêtées par la police chinoise et emmenées au centre de détention de Gutsa. Quand une des nonnes a crié : “Le Tibet est indépendant !”, on nous a frappé toutes avec des crosses de fusils; on nous a battu de nouveau quand nous étions arrivées à Gutsa. L’interrogatoire a commencé immédiatement.

Trois officiers du Bureau de la sécurité publique sont entrés dans ma cellule et m'ont demandé qui avait commencé la manifestation. J'ai été battue et tout s’est arrêté brusquement. Un officier tibétain du Bureau a crié : “Vous êtes des nonnes sans honte, vous ne faites que courir après les moines. Si j’avais un fusil, je vous tuerais.” Puis, ils ont amené un chien qui s'est jeté sur moi. Je ne bougeais pas, même quand le chien me mordait.

On nous a emmené dans un hall où on devait se déshabiller. On pouvait garder notre gilet et notre combinaison. Puis, on nous a emmené chacune dans une cellule où il y avait quatre femmes - une jeune Chinoise et trois Tibétaines. J'ai été déshabillée et j'ai dû me coucher sur le sol comme si je me prosternais. Je voyais qu’elles avaient des cordes, des aiguillons électriques et des bâtons. Elles avaient le visage masqué et portaient des gants. En premier, elle m'ont battu avec des bâtons sur tout le corps. Après cinq coups, je me suis évanouie. Quand je suis revenu à moi, j'ai vu que les autres nonnes avaient des aiguillons électriques enfoncés dans leur anus. Quand les gardiennes ont utilisé l’aiguillon sur mon corps, j'ai senti comme si un nerf de mon coeur avait été arraché et mon estomac faisait très mal.

Elles m’ont obligé à me lever et à me mettre contre le mur. Après avoir discuté entre elles, elles ont enfoncé quatre fois de toutes leurs forces un aiguillon dans mon vagin. La douleur a persisté pendant trois jours et j’ai également eu des difficultés à uriner. Puis, elles ont enfoncé le bâton dans ma bouche. Comme j’avais gardé la bouche fermée, elle ont dû pousser très fort afin de l’insérer et elles m'ont cassé deux dents et blessé la lèvre. Après cet incident, je n'ai plus pu bouger. Elle m'ont ramené à ma cellule. Je ne savais pas s’il faisait jour ou nuit. Quand je suis revenu à moi, j'ai vu que ma peau était devenue verte et que j’avais des marques sur mes fesses.

A notre libération, ils nous ont dit : “Vous êtes toutes jeunes et vous manquez de maturité. Vous ne pouvez pas penser correctement. A partir d’aujourd’hui, si on vous trouve en train de manifester, vous serez exécutées.” Après notre libération, on a été sous la stricte surveillance du Bureau de la sécurité publique.

Après ma libération, le 27 juin 1988, je suis resté plus ou moins deux ans au Tibet, puis je me suis enfuie vers l’Inde en 1991, en compagnie de trois autres personnes. J’avais décidé d’aller en Inde car j’avais été expulsée de mon couvent et renvoyée vers ma ville natale. Je ne pouvais entrer dans aucune institution. Je sais que ma fuite vers l’Inde peut causer un problème pour les cinq membres de ma famille, mais je n’avais pas le choix.

A cause de la torture, j’ai perdu un tiers de ma capacité physique, surtout du côté droit de mon corps. Je n’ai jamais reçu de médicaments ou d’examen médical en prison, mais après ma libération j’ai dû rester alitée pendant deux mois. La seule chose que je pouvais faire était d’envoyer des échantillons d’urine à un médecin. A ce jour, je souffre de migraines, mal de dos et j’ai des problèmes avec mes veines. Quand je lis ou j’étudie les écritures trop longtemps, cela devient très douloureux.

Je n’ai pas perdu courage

Participante à la manifestation de mai 1988

Mon nom est Rinzin Kunsang. J’ai 31 ans et je suis une nonne de Nyemo Shen. J'ai été arrêtée en mai 1988 durant une manifestation et emmenée au centre de détention de Gutsa. En route vers la prison, nous avons été battus avec des crosses de fusils par des officiers du Bureau de la sécurité publique. Dès que nous étions arrivés, les interrogatoires ont commencé.

Quand on m’a interrogée, on m'a battu avec des bâtons et des crosses de fusils. On m’a isolé et je n'ai plus vu mes compagnons jusqu’à ma libération.

Pendant mon séjour à Gutsa, j'ai été régulièrement torturée. Ils enlevaient tous mes vêtements excepté une chemisette très légère. Deux officiers du Bureau de la sécurité publique m’ordonnaient de m’agenouiller devant une petite table et d’y mettre mon menton. Ils me battaient sans pitié pendant à peu près une heure avec des bâtons. Puis, les gardes faisaient une pause de cinq minutes, pendant laquelle ils mettaient une chaise sur mon dos. Ils me menaçaient de me torturer à nouveau si la chaise tombait. Après une quinzaine de minutes, ils m’ordonnaient de me lever.

Les officiers du Bureau de la sécurité publique m'ont dit que j’étais le leader de la manifestation et que je serais emprisonnée. Soudain, l’un des gardes s’est approché de moi avec un fusil. Il l'a mis dans ma bouche et m’a ordonné de dire la vérité ou je serais exécutée. Je lui ai répondu que je n’avais rien à révéler et que, s’il le voulait, il pouvait me tuer.

Quand ils sont revenus du dîner, ils m’ont emmené dans une cellule où deux femmes et deux officiers masculins du Bureau de la sécurité publique attendaient. On m’a emmené dans un petit hall où ils m'ont déshabillé complètement, en face d’une foule de prisonniers criminels. Les deux femmes ont mis des gants et caché leur bouche. Elles ont menacé de me faire épouser un moine et d’ainsi briser mes voeux de nonne. Puis, elle m’ont ordonné de me coucher par terre. Elles m'ont donné des coups de pieds avec leurs bottes de l’armée et ont marché sur mon corps de la tête aux pieds. Puis, je devais me mettre à genoux et elles m'ont battu avec un instrument spécial qui avait un manche et à un bout une surface plate équipée de clous. La douleur était atroce et mes fesses ont été terriblement entaillées. A la fin de la torture, ils m'ont redonné mes vêtements, mais ils ont gardé ma ceinture et mes lacets afin que je ne puisse pas me suicider. Je n’avais même pas de matelas pour dormir, mon dos et mes fesses étaient pleins d’ecchymoses et je ne pouvais m’asseoir. Après, j'ai été régulièrement soumise à des interrogatoires.

Je suis arrivée à Lhassa où je suis resté à l’hôpital pendant quelque temps. Quand je suis retournée au couvent, une équipe de travail chinoise était là, faisant de la “rééducation”. Plus tard, tous les anciens prisonniers politiques ont été expulsées de leur monastère ou couvent. Je suis finalement partie vers l’Inde il y a six ans. Je souffre toujours de problèmes au niveau de la taille et des veines.

Un cocktail de punitions

Participante de la manifestation du 22 septembre 1989

Mon nom est Rinzin Choenyi et j’ai 26 ans. En 1988, j’ai participé à une manifestation avec 11 nonnes et deux moines. Je n'ai pas été attrapée mais j'ai été expulsée de mon couvent. Le 22 septembre 1989, j'ai participé à une manifestation pour l’indépendance, demandant la libération de prisonniers politiques. J'ai été arrêtée avec cinq autres nonnes au Barkhor et emmenée à la prison de Gutsa.

Nous avons été arrêtées dans l’après-midi. On nous a obligé à rester dehors sans bouger jusqu’à 1 heure du matin. Puis, les interrogatoires ont commencé et ont duré deux mois. On nous a interrogé parfois trois fois par jour pendant généralement deux heures. Nous étions toujours électrocutés avec des aiguillons électriques pendant les interrogatoires. Trois ou quatre hommes venaient, nous nouaient les mains derrière le dos, nous pendaient au plafond et nous électrocutaient avec des aiguillons. Ils nous faisaient aussi tourner et nous frappaient avec des cordes très rudes. Ils nous ont frappé et nous ont donné des coups de pieds innombrables. Puis, ils nous descendaient et ils utilisaient à nouveau des bâtons électriques sur tout notre corps afin de nous électrocuter. D’autres types de punition ont également été utilisés, comme nous obliger à rester debout au soleil pendant des heures, nous frapper avec des bambous, ou nouer des fils électriques autour de nos doigts afin de nous électrocuter.

Deux mois plus tard, le 5 novembre 1989, j'ai été accusée d'être une “contre-révolutionnaire” et condamnée à sept ans de prison.

Le 5 mars 1992, à l’occasion du Losar (le Nouvel an tibétain), quelques prisonniers et moi-même ont décidé de porter des vêtements ordinaires afin de commémorer d’anciennes révoltes. Quand on nous a obligé à retirer nos vêtements, nous avons protesté et nous avons été battus violemment. Les soldats avaient une corde en plastique aussi épaisse qu’un bras. Si on vous frappe avec une corde pareille, le jour après vous avez des ecchymoses bleues et noires et des crampes. Ils ont utilisé cette corde contre nous à chaque fois qu’il y avait une révolte.

Nous avons fait une action de protestation de trois jours quand deux prisonniers, Acha Chungdak et Dadon, ont été emmenés. Le matin du troisième jour, on nous a appelé pour aller travailler. Nous avons refusé en disant que nous y allions si les autres prisonniers revenaient, mais une quinzaine de gardes nous ont battu avec des crosses de fusils. Comme les prisonniers criminels ont commencé à crier, la moitié des gardes a essayé de les contrôler. Le jour après, personne ne savait bouger, car ils nous avaient battu avec des ceintures et nous avions tous de sérieuses entailles à la tête et sur le front.

En 1994, des exercices forcés ont été introduits dans la prison, mais seulement pour les prisonniers politiques. C’était exactement comme des exercices militaires : stricts, rigides et infernaux. Les exercices ont commencé avant le lever du soleil et ont duré toute la journée. Beaucoup de nonnes sont tombées malades à cette époque. Si elles ne faisaient pas bien les exercices, elles étaient battues. La discipline était strictement appliquée et pour tout mouvement mal exécuté on nous battait et on nous punissait.

Parfois les exercices duraient jusqu’à minuit, même sous la pluie, pendant que les officiers restaient à l’abri. J’étais dispensée à cause d’une opération, mais à la place je devais faire du travail forcé.

J'ai vu aussi d’autres prisonniers devenir infirmes à force d’être torturés et battus. J'ai été libérée le 9 septembre 1995.

Electrocutés, frappés et battus

Participant à la manifestation du 27 septembre 1987

Mon nom est Ngawang Rinchen et je suis un moine âgé de 32 ans du monastère de Drepung. Je suis resté six ans et 10 mois en prison. J'ai été arrêté une première fois le 27 septembre 1987 et je suis resté quatre mois dans les prisons de Gutsa et de Sangyip, parce que j’avais participé à une manifestation pacifique.

Dans la prison de Sangyip, nous étions tous mis dans des cellules différentes et interrogés pendant 20 jours d’affilée. Plus tard, le 1er octobre, une manifestation a été organisée et on nous a tous ramené à Gutsa. J'y ai été interrogé pendant un mois. Nous avons été électrocutés, frappés et battus. Mais la période la plus terrible était celle des interrogatoires. Les questions étaient posées dans le but de nous faire révéler des secrets, les noms d’organisations et de personnes. Plus tard, on m'a passé des menottes aux mains et aux pieds. Après avoir passé quatre mois en prison, on nous a finalement relâché.

Le 17 juillet 1989, j'ai à nouveau été arrêté et emmené à la prison de Sangyip où on m'a passé des menottes et je suis resté en isolement pendant six mois. J'ai été détenu pendant un an sans jugement, et on m'a interrogé et torturé régulièrement. Après le procès, on m'a condamné à une peine de neuf ans, réduite plus tard à six ans et demi, et à la perte de mes droits politiques pendant cinq ans.

Pendant mon séjour en prison, j'ai été beaucoup torturé. La torture était faite de différentes façons : coups de poings, de pied, de bâtons, de crosses de fusils et de fouets; utilisation des aiguillons électriques à bétail; exposition prolongée au froid extrême; extraction de sang; abus verbaux comme des menaces de morts envers moi-même, ma famille et amis; privation de sommeil, de nourriture, d’eau, de sanitaires, de soins médicaux. On m’a isolé pendant six mois, à partir du 18 juillet 1989, puis on m’a envoyé aux travaux et exercices forcés. Les exercices duraient des heures sans que nous ayons une pause, puis on nous a obligé à rester sans bouger pendant de longues heures.

En 1994, les autorités carcérales ont introduit une nouvelle méthode de torture sous forme d’exercices exténuants et de règlements encore plus rigides. Excepté pendant les repas, les prisonniers devaient se mettre en rangée et étaient forcés à courir pendant plus de sept heures par jour, malgré les fortes chaleurs ou la pluie. Beaucoup de prisonniers sont devenus très faibles à cause de ces exercices exténuants combinés à la malnutrition.

J'ai été libéré le 17 janvier 1996. On nous a refusé l’accès à tous les monastères et on nous dit de retourner dans notre village natal. Après être resté six mois au Tibet, j'ai décidé d’aller en Inde car on m'a refusé toute éducation et vie sociale. J'y suis arrivé le 6 novembre 1996.

A ce jour, je souffre de troubles nerveux post-traumatiques, de mal au dos et de migraines associées au stress psychologique.

Brûlures dues à de la poudre de piment

Arrêté après une protestation pendant une cérémonie, le 15 novembre 1992

Mon nom est Lobsang Dhargay et j’ai 31 ans. Je suis entré au monastère de Ragya près de Chuva en 1989.

Le 15 novembre 1992, a eu lieu la cérémonie d’intronisation de la sixième réincarnation du Shingsa Rinpoche Tenzin Chokey. Pendant les festivités, trois amis et moi-même ont distribué des tracts intitulés “Libérez le Tibet” et “Chinois, quittez le Tibet”. A la même occasion, nous avons distribué des copies papier du drapeau national tibétain et nous avons hissé un drapeau sur le toit du monastère. Le jour après, des officiers du Bureau de la sécurité publique et de la Police armée du peuple sont venus au monastère. Il ont arrêté 20 moines, les ont battu et les ont interrogé afin de connaître les noms de ceux qui étaient à l’origine du mouvement. Dix jours après, j'ai été arrêté alors que je me cachais dans la municipalité de Gyugo. Huit policiers armés m'ont passé les menottes et m’ont emmené dans un camion.

J'ai été détenu sans jugement dans le prison de Golok pendant un an. Chaque jour, j'ai été interrogé et torturé. J'ai été battu avec des bâtons, frappé et électrocuté sur tout le corps avec des aiguillons électriques à bétail. La pire torture que j’ai endurée a été quand on m’a attaché avec des menottes, les bras autour d’un poêle brûlant pendant toute une journée sans boire ni manger. La chaleur torride du poêle a formé des ampoules sur tout mon corps. De l’eau coulait des ampoules et mes blessures me faisaient horriblement souffrir à cause de la transpiration. La nuit, quand les gardes venaient enfin enlever mes menottes, mes bottes étaient remplies d’eau provenant de la sueur de mon corps.

Comme je refusais "d'avouer”, les autorités m'ont condamné pour avoir “propagé de la propagande contre-révolutionnaire et fait de la provocation”. J'ai été condamné à cinq ans d’emprisonnement mais j'ai été relâché plus tôt que prévu, le 25 mai 1995, car mes proches avaient donné aux gardiens de prison l’équivalant de 50.000 yuan chinois (environ 6.150 USD) en biens, dont des yaks, des moutons et une grande quantité de médicaments tibétains.

Après ma libération, on m’a emmené à la municipalité de Gyugo (70 km de Ragya) où on m'a tenu sous surveillance. Le 2 avril 1997, je me suis échappé avec Singsa Rinpoche et nous sommes arrivés à Dharamsala le 28 avril 1997.

Torturée et violée

Protestation après un massacre, le 5 mars 1988

Mon nom est Tsultrim Dolma, j’ai 28 ans et j'ai été admise au couvent de Chubsang à l’âge de 17 ans. J'ai participé à une manifestation avec un grand nombre de Tibétains qui étaient venus jusqu’à Lhassa le 1er octobre 1987. On a entendu des coups de feu des toits des maisons et on a vu la police tirer dans la foule. Beaucoup de Tibétains ont été tués ou gravement blessés.

Des mois plus tard, le 6 avril 1988, à peu près six semaines après le massacre des moines qui a eu lieu pendant le festival de prière de Monlam, six d’entre nous ont manifesté au Barkhor pour la libération des moines arrêtés. Pendant notre manifestation, huit soldats chinois sont venus vers nous et nous ont emmené. Deux soldats m'ont prise sauvagement par les bras, en me tordant les mains derrière le dos. J'ai été jetée dans un camion avec d’autres nonnes et emmenée à la section principale du centre de détention de Gutsa, à peu près à 5 km à l’est de Lhassa.

Quand nous sommes arrivés, nous avons été séparées et fouillées. On m’a emmenée vers un autre bâtiment où deux autres gardiens, un homme et une femme, m'ont attendu afin de commencer l’interrogatoire. Il y avait dans la cellule toute une panoplie d’instruments de torture comme des aiguillons électriques et j'ai été sauvagement battue pendant l’interrogatoire.

Plus tard, dans la cour de la prison, on nous a dit de rester debout à quatre endroits différents. J’étais près de la porte et chaque soldat chinois qui passait me donnait des coups. Nous avions des menottes et on nous ordonnait de rester debout avec nos mains au mur, six policiers nous ont prises une par une, nous ont électrocutés avec des aiguillons électriques, nous ont frappés avec une petite chaise cassée et nous ont battus. J'ai été frappée si fort à la poitrine que je ne pouvais plus respirer. On nous a ordonné de lever les bras mais c’était impossible de rester dans cette position, nous tombions tout le temps. Aussitôt que je chutais, quelqu’un venait et me forçait à me remettre debout.

Nous avons constamment été interrogées et battues. Ils nous ont également amené un grand chien. La police a essayé de nous faire courir mais nous n’en avions simplement plus la force, alors le chien n’a pas attaqué.

Finalement, vers la fin de la journée, on nous mis des menottes et on nous a emmené dans un bâtiments. A chaque fois que nous passions devant un groupe de soldats, ils nous donnaient des coups de pieds, nous giflaient ou nous tiraient violemment les oreilles. On m'a jeté dans une toute petite cellule, complètement vide à l’exception d’une bassine et d'un petit seau. Cette nuit-là je me suis très vite évanouie sur le sol en béton froid.

Le matin suivant, on m’a emmené dans une pièce où trois policiers étaient assis derrière une table. Sur celle-ci il y avait un assortiment de fusils, d'aiguillons électriques et de bâtons en acier. L’un d’eux m'a demandé : “Pourquoi manifestais-tu ? Pourquoi demandes-tu à être torturée et battue ?” Ma réponse les a mis en colère et tous le trois se sont levés et ont pris plusieurs instruments. L’un d’eux avait pris l’aiguillon électrique et m'a électrocuté si fort que je suis tombée.

Ils ont crié que je devais me lever, mais je ne le pouvais pas. Alors un des policiers a retiré ma robe pendant que les deux autres ont inséré l’instrument dans mon vagin. Le choc et la douleur étaient horribles. Ils ont répété cela plusieurs fois et ils ont touché également d’autres parties de mon corps. Plus tard, ils m’ont obligé à rester debout et m'ont frappé avec des bâtons et ils m'ont battu. Plusieurs fois je suis tombée sur le sol. Alors, ils m’ont à nouveau inséré l’aiguillon et m'ont remis debout afin de continuer à me battre.

J'ai été torturée de la sorte pendant plus de quatre mois. Au début j’avais peur mais avec le temps je pensais à ces autres moines et nonnes emprisonnés, dont beaucoup avaient de la famille dont ils devaient se préoccuper, et je réalisais que je n’avais rien à perdre.

J'ai été libérée de Gutsa à la fin de l'été 1988. J'ai été expulsée du couvent de Chubsang par les autorités chinoises et renvoyé dans mon village. On a refusé que je porte des robes monastiques et je ne pouvais pas prendre part à des activités religieuses ou parler ouvertement avec d’autres villageois. On m'a forcé également d’aller à des réunions du soir de “rééducation”.

Après ma libération, j’ai participé à un documentaire britannique sans cacher mon identité et tout le monde a commencé à en discuter. La plupart des Tibétains pensaient que j’étais très courageuse, mais quelques collaborateurs m’ont insulté et il me semblait qu’une autre arrestation était imminente. J’avais peur pour mes parents et j'ai décidé de redemander d’entrer au couvent de Chubsang, car je pensais que cela était le plus sûr. Mais quand j’arrivais sur les lieux, je voyais qu’une station de police avait été mise en place au couvent.

Juste en dessous du couvent de Chubsang il y avait une enceinte avec des policiers. En passant j'ai vu trois soldats chinois sur des vélos. Ils m'ont suivi et puis ils m’ont arrêté. L’un d’eux a enlevé son manteau et sa chemise. Il a attaché sa chemise autour de ma figure et il a inséré les manches dans ma bouche afin que j’arrête de crier et de pleurer. Ils m'ont violée tous les trois sur le sol derrière l’enceinte. Puis, les trois soldats chinois se sont enfuis. Je ne suis pas rentrée au couvent. Je suis restée à Lhassa pendant deux mois, soignée par des Tibétains. Pendant ce temps, le documentaire britannique contenant mon interview a déclenché un tumulte chez les autorités chinoises. Je vivais sous la peur constante d’être arrêtée à nouveau, et je ne pouvais plus être nonne. La base de nos vœux est d’avoir une vie pure, et comme j’avais été violée, je ne pouvais plus rester chez les autres nonnes qui, elles, étaient pures.

En décembre 1990, je suis arrivée à Dharamsala. Aujourd’hui, je vis aux Etats Unis en tant que femme laïque.

Torturé pour le Panchen Lama

Arrêté le 26 novembre 1995 pour avoir refusé de reconnaître le Panchen Lama choisi par les Chinois

Mon nom est Lobsang Shakya, j’ai 24 ans et je viens de Shigatse. En avril 1995, une “équipe de travail” est arrivée dans mon monastère Tashi Lhunpo, qui est le siège du Panchen Lama, et a commencé une “rééducation”. Un mois plus tard, plusieurs réunions ont été tenues où on demandait aux moines d'accepter la procédure utilisée par les autorités chinoises. Tous ont refusé et quatre d’entre nous ont écrit une lettre disant que la question de la réincarnation est une question religieuse et que pour cette raison nous croyons et avons foi en le Panchen Lama choisi par le Dalaï Lama.

Le 25 novembre 1995, Gyaltsen Norbu, le garçon choisi par le gouvernement chinois à être le XIème Panchen Lama, a été amené au monastère. Je n'ai pas participé à cet évènement, alors à 1 heure 30 du matin, six policiers de la Police armée du peuple sont entrés dans ma chambre et m’ont arrêté. Ils m’ont emmené à la prison de Shigatse Nyari. On m'a mis un sac noir sur ma tête et on m’a attaché les mains avec des menottes. J'ai été détenu à Nyari pendant un quart d'heure avant d’être emmené à la prison de Karthang à Shigatse. Le matin suivant, le chef du Bureau de la sécurité publique local et le chef de département sont venus dans ma cellule afin de m’interroger. Ils m'ont suspendu au plafond et m'ont battu en me demandant pourquoi je n’avais pas critiqué le Dalaï Lama et pourquoi j’avais refusé d’accepter la réincarnation du Panchen Lama sélectionné par le gouvernement chinois. Comme je ne répondais pas, il m'ont frappé à l’estomac avec les poings et les coudes et m'ont battu. Ceci a continué pendant plusieurs heures. Si je devais aller à la toilette, des officiers m’accompagnaient et j'avais les yeux bandés.

J'ai été interrogé pendant six jours sans interruption. Finalement, ils ont dit que si je confessais mon crime, ma peine serait réduite, sinon je resterais là toute ma vie sans être jugé. Et ils ont ajouté : “Nous te disons cela par sympathie, donc tu devrais réfléchir sérieusement.” J’ai refusé d’admettre quoi que ce soit, alors ils m'ont pendu au plafond et m'ont battu à nouveau, la plupart du temps sur l’estomac. Je saignais beaucoup et je m’évanouissais régulièrement. Dans ce cas, ils jetaient l’eau des sanitaires sur moi. Une fois je les ai entendu dire : “Ne le blesse pas à l'extérieur, mais neutralise-le par des blessures internes.”

J’étais interrogé par des officiers du Bureau de la sécurité publique de 10 heures du matin à 15 heures de l'après-midi. Les sessions d’interrogatoire duraient toute une semaine, puis il y avait une interruption de cinq à six jours.

Pendant ces pauses, ma famille et beaucoup de personnes de Shigatse sont venus me voir. Ils m’ont apporté des vêtements et de la nourriture, mais je n’en recevais rien. Quand quelques personnes ont essayé d’insister, elles ont été détenues pendant 15 jours. Après plus d’un mois on a permis à ma mère de me voir, mais nous ne pouvions pas parler.

Deux autres mois de torture et d’interrogatoires ont suivi. Quand mes proches et amis ont appris que ma santé se détériorait rapidement, ils ont insisté afin que je sois hospitalisé. J'ai finalement été admis à l’hôpital du peuple de Shigatse. Là, on a trouvé que j’avais des problèmes à l’estomac, au pancréas et aux intestins. Même pendant que j’étais à l’hôpital, les interrogatoires ont continué. Grâce à l’aide du responsable de l’hôpital et un médecin de l’Institut tibétain de médecine, j’ai pu recevoir un traitement pendant plus de deux mois.

Quand mon état de santé a été meilleur, je me suis échappé de l’hôpital pendant la nuit. Je suis resté caché pendant deux ans, et je me suis enfui vers l’Inde le 10 octobre 1997.

Exercices militaires forcés pour les jeunes

Arrêté en 1994 pour avoir collé des affiches

Mon nom est Luesang, j’ai 16 ans et je suis un moine du monastère de Dechen Sangak. Le 4 décembre 1994, trois autres moines et moi-même ont collé des affiches avec des messages de liberté en tibétain et le drapeau tibétain en papier sur les murs dans le comté de Taktse. Le matin suivant, dix moines de mon monastère ont manifesté autour du Tsuglag Khang. En quelques minutes, les policiers du Barkhor les ont arrêté tous, sauf deux qui ont réussi à s'échapper. Sept moines ont été condamnés à des peines allant de deux à six années d’emprisonnement.

Le matin du 9 décembre 1994, 20 policiers sont venus au monastère et ont arrêté Lobsang Jampa et moi. J'ai été détenu à la prison du comté de Taktse pendant quatre mois. Pendant les trois premiers mois de détention, alors que j’attendais d’être jugé, on m'a battu d’une façon extrême. Les gardes m'ont frappé sur le visage et sur tout le corps. La deuxième semaine de mars 1995, j'ai été transféré à la prison de Trisam. Je n’avais toujours pas été informé de ma peine. Les officiers ont vérifié leurs dossiers et m'ont dit que j’avais été condamné à deux ans, et ce à partir du 9 décembre 1994.

Les prisonniers à Trisam travaillaient de 10 heures du matin à 20 heures du soir en dehors de la prison, la plupart du temps dans des usines chinoises. On m’a ordonné de faire des travaux de construction. Parfois, les prisonniers étaient obligés de faire ces travaux forcés en dehors de la prison pendant presque 24 heures sans nourriture suffisante. J’ai vu beaucoup de personnes torturées avec des aiguillons électriques ou battues violemment.

En hiver, on nous forçait à faire des exercices militaires extrêmement durs. Vers la moitié de 1995, je ne voyais plus très bien et je ne pouvais plus contrôler mes membres supérieurs. Mes bras et mes mains restaient pendus le long de mon corps. Comme ma condition empirait, j'ai enfin été admis à un hôpital tibétain à Lhassa où on m'a prescrit onze flacons de glucose. J’ai continué à souffrir pendant un mois.

Je ne pouvais pas retourner à mon monastère ou rejoindre une école. Chaque fois qu’il y avait un incident politique, j'étais arrêté et interrogé. J’ai finalement décidé de fuir le Tibet et j’ai quitté Lhassa vers le mois d’août 1997. Après un long et difficile voyage, nous sommes arrivés enfin au Népal, mais nous avons été emprisonné à Katmandou pendant deux mois. Après ma libération, je suis arrivé en Inde le 25 novembre 1997.

Arrestation d'une jeune nonne

Arrêtée pour avoir participé à une manifestation pacifique en mars 1990

Mon nom est Lobsang Choedon. J’ai 21 ans et je viens du Tibet central. A l’âge de 16 ans, j'ai été arrêtée pendant une manifestation pacifique à Lhassa au mois de mars 1992. J'ai été entourée par six policiers et mes mains ont été liées dans mon dos. J'ai été battue, frappée et on m'a donné des coups de pieds pendant le trajet vers le centre de détention de Gutsa. Cinq autres nonnes qui avaient participé également à la manifestation ont aussi été arrêtées.

A Gutsa, j'ai été régulièrement interrogée et torturée par trois ou quatre policiers à la fois. Ils ont souvent utilisé des aiguillons électriques. La troisième fois que j'ai été interrogée, j'ai été violemment battue avec des fouets en cuir et électrocutée avec des aiguillons électriques. Six prisonniers étaient logés dans une cellule très étroite. La nourriture était insuffisante : un morceau de pain et de la soupe, trois fois par jour.

A Gutsa, on me faisait planter des bambous, nettoyer les toilettes et laver les vêtements des officiels de la prison. J’ai vu beaucoup de prisonniers torturés. Certains sont morts à l’hôpital. Deux de mes amies sont mortes à cause de la torture. Une d’entre elles était Sherab Ngawang. Nous étions supposées savoir compter en chinois et nous avons été interrogées par des gardes. Un jour, ils ont interrogé Sherab. Mais elle ne pouvait se souvenir comment compter correctement, alors elle a simplement souri. Elle a été électrocutée violemment avec des aiguillons électriques et battue avec d’autres instruments de torture. Après sa libération sur ordre médical en 1995, elle était si malade à cause de la torture et des abus qu’elle a immédiatement été envoyée à l’hôpital. Elle est morte deux mois après, à l’âge de 15 ans, après avoir passé trois ans en prison.

J’avais une autre amie, Phuntsok Yangkyi, une nonne du couvent de Michungri, qui est également morte à cause de la torture. Elle a été emmenée à l’hôpital où elle est morte six jours après, le 4 juin 1994. Elle n’avait que 20 ans. Les autorités carcérales ont refusé de donner le corps aux parents et ont dit que Phuntsok était morte d’une façon naturelle.

Je suis restée à Gutsa pendant 18 mois avant que ma peine reçue sans jugement soit purgée. On m’a ordonné de signer un document qui m’a accusé d’être une “contre-révolutionnaire” et j'ai été condamnée à une peine de trois ans. J'ai alors été transférée à Trisung et relâchée en février 1995. Je suis restée six mois au Tibet, dont deux à Lhassa afin de rendre visite à des compagnes de cellule, avant de m’enfuir vers l’Inde.

Je souffre toujours de problèmes intestinaux suite à la torture que j’ai endurée en prison.


L’art de la torture : les techniques utilisées contre les détenus

Voici la liste des méthodes de torture utilisées par les autorités contre les détenus ou prisonniers. Ces abus sont tous classés comme torture selon la Convention des Nations unies contre la torture, convention que la Chine a signée. Ce texte décrit la torture comme “tout acte commis de façon intentionnelle et infligeant une forte douleur psychologique ou physique à une personne...”

Suspendus en l’air

Le prisonnier est pendu au plafond, soit avec des menottes aux pouces, soit avec les mains liées derrière le dos. Ceci peut accompagner l’interrogatoire. Pendant qu’ils obligent la victime à rester dans cette position, les tortionnaires peuvent brûler du charbon et de la poudre de piment sous la victime. Selon d’anciennes victimes, la sensation de brûlure peut être si intense qu’elles ne peuvent ouvrir leurs yeux pendant plusieurs heures. La transpiration extrême du corps augmente également la douleur. Palden Gyatso, qui a été prisonnier politique durant 33 ans, a rapporté que les tortionnaires jetaient aussi de l’eau bouillante sur les prisonniers pendant qu’ils étaient suspendus au plafond.

Les menottes

Les Chinois ont créé plusieurs menottes destinées à servir comme instruments de torture. La menotte pour les pouces joint les deux pouces derrière le dos. La victime est ensuite pendue à une barre afin d’être interrogée. Des menottes pour les pieds de poids différents sont également utilisées et certains prisonniers doivent faire des travaux forcés en ayant ces menottes aux pieds. D’anciens prisonniers ont rapporté qu’ils devaient creuser un trou dans le sol afin de rendre la douleur et le travail dans la fabrique de tapis supportable.

Certains prisonniers disent que la menotte la plus douloureuse est la menotte auto-serrante appelée aussi "menotte jaune". Celle-ci se ressert à chaque mouvement. Il y a des dents pointues à l’intérieur qui lacèrent les poignets, causant ainsi des saignements et laissant des cicatrices permanentes. D'après Palden Gyatso, un autre type de menottes "cause des ampoules autour du poignet qui deviennent le siège d'inflammations et se développent par après en brûlures ".

Chocs électriques

Au début des années 1980, les autorités chinoises ont introduit une nouvelle technique de torture dans les prisons, à savoir les aiguillons électriques à bétail de différentes dimensions et de voltage. Certains font partie de l’équipement des policiers afin d’être utilisés contre des manifestants indépendantistes. D’autres sont utilisés lors des interrogatoires afin de battre la victime sur tout le corps ou le visage, ou sont utilisés comme instrument d’abus sexuels contre des prisonnières. Il y a beaucoup de témoignages de femmes à qui on a introduit des aiguillons électriques dans le vagin ou l'anus.

Cet instrument est également fréquemment mis de force dans la bouche du prisonnier en tant que punition s’il n’a pas répondu correctement. Ceci provoque un fort gonflement de la langue et dans certains cas, les prisonniers ont perdu leurs dents. La victime peut aussi être directement électrocutée avec des fils électriques attachés autour des poignets, des pouces ou d’autres parties du corps. Afin d’augmenter le choc, de l’eau peut être jetée sur les victimes.

Les séquelles de ces chocs sont en général très graves, comme des blessures internes ou des troubles psychologiques.

Lhundup Ganden, connu également sous le nom de Ganden Tashi, un prisonnier politique détenu pendant trois ans à partir de 1988, a décri l’aiguillon électrique comme la forme de torture la plus terrible qu’il ait subie : “... ils m’ont ordonné de me déshabiller puis m'ont électrocuté avec des aiguillons électriques sur tout le corps. Après, je n'ai plus pu dormir sur mon dos ni m’asseoir. Ma peau s’est enflée et est devenue verte et bleue. J’avais des lacérations partout.”

Températures extrêmes

Pendant l’hiver, les prisonniers sont forcés à rester debout dans le froid ou la neige, souvent pendant toute la journée, en étant nus ou ayant des vêtements très légers. Les températures d’hiver à Lhassa varient entre zéro et -13° C. Afin d’augmenter la douleur, les tortionnaires peuvent jeter de l’eau glacée sur les prisonniers. Certaines cellules d'isolement ont également été conçues pour être extrêmement froides.

L’exposition à des très fortes chaleurs est également utilisée comme moyen de torture. Les prisonniers doivent rester debout dans le soleil en portant des vêtements très chauds et des bonnets en fourrure. Une autre technique est de brûler la victime directement, en l’attachant à une cheminée, en la brûlant avec des cigarettes, ou en la pendant au-dessus d’un feu contenant de la poudre de piment.

Chiens féroces

Des chiens féroces sont parfois amenés pendant l’interrogatoire et on leur ordonne d’attaquer les prisonniers. N’importe quel mouvement de panique du prisonnier incitera la chien à attaquer. Un moine a été fort mutilé par cette technique : le chien lui a arraché le mollet.

Viols sexuels

L’abus sexuel est l’une des techniques de torture les plus barbares utilisées dans les prison du Tibet. Le but est de casser la foi et l’esprit des nonnes bouddhistes sans défense ayant participé à des manifestations pour l'indépendance.

Des bâtons et des aiguillons électriques sont insérés dans le vagin et l’anus, ce qui provoque une douleur indescriptible et des blessures internes irréversibles comme par exemple des lésions aux reins et des traumatismes psychologiques.

On ne rapporte pas beaucoup de viols par les gardes, mais comme les femmes tibétaines ayant été violées sont fortement stigmatisées, spécialement les nonnes, il se peut qu’il y en ait en réalité plus que ceux rapportés.

Coups violents

Certaines techniques de torture rapportées par d’anciens détenus comprennent : frapper la victime avec des orties brûlantes; perforer la peau avec des aiguilles; insérer des morceaux de bambous sous les ongles; frapper les articulations - en particulier celles des chevilles - avec des instruments comme par exemple un marteau; battre la victime avec une batte équipée de clous. Il y a aussi des témoignages de prisonniers battus avec des matraques en bois, des barres en acier et des bâtons à clous qui lacèrent la peau.

Isolement

Les conditions d’isolement sont aussi inhumaines que possible, avec des cellules tellement petites (en général un mètre sur deux) que le prisonnier peut à peine s’asseoir. Les prisonniers sont détenus dans le noir absolu et dans certains cas le sol est en métal afin que la cellule soit glacée. Le seul contenu est une petit pot utilisé comme bol et toilette à la fois.

Le prisonnier détenu en isolement ne peut pas sortir de sa cellule, sauf pour être interrogé et il porte tout le temps des menottes. La période d’isolement peut durer plus de six mois.

Cassettes vidéo de torture

On force parfois des prisonniers à regarder des vidéos de torture, montrant des atrocités commises envers les Tibétains comme par exemple des exécutions de masse. La vidéo la plus couramment utilisée est celle d’un moine torturé sauvagement. Il est d’abord crucifié avec ses mains et ses pieds transpercés de clous. Puis on tire deux fois sur lui. Après il est pendu au-dessus d’une pile de bouts de bois et brûlé vivant.

Uriner dans la bouche de la victime

Les autorités carcérales des prisons chinoises ont créé beaucoup techniques afin d’humilier les détenus. Ils peuvent forcer la victime à boire d’énormes quantités et refuser qu'elle quitte la pièce jusqu’à ce que la victime ne puisse plus se retenir. Une autre technique consiste à uriner dans la bouche de la victime, en général à travers un tube en caoutchouc.


Chronologie des prisonniers décédés depuis 1987 suite à la torture

La liste ci-dessous est limitée à des prisonniers politiques tibétains qui sont morts dans les mains des autorités chinoises après 1986, année à laquelle la République populaire de Chine a signé la Convention des Nations unies contre la torture. A ce jour, le TCHRD a rapporté 60 décès dus à la torture - comprenant les 11 morts lors de deux manifestations à la prison de Drapchi. Ces chiffres n’incluent pas les personnes tuées lors de manifestations de rue. Beaucoup d'autres Tibétains, dont l'identité n'est pas connue, sont morts de manière similaire. L’information concernant les décès est souvent retardée, car en général les autorités au Tibet ne donnent pas de détails concernant la mort des prisonniers. Il est courant que le TCHRD reçoive de l’information d’anciens prisonniers politiques concernant des décès ayant eu lieu des mois ou des années avant.

Les décès sous détention ou dus à la torture dans les prisons ont des caractéristiques distinctives. En général, les décès ont lieu en dehors de la prison, mais ils sont souvent la suite directe des passages à tabac inhumains et des tortures infligées pendant l’interrogatoire. Les autorités carcérales relâchent les prisonniers qui sont sur le point de mourir afin d’éviter d'apparaître comme coupables. Beaucoup meurent également à cause de maladies prolongées résultant de la torture ou parce qu’ils ne reçoivent pas de traitement médical suffisant après avoir été battus.

1987

1. Geshe Lobsang Wangchuk

D’Amdo Shogchung du comté de Nagchu. A l’époque du mouvement de protestation de 1959, il a été considéré comme l’un des leaders religieux les plus importants de la région. Geshe Lobsang Wangshuk a été emprisonné en 1960 et a reçu une peine de dix ans. Sa santé avait souffert à cause d’innombrables sessions de thamzing (sessions dites de “lutte”). Le 3 décembre 1981, il a de nouveau été arrêté pour trois ans et demi parce qu'il avait écrit un livre intitulé “Une histoire de l’indépendance du Tibet”. Début 1987, on a rapporté que sa santé s’était détériorée car il avait été trop battu et il ne pouvait plus utiliser ses mains. Il est mort le 7 novembre 1987 à la prison de Drapchi, à Lhassa.

2. Dawa

Dawa a participé à une manifestation au Barkhor, à Lhassa, le 1er octobre 1987. Il a été arrêté par la police armée et torturé pendant son emprisonnement.

3. Lobsang Dhonyoe

Né en 1959 à Shigatse, il est devenu moine au temple du Jokhang à Lhassa. Lobsang a été torturé pour avoir participé à la manifestation du 1er octobre 1987 et est mort quelques jours plus tard.

4. Rabgang Gonpo Sonam

Né à Gyaltse Rabgang Tsang. Il a été arrêté plusieurs fois, parce qu'il avait exprimé son opinion sur la liberté au Tibet. En 1983, il a été arrêté et emmené à la prison de Drapchi où il a été sévèrement torturé et maltraité. De ce fait, il est devenu épileptique et sa santé se détériorait. Il est mort le 23 décembre 1987 à l’âge de 61 ans.

1988

5. Lobsang Dolma

De Nyethang, dans la région de Lhoka, elle était une nonne du couvent de Shugseb. Le 17 mai 1988, âgée de 26 ans, elle a été incarcérée au centre de détention de Gutsa et torturée sévèrement. Comme sa santé était dans une situation critique, elle a été libérée le 17 juillet de la même année. Malgré son état de santé, elle a essayé de s’enfuir du Tibet à la fin du mois de juillet, mais elle est morte sur la route de l’Inde à cause des blessures reçues en prison.

6. Yeshi Lhundup

Un ancien officiel du gouvernement tibétain en exil qui est retourné au Tibet en 1987. Début 1988, il a été arrêté à Nya-nam pour des raisons politiques et a été emprisonné à la prison de Sangyip. Il aurait été régulièrement torturé pendant sa détention et relâché après sept mois. Il est mort à Tsomoling deux semaines après sa libération.

7. Tashi Tsering

Né en 1951 et moine du monastère de Nechung. Il a été arrêté après avoir participé à une manifestation le 5 avril 1988. Il a été sévèrement battu par la police et est mort de blessures cérébrales.

8. Tashi Yeshi

Né en 1976 à Taktse dans la municipalité de Lhassa, il était un moine de Gaden. Il a été arrêté pendant une session de rééducation patriotique et condamné à deux ans de prison à Trisam. Il a été relâché le 6 mai 1988 après avoir été battu violemment par un garde de prison. Il est mort six jours après, chez lui à la maison.

9. Lhakpa Dhondrup

De Metog Changse à Tsemonling, Lhassa. Il s'est joint à une manifestation pacifique le 5 mars 1988 et a été emprisonné au centre de détention de Gutsa, où il a été battu et torturé à mort.

10. Lobsang Sonam

Né en 1959. Il était ouvrier à la fabrique de la maison de publication tibétaine Shin Ha. Lobsang a reçu une balle dans la taille en prenant part à une manifestation pacifique le 5 mars 1988. Il a été emmené à l’hôpital populaire de Lhassa où, à cause de sa participation à la manifestation, on lui a refusé un traitement médical décent; il est mort le 5 avril.

11. Lobsang Choephel

Né en 1967. Il a été arrêté parce qu'il avait participé à la manifestation du 5 mars 1988; il est mort après avoir été torturé et battu par la police.

12. Tenzin Sherab

Un jeune chauffeur de camion de Lhassa qui a participé à la manifestation du 5 mars 1988. Il a reçu une balle dans la jambe, puis a été battu violemment par la Police armée du peuple. On lui a notamment enfoncé une tige métallique dans le corps. Le 23 mars, les autorités ont demandé aux parents de venir chercher le corps et on a rapporté que son visage avait été battu et torturé violemment. Un oeil pendait hors de son orbite. Plus tard, on a découvert que plusieurs os avaient été cassés.

1989

13. Migmar

De Kyi-Rae, Lhassa. Il a participé à la manifestation du 5 mars 1989 et il a été torturé à la prison de Seitru, ce qui a entraîné une maladie chronique non traitée. Il est mort à cause de ses blessures.

14. Ngawang Zegay

Né à Toelung, Ngawang était un moine à Drepung. Le 27 septembre 1988, il a participé à une manifestation et a été emmené au centre de détention de Gutsa le même jour. Il a été torturé violemment par les autorités chinoises. Il a été relâché en 1989 et est mort quelques jours plus tard.

15. Chonzed Tenpa Choephel

Un jardinier du palais Norbulingka, la résidence d’été du Dalaï Lama à Lhassa. Il a été arrêté le 15 décembre 1987, à l’âge de 66 ans, parce qu'il possédait une photo du Dalaï Lama. Il est mort à la prison de Sangyip le 25 août 1989 après avoir été violemment battu et torturé.

16. Yeshi

Agé de 23 ans, il a été arrêté et détenu à la prison de Drapchi en 1989. Il est mort à cause de la torture infligée pendant sa détention.

17. Lobsnag Khedup

A été emprisonné au centre de détention de Gutsa le 6 mars 1988. Il est mort très vite après sa libération le 10 octobre 1989. Au moment des funérailles, on a découvert que des côtes cassées avaient percé les poumons et le cœur et que ces organes étaient complètement endommagés.

18. Yeshi

Le 7 mars 1989, à minuit cinq, Yeshi a été arrêté et détenu pendant trois mois à Gutsa. Quand il est mort le 22 août 1989, on a découvert pendant les funérailles que son foi et ses organes génitaux étaient complètement endommagés à cause de la torture. Il semble qu’il ait été empoisonné.

19. Phala

Né dans le district de Chamdo et arrêté le 10 décembre 1988. Il est mort pendant sa détention dans la prison de Drapchi à l'âge de 46 ans.

1990

20. Kalsang Tsering (nom laïc : Lobsang Geykyong)

Un moine du monastère de Sera à Lhassa né dans le comté de Lhundup. Le 10 décembre 1989, il a dirigé une manifestation. Les troupes chinoises ont tiré et il a été sévèrement blessé. Après un mois de traitement médical insuffisant, Kalsang est mort à l’hôpital populaire de Lhassa à l’âge de 29 ans.

21. Lhakpa Tsering

De la ville de Lhassa, Kyi-Rae. Il est mort alors qu’il n’avait que 19 ans. Il avait formé l’organisation des jeunes Gangsen au début de 1989 et avait distribué des textes. Il a été arrêté le 4 novembre 1989. Lhakpa a été détenu à la prison de Drapchi et condamné à trois ans d’emprisonnement. Il a été continuellement torturé parce qu'il aurait riposté chaque fois verbalement aux officiels chinois. Ces mauvais traitements ont entraîné sa mort le 15 décembre 1990. Des prisonniers dans les cellules avoisinantes l'ont entendu crier : “Mère, sauve-moi, il vont me tuer.”

1991

22. Jampa Gelek

Né dans le comté de Meldro Gongkar, à Gyama Shang dans la ville de Lhassa, Jampa est mort à l’âge de 26 ans. En 1983, Jampa a rejoint le monastère de Gaden et a été actif dans la manifestation pour l'indépendance du 5 mars 1988. Il a été arrêté le 7 mars 1988, battu et maltraité constamment. De façon régulière, il a été violemment interrogé et battu, ce qui a provoqué des migraines et a endommagé son ouïe. Jampa a été relâché après cinq mois de détention très dure mais sa santé s'est détériorée suite à la torture et il est mort en 1991.

23. Laba Dunzhu

Arrêté en 1989, Laba a souffert d’une rupture de la rate et d’autres blessures après avoir été torturé pendant sa détention. Laba a été transféré à l’hôpital populaire de Lhassa et il y est mort en novembre 1991.

24. Tsamla

Une femme d’affaires âgée de 39 ans de Lhassa. Elle est morte le 25 août 1991, six mois avant la fin de sa peine de deux ans. La cause exacte de sa mort est inconnue, mais on sait que les organes internes de Tsamla étaient atteints, car elle a été battue et frappée brutalement. On avait aussi fait usage des aiguillons électriques. En mai ou juin 1991, elle a été envoyée à l’hôpital afin d’être opérée et là on a découvert qu’elle souffrait d’une rupture de la rate. Elle est restée à peu près deux mois à l’hôpital de Lhassa avant de mourir. Tsamal avait été arrêtée le 10 décembre 1988 après qu’elle aurait prétendument frappé les membres de la sécurité avec une barre d’acier afin qu’ils arrêtent de tirer sur les manifestants.

1992

25. Dawa Dhondup

Dawa venait de Gyantse dans la région de Shigatse. Il a été arrêté pour motif de vol le 7 mars 1989 et emmené à la prison de Sangyip où il a été fréquemment torturé. Le 7 mars 1992, on l'a relâché mais il a continué de souffrir des effets de la torture prolongée. La santé de Dawa s'est détériorée et il est allé à l’hôpital populaire de Lhassa, mais n'a pas reçu de traitement médical approprié. Après sa mort le 2 novembre 1992, le topdhen a rapporté que la colonne vertébrale de Dawa était endommagée et que ses bras et jambes étaient totalement cassés à cause des coups violents reçus.

26. Rinzin Choendhen

Connue aussi sous le nom de Kunsang Choekyi, Rinzin était nonne au couvent de Shugseb. Elle était originaire de Gongkar dans la région de Lhoka et a été arrêtée le 2 mars 1989. Elle a été détenue au centre de détention de Gutsa et puis transférée à la prison du comté de Chushul où elle a été interrogée et torturée. Après seulement une semaine, elle a été relâchée à cause de l’intervention du Lama responsable du couvent de Shugseb, mais elle a été expulsée du couvent après un mois. Elle a été admise à l’hôpital avec des blessures aux reins infligées pendant son court séjour à la prison. Elle avait probablement été battue et avait reçu des coups de pieds. Elle est morte le 10 octobre 1992, âgée de 26 ans.

1993

27. Lhadar

Un moine tibétain battu et torturé à mort pendant sa détention à un poste de police chinois. Il a été arrêté le 20 août 1993 avec d’autres moines du monastère de Lithang, dans le Kham. On a rapporté qu’il est mort dans la prison du district de Lithang en août 1993.

28. Tsenyi

Né en 1970 à Lhassa, elle a travaillé pour le journal Tibet Daily. Elle s’est enfouie en Inde en février 1990, mais elle est retournée au Tibet en 1993 afin d’effectuer des cérémonies religieuses pour son père qui était mort récemment. Le 24 mai 1993, Tsenyi a participé à une manifestation contre l’augmentation des taxes sur les marchandises qui s'est transformée en action pour l'indépendance. Elle a été arrêtée le 17 ou le 18 juin 1993 et emmenée à la prison de Seitru où, malgré le fait qu’elle était enceinte, elle a été battue. Elle a été relâchée momentanément, mais elle a été continuellement suivie et harcelée. Tsenyi a été tellement affligée mentalement qu’elle s'est suicidée à l’âge de 23 ans, laissant un enfant de moins d’un an.

1994

29. Lobsang Yonten

Né dans le village de Nharub, dans la région de Lhoka, il était largement connu en tant que Tsasur Zhang-Le ("oncle Tsasur"). Il a été arrêté en mai 1993, parce qu'il avait essayé de contacter une délégation européenne de haut niveau visitant Lhassa du 17 au 22 mars 1993. Il a été tenu isolé par la police chinoise et soumis à de la torture physique constante, ce qui a provoqué une dégradation de sa santé. Il est mort le 30 octobre 1994 à l’âge de 65 ans.

30. Phuntsok Yangkyi (nom laïc : Mizang)

Une nonne de 20 ans, née à Taktse dans la région de Lhassa. Elle appartenait au couvent de Michungri et purgeait une peine de cinq ans à la prison de Drapchi après avoir participé à une manifestation pour l'indépendance en février 1992. Elle a été battue après avoir chanté des chansons nationalistes en prison le 11 février 1994.

Vers la fin du mois de mai 1994, elle est entrée dans un coma quand des médecins lui ont extrait des liquides corporels. Ses ongles, sa langue et ses lèvres étaient devenus bleu et noir. Elle est morte six jours après avoir été admise à l’hôpital, le 4 juin 1994.

31. Dawa Tsering

Né à Lhassa et également connu sous le nom de Khema. A 28 ans, en mars 1989, il a participé à l’une des plus grandes manifestations qui s'est tenues à Lhassa et a été arrêté le 8 mars 1989. Dawa Tsering a été emmené à la prison de Sangyip et détenu à l'unité n° 5 à Outridu jusqu’au mois de mars 1990. Pendant son année de détention il a été tout le temps violemment torturé et son état de santé était si critique qu’il pouvait à peine tenir debout et son dos était complètement tordu. On a rapporté que la torture intensive avait endommagé ses reins. Sa famille l’a emmené à l’hôpital régional immédiatement après sa libération, mais sa condition ne s'est jamais améliorée. A cause de ses blessures, il est mort chez lui le 14 mai 1994, âgé de 23 ans.

1995

32. Kalsang Dawa

Un peintre de Phenpo, à Lhassa. En 1993 il a été arrêté pour avoir mis un drapeau sur le sommet de la montagne Gephel-Uste. Kalsang est mort à 29 ans. Il a enduré deux ans et demi de torture en prison, notamment la torture à aiguillons électriques. Il a été trouvé pendu dans sa cellule le 14 octobre 1995.

33. Gyaltsen Kelsang (nom laïc : Kelsang Dolma)

Une nonne du couvent de Garu qui est morte à 24 ans. Elle a été arrêtée le 14 juin 1993 quand elle avait 22 ans. Elle avait participé à une manifestation pour l'indépendance à Lhassa et a été condamnée à deux ans de prison. Pendant son incarcération au centre de détention de Gutsa et après dans la prison de Drapchi, elle a été torturée et battue. Elle a été alitée pendant plus de 20 jours sans traitement médical. En novembre 1994, pendant son séjour à Drapchi, elle a été hospitalisée, mais sa condition s'est détériorée. Elle a fait deux quarts de sa peine puis a été relâchée sur base médicale. Sa santé ne s’est pas améliorée et elle est morte le 20 février 1995.

34. Sherab Ngawang

De Drok Tashi Khang à Thangkya, dans de comté de Meldro Gongkar à Lhassa. Elle avait 12 ans quand elle a été arrêtée pour participation à une manifestation pour l'indépendance. Elle a été emmenée à la prison de Trisam. Sherab Ngawang a été considérée comme la prisonnière la plus jeune décédée à cause de la persécution chinoise. Elle est morte en prison le 17 avril 1995, après trois ans de détention. Elle avait 15 ans.

35. Tashi Tsering

Tashi venait du comté de Ngabring, dans le comté de Shigatse. Il a été arrêté le matin du 28 novembre 1989 après que les autorités aient découvert qu’il avait soi-disant écrit des lettres soutenant l’indépendance du Tibet et en avait envoyé 73 à plusieurs adresses. Tashi a été détenu à la prison de Drapchi où il est mort le 17 mai 1995 à cause de la torture et de la négligence médicale.

36. Dorjee Damdul

Né en 1933 à Lhassa, il a été arrêté par le Bureau de la sécurité publique en 1992 pour distribution de tracts politiques après que sa maison ait été fouillée. Il a été interrogé et battu et il est tombé malade. Il a été relâché et est mort en 1995 à cause de ses problèmes physiques antérieurs.

37. Sonam Tashi

Né en 1939 à Lhassa, il a travaillé comme menuisier. Il a participé à une manifestation le 5 mai 1993 et a été arrêté le même jour. Sonam a été sévèrement battu pendant son interrogatoire. Il a été relâché un an plus tard, mais il est mort chez lui au début de 1995.

1996

38. Dorjee Kanghsiri

Dorjee était originaire du Tse-gor thang, à 124 km au sud-ouest du comté de Chabcha, Amdo (en chinois : Qinghai). Il est mort en juillet ou août 1996, à l’âge de 66 ans, après avoir été sévèrement battu par les membres de la Police armée du peuple et du Bureau de la sécurité publique. Les autorités ont visité son village, fouillé toutes les maisons et ont donné des amendes si des photos du Dalaï Lama étaient trouvées. Dorjee, qui était incapable de payer la lourde amende de 8.000 yuan (USD 750) a été sommé de le faire ou la moitié de ses terres serait confisquée. Quand Dorjee s'est révolté contre les autorités, il a été battu et a dû être hospitalisé. Vingt jours plus tard, il est mort.

39. Jamyang Thinley

Un moine de 25 ans du monastère de Chamdo. Il a été arrêté en mai 1996 avec d’autres moines du même monastère. Il a été relâché le 13 septembre 1996 et est mort cinq jours après avoir été torturé sévèrement en prison.

40. Kalsang Thutop (ou Jampel Khedrup)

Un moine de 49 ans du monastère de Drepung, de Sangda dans le comté de Toelung (Lhassa). Kalsang Thutop a été arrêté le 22 avril 1989 pour sa participation aux manifestations à Lhassa en 1989 et il a été condamné publiquement, le 30 novembre 1989, à 18 ans d’emprisonnement. Il était l’un des quatre leaders d’un groupe secret pro-démocratique du monastère de Drepung ayant traduit la Déclaration universelle des droits de l’homme en tibétain et ayant édité un livre intitulé “La précieuse constitution démocratique du Tibet". Le matin du 5 juillet 1996, dans la prison de Drapchi, il a été emmené afin d’être interrogé. Quand il est revenu deux heures plus tard, il était incapable de parler, car il avait été violemment battu. Il a été emmené d’urgence à l’hôpital où il est mort quelques heures plus tard. Certains ont dit que Kalsang était malade, mais que sa mort était soudaine et inattendue. Ses amis ont rapporté qu’il avait été torturé brutalement.

41. Phurbu Tsering (Phurtse)

Né en 1960, résidant à Banak Shol, ville de Lhassa. Il a travaillé dans une imprimerie d’écritures religieuses près du monastère de Sera. Phurbu a été arrêté pour sa participation à une manifestation pour l'indépendance le 5 mars 1989. Il a été détenu dans les locaux du Bureau de la sécurité publique près du temple central de Lhassa (Tsuglakhang ou Jokhang) et a été frappé à la tête avec une barre de métal. Il en a gardé des sérieuses séquelles cérébrales. Il a été hospitalisé pendant quatre mois et opéré, avant d’être ramené à la maison. Un côté du corps de Phurbu a été partiellement paralysé. Il est sorti de l’hôpital en octobre 1989, mais il ne s'est jamais remis. Phurtse est mort le 7 février 1996.

42. Sangye Tenphel (nom laïc : Gonpo Dorjee)

Originaire du village d’Uma et moine du monastère de Khangmar à Damshung, près de Lhassa. Sangye a été arrêté à 19 ans, le 10 avril 1995, parce qu'il il parlait de l’indépendance du Tibet dans ses chansons et dans ses affiches. Il a été détenu pendant quatre mois au centre de détention de Gutsa, puis transféré à la prison de Drapchi. Il est mort en détention le 6 mai 1996, battu et torturé.

43. Thinley Chodak

Un moine de 19 ans de Karze dans la province du Sichuan, il était aussi connu sous le nom de Karze Tulku. Thinley a été arrêté en 1994 et condamné à trois ans d’emprisonnement. Il est mort torturé à la prison de Drapchi en 1996.

1997

44. Pasang

Né en 1973, Pasang était un moine du monastère de Dechen Sangnak à Denchen, Taktse, près de Lhassa. Il a été arrêté après avoir manifesté seul au Barkhor à Lhassa le 8 décembre 1994. Il a été arrêté et condamné à une peine de cinq ans. Dans la prison de Drapchi, il avait besoin d' un traitement médical après avoir été battu. Il a été envoyé à l’hôpital chaque jour mais sa santé s'est détériorée et il est mort le 17 décembre 1997 vers 17 heures 30 à l’hôpital de santé publique de Chide dans la dite Région autonome du Tibet.

45. Rinzin

Le 11 ou le 12 février 1997, cet ancien prisonnier politique âgé de 61 ans est mort chez lui d'une cause inconnue, un mois après sa libération de prison. Rinzin, de Mugrum Trehte, dans le comté de Lhabrang (région de Ngari) a été arrêté en août ou septembre 1996 pour avoir été en possession d'une photo du Dalaï Lama et avoir répondu aux officiers chinois : “Si nous ne pouvons voir la personne en vrai, qu’y a-t-il de mal à avoir sa photo ?”. Les Chinois ont répondu qu’il était “mauvais pour le pays”. A sa libération, il pouvait à peine parler et était toujours alité. Il souffrait de malnutrition et avait attrapé la tuberculose en prison.

46. Tenchok Tenphel (Nang Pa Shar)

Un moine de 27 ans du monastère de Sakya Truphai Lakhang, près de Shigatse. Tenchok a été arrêté le 1er septembre 1997, parce qu'il avait écrit une rédaction louant le Dalaï Lama, refusant ainsi d’obéir à “l’équipe de travail”. Après avoir été emmené au centre de détention de Sakya, il a été interrogé, menacé et torturé, mais il a continué à refuser de dénoncer le Dalaï Lama. En septembre 1997, après 15 jours de détention, il s'est suicidé en se pendant avec sa ceinture. L’équipe de travail a annoncé que Tchenchok s'était suicidé parce qu'il aurait volé le monastère où il était concierge. Son corps a été brûlé le 17 septembre avant que sa famille ne puisse le voir.

47. Jampel Thinley

Au printemps 1997, Jampel Thinley, 28 ans, un moine du monastère de Chamdo, a été arrêté parce qu’il collait des affiches “contre-révolutionnaires” sur les murs d’un monastère. On a rapporté qu’il a été torturé pendant sa détention, il a été emmené à l’hôpital populaire de Chamdo et est mort quelques heures après. Ses amis proches l’ont entendu murmurer qu’on ne lui avait donné ni eau ni nourriture pendant les neuf jours et nuits qu’il avait été battu et torturé.

1998

48. Ngawang Dekyi

Une nonne de 25 ans du couvent de Poto à Phenpo Lundu. Elle a été détenue à Gutsa après avoir participé à une manifestation à Lhassa. Elle a été condamnée à six ans de camp de “réforme par le travail”. Le 5 janvier 1998, elle a été hospitalisée quasi mourante. Elle est morte 16 jours plus tard. On a rapporté qu’elle a été battue à mort par les gardiens de prison.

49. Yeshi Samten (nom laïc : Tenzin Yeshi)

Un moine de 22 ans du monastère de Gaden. Il est mort une semaine après sa libération de la prison de Trisam le 12 mai 1998. Yeshi Samten, connu également sous le nom de Tenzin Yeshi, a enduré des tortures extrêmes pendant les deux ans de son emprisonnement. A sa crémation, la personne exécutant les rites funéraires a découvert que deux de ses côtes étaient cassées. Yeshi a été arrêté le 6 mai 1996 pendant l'action de protestation de Gaden contre les sessions de “rééducation” chinoises. Il a été relâché le 6 mai 1998 après la fin de sa peine. Yeshi venait de Tsangtok, dans le comté de Taktse, de la municipalité de Lhassa.

50. Karma Dawa (Kadar)

Accusé d’avoir commencé une manifestation le 1er mai 1998 afin de protester contre l’intention des autorités chinoises de faire participer les prisonniers à une cérémonie célébrant la Journée internationale du travail. La cérémonie devait être filmée afin de donner une image positive de Drapchi à la délégation d’ambassadeurs de l’Union européenne visitant le Tibet. Karma était un prisonnier non-politique ayant une peine de 13 ans. Certains témoignages disent qu’il a été exécuté deux semaines après la manifestation. Il se peut cependant qu’il ait été tué par balle pendant les évènements.

51. Lobsang Gelek (peut-être de nom laïc : Tenzin Choephel)

Un moine qui a été tué par balle le 1er mai 1988 après avoir participé à la manifestation menée par Karma Dawa. Il avait 24 ans et venait du comté de Damshung de la municipalité de Lhassa. Des officiels de la prison ont annoncé à son père qu’il s'était suicidé.

52. Tashi Lhamo

L’une des six nonnes mortes le 7 juin 1998 après avoir manifesté le 4 mai à la prison de Drapchi. Cette seconde manifestation avait eu lieu pendant la célébration de la “Journée des jeunes”. Tashi avait eu une peine de six ans qui allait se terminer. Elle, Dekyi Yangzom et Khedron Yonten venaient toutes les trois de la région de Nyemo, à 150 km à l'ouest de Lhassa. Les autorités auraient déclaré qu'elles s’étaient soi-disant suicidées en mettant leurs châles dans leurs bouches.

53. Ngawang Choekyi (Choekyi Genpa)

Est morte également le 7 juin 1988. Ngawang avait eu une peine de cinq ans pour avoir manifesté au Barkhor en juin 1994. Elle avait 26 ans et était nonne du comté de Phenpo Lhundrup. Les gardiens de prison ont déclaré aux parents qu'elle s'était suicidée en se pendant.

54. Choekyi Wangmo

Une autre nonne décédée le 7 juin 1998. Choekyi avait 21 ans et était du couvent de Sharbumba dans le comté de Phenpo Lhundrup. En 1994, elle avait également participé à une manifestation au Barkhor, à Lhassa. Les autorités ont rapporté qu’elle s’était pendue.

55. Dekyi Yangzom

Une nonne de 21 ans du couvent de Nyemo Dowa Choeten. En 1994, elle a été arrêtée pour avoir participé à une manifestation à Lhassa. Elle est également décédée le 7 juin 1998.

56. Khedron Yonten

Née à Nyemo Pelshang, dans le comté de Nyemo, de la municipalité de Lhassa. Plus tard, Khedron est rentrée dans un couvent Jiwa à Nyemo et a participé à une manifestation. Elle a été arrêtée en 1994. Elle est la cinquième nonne morte le 7 juin 1998. La cause du décès était soi-disant la suffocation (voir Tashi Lhamo).

57. Lobsang Wangmo

Née à Phenpo, elle est devenue nonne au couvent de Dode-Nga dans le comté de Phenpo-Lhundrup. En 1994, elle a été condamnée à cinq ans de prison pour avoir manifesté à Lhassa. Un rapport non confirmé du Tibet Information Network affirme que Lobsang serait également morte à la prison de Drapchi suite aux passages à tabac qui ont eu lieu après les deux manifestations.

58. Khedrup

Un moine de 26 ans originaire de Meldro Gongkar, de la municipalité de Lhassa. Il a été arrêté en 1994 et on a rapporté qu’il avait été battu à mort. Un rapport non confirmé du Tibet Information Network mentionne que Khedrub a été mis en isolement à Outridu après l’incident du 4 mai. Les détails de sa mort ne sont pas connus, mais ses proches ont été forcés de déclarer qu’il s'était suicidé, malgré le fait qu’ils n'aient jamais vu son corps.

59. Ngawang Tenkyong (Lobsang Wangchuk)

Un moine de 28 ans, également de Meldro Gongkar. On a rapporté qu’il était mort après avoir été sévèrement battu en mai 1998. Il avait eu une peine de dix ans pour avoir participé à une manifestation pour l’indépendance en mai 1996.

60. Ngawang Tenzin

Un rapport non confirmé du Tibet Information Network mentionne que Ngawang est mort le 7 juin 1998. Né dans le comté de Phenpo-Lhundrup, il est devenu moine au monastère de Phenpo-Taklung, au nord de Lhassa. Le 22 février 1995, il a été arrêté par la police armée pendant une manifestation.


[1] Cutting off the Serpent's Head, Tighening Control in Tibet, 1994-1995; Tibet Information Network; Human Rights Watch/Asia, p. 9.

[2] Tibetan Bulletin, novembre-décembre 1997, "Battered, but not beaten", p. 12.

[3] Human Rights in Tibet, Asia Watch, février 1988, p. 58.

[4] Ibid.

[5] Amnesty International Report, 1988, p. 155.

[6] Circle of Protests : Political Ritual in the Tibetan Uprising, Ronald D. Schwartz, p. 80.

[7] Amnesty International Report, 1989, p. 169.

[8] Ibid.

[9] Tibet Information Network, The Human Rights Situation in Tibet - An Overview, 27.5.90.

[10] TIN News Update, 17.11.89.

[11] Cutting off the Serpent's Head, Tighening Control in Tibet, 1994-1995; Tibet Information Network; Human Rights Watch/Asia, p. 9.

[12] TIN News Update, 21.10.98.

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